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one shot Yuri!!! on ice incomplet


« Vitya ! »

Il se retourna, et fit face à un petit enfant, à peine âgé de cinq années. Un sourire brillant s’étirait sur ses lèvres, et le plus âgé ne put qu’adopter le même sourire. Il ouvrit ses bras, une invitation silencieuse pour son cadet. Ce dernier ne se fit pas prier et se rua dans ses bras, le renversant malgré son léger poids. Les deux rirent, sous l’œil tendre d’un vieil homme. Les enfants se relevèrent, et tous deux firent face à leur aîné.

« Bonjour à vous, Yuri. Ainsi qu’à vous, Grand-Duc Nikolai Plisetsky. »

Le jeune garçon s’inclina humblement, et Nikolai ne put qu’esquisser un sourire. Si jeune et déjà si poli, tout l’inverse de son père. Lorsqu’il se redressa, au bout de quelques secondes, le vieillard fit de même.

« Je suis heureux de vous revoir, votre Altesse. J’eusse espérer que votre éducation se passe bien. Nous serions honorer de vous recevoir en tant que page. Mais son Altesse le Tsar est déjà mis au goût du jour, je n’en doute point. Si son Altesse désire passer son enfance à Moscou, Moscou l’accueillera à bras ouverts.

- Je vous remercie, mon oncle. Ce serait pour moi un immense honneur et un privilège que de parfaire mon éducation par vos soins. Et je suis persuadé que père ne saura refuser. »

Et avec un sourire timide, le jeune Grand-Prince quitta son oncle et son jeune cousin aux mains des domestiques, qui déjà les déshabillaient.

Les couloirs lui paraissaient incroyablement longs et moroses, sans l’animation quotidienne qui rythmait la vie au palais. Tous les domestiques étaient attelés à faire briller la salle de bal, pour le bal de ce soir, qui célébrerait les douze ans du jeune garçon. C’était un certain 7 novembre 1917.

N’ayant nullement l’envie de retourner directement à ses appartements et à avoir à supporter son maître, il préféra déambuler dans les couloirs, susurrant une berceuse, que sa grand-mère lui avait apprise.

Finalement, la solitude le fit chanter juste un peu plus fort, et valser avec grâce dans les reflets dorés que le soleil lui présentait. Ses pas étaient légers sur le tapis en soie et sa voix était douce contre les murs. Cette agréable sensation de chaleur et de liberté le fit presque oublier sa condition, le replongeant dans une enfance libre, plutôt que l’enfance qu’il avait passé dans sa grande prison dorée. Parfois il s’imaginait danser dans les prés ensoleillés de la France provinciale, mais cette fois-ci, il était sur une plage chaude comme on les décrivait dans les livres. Il pouvait presque sentir le sel de la mer et le soleil lui brûler la peau. La Russie était soudainement très triste.

Ses arabesques furent brutalement interrompues, lorsqu’il sentit son corps se heurter à quelque chose. Ne faisant alors point face à ce qu’il venait de percuter, il se retourna et se trouva bien embarrassé lorsqu’il s’aperçut qu’il s’agissait d’un autre garçon. Il lui tendit précipitamment sa main, balbutiant des excuses sincères. Le jeune garçon par terre n’osa relever les yeux, et ne daigna prendre sa main pour se relever.

« Excusez-moi, votre Altesse, j’aurais dû regarder où j’allais. »

Avec une courbette de politesse, et après avoir replacé ses lunettes sur son nez, l’autre garçon continua son chemin dans le sens inverse à vive allure.

Quel drôle d’accent il avait ! se dit le jeune aristocrate avec une certaine excitation. Il est très exotique. C’est un son doux à mes oreilles. Peut-être pourrais-je avoir l’occasion de m’entretenir avec lui, si père m’en donne l’autorisation. Il a l’air tout à fait charmant.

Après sa rencontre opportune avec cet exotique étranger, le jeune héritier s’était enfin décidé à regagner ses appartements. Mais son pas était décidément lent. Il regardait ses pieds, avec lesquels il faisait de grandes enjambées, reliant les fleurs du tapis ensemble.

« Eh bien, qu’avons-nous donc là ! » rit une voix chaude, pleine de malice.

Le jeune Grand-Prince se retourna, pour tomber sur un charmant visage aux traits durs, encadré par de jolies boucles rousses. Derrière la jeune fille se tenait une courtisane, qui riait doucement derrière sa main. Elle avait la peau plus hâlée que sa supérieure, avec de longs cheveux de jais, qui faisaient ressortir adorablement ses yeux qui paraissaient presque violets dans la lumière divine qui encadrait le trio. Le jeune garçon lui donna un sourire chaud et franc, et la plus grande lui ébouriffa les cheveux, une dernière fois avant que le jeune ne devienne totalement inaccessible.

« Bien le bonjour, ma chère sœur. Et à vous aussi Sara. Vous vous promeniez ?

- C’est exact, votre Altesse. Dame Mila a tenu à… se dégourdir les jambes avant le grand soir.

- En fait, je te cherchais, révéla sa sœur. Je tenais à te dire au revoir en toute intimité.

- Les couloirs ne sont pas exactement les plus intimes des endroits, se moqua le plus jeune. »

La jeune courtisane cacha à nouveau son rire derrière une main gantée, avant de regarder avec douceur sa dame. Ce n’était un secret pour personne au palais que ces deux demoiselles entretenaient une affaire, mais comme un secret, personne n’osait aborder le sujet. Mila n’avait point tenté de dissimuler le moins du monde cette relation. Elle parlait de cela comme une coutume qui venait de Paris, qui certes, n’était jamais contée dans les livres d’histoire, mais qui existait belle et bien. Mais un tel prétexte aurait été inutile : tout le monde craignait l’empereur de toutes les Russies, comme l’empereur aimait ses enfants à la folie.

Sara était une douce personne, aimante et attentive, pour canaliser sa grande sœur, certes chaleureuse, mais peut-être un brin trop aventureuse pour une personne de son rang. Lorsque Mila était avec son amante, le plus éclatant des sourires ne quittait jamais son visage et la plus chaude flamme embrassait ses yeux bleus. Le jeune garçon n’osait rêver meilleur bonheur pour sa sœur.

Sa sœur lui caressa les cheveux, avant de lui offrir son bras. Avec un petit rire, le plus jeune le prit, alors que Sara s’agrippait à l’autre. Le petit trio se dirigea alors vers les appartements royaux, discutant avec fièvre de sujets légers. C’était probablement un des derniers petits moments intimes que la jeune femme pourrait passer avec son frère cadet. Il partira probablement comme page chez leur oncle, tandis qu’elle serait marier à quelque grand noble russe. La fête allait être triste et tragique ce soir.

Les étoiles auraient pu pâlir de jalousie devant l’éclat des lumières cette nuit-là. Les carrosses se pressaient dans les rues pavées, les rues s’enflammaient de hennissements, venant couvrir le bruit du petit peuple, qui encore travaillait. Surplombant Saint-Pétersbourg, le palais royal apparaissait comme un berceau divin à tous. Quel décor exquis, dans cette nuit superbe.

À l’intérieur du palais, les domestiques se mouvaient frénétiquement dans les couloirs qui séparaient la cuisine et la salle de balle. Les nobles parlaient avec légèreté de sujets graves. Le Grand-Prince attendait avec nervosité derrière un grand rideau rouge.

« Comment te portes-tu, mon fils ? lui demanda une voix vibrante, d’un ton rieur.

- Je pourrais aller mieux, votre Altesse.

- Vitya, oublie un instant ces formalités et vient enlacer ton vieux père une dernière fois avant ton départ chez ton oncle.

- Cela veut-il dire que je vais vraiment chez mon oncle Nikolai ? s’extasia le petit.

- Absolument mon doux. »

Oubliant momentanément coutumes et usages, le garçonnet gloussa sous l’excitation et enlaça avec passion son père, qui répondit par un rire tendre, en passant une main sur le visage du petit garçon. Derrière eux, la salle devint muette, alors qu’un domestique annonçait son père. Avec un léger baiser sur son front, son père le quitta, pour aller rejoindre sa sœur aînée et sa mère sur son trône. Il prit une longue inspiration, avant de se tourner vers le rideau qui le séparait de toute la haute noblesse, comme de la petite. C’était sa nuit décisive.

« Et maintenant, mesdames et messieurs, veuillez accueillir son Altesse le Grand-Prince de toutes les Russies, fils de notre empereur, Viktor Aleksandrovitch Nikiforov ! »