Taissa, alias Tess, Williams était souvent seule, plongée dans ses livres. Elle adorait lire et dévorait tout ce qu'elle trouvait. Que ce soit du roman d'aventure à la nouvelle fantastique. Taissa avait peu d'amis et sortait rarement. Elle avait quinze ans, de longs cheveux blonds et des yeux gris pétillants. Elle rêvait de milles et une vies à chaque fois qu'elle dormait et adorait inventer des histoires. Ses parents, Karen et Martin, n'arrivaient plus à suivre leur fille. Elle n'était pas comme les autres a leurs yeux. Ses murs étaient remplis de dessins et d'affiches de sagas, elle ne faisait pas attention à son apparence, vivait en ermite et ne faisait rien pour changer ça. Tout les adultes qu'elle rencontrait trouvaient qu'elle était en marge, que c'était encore une enfant.
Sa grande passion c'était les mots. Tout les mots. Longs, courts, faciles, difficiles, farfelus, inconnus, étranges et même vieux. Elle n'hésitait pas à sortir l'un de ses mots favoris quand elle le pouvait ce qui avait tendance à énerver les autres. Son meilleur ami était son chien, Lunard. Un petit cocker noir avec qui elle passait le plus clair de son temps.
Ce jour là, il neigeait. La blonde était emmitouflée dans son duvet et visionnait un énième épisode d'une des nombreuses séries qu'elle regardait, collée contre son chien. Elle avait apprit à ne plus écouter les cris de sa mère lui disant de venir à table ou de ranger sa chambre. Taissa était comme ça. Elle écoutait ce qu'elle voulait et faisait abstraction du reste. Elle était tête-en-l'air et oubliait souvent, trop souvent, ses affaires ou ses devoirs. Au moment crucial de l'épisode, sa mère entra en hurlant dans sa chambre.
- Tess ! Ce n'est plus possible ! Ça fait un quart d'heure que je t'appelle pour manger ! Dépêche toi ! Et habille toi mieux, nous avons invités des amis à ton père ! déclara-t-elle sur son ton dur. Ses yeux bleus lançaient des éclairs et elle semblait attendre un quelconque geste de la part de sa fille.
- J'arrive. dit simplement Taissa en ne lui adressant même pas un regard. Karen partit en râlant et la blonde se leva mollement de son lit. Elle mît un jeans et passa un sweat-shirt sur son débardeur. Elle fit une queue-de-cheval haute avec ses cheveux blonds et descendit au salon accompagnée de son chien. Quand elle arriva, cinq regards se tournèrent vers elle. Mis à part ceux de ses parent, il y avait là une femme assez grande, brune avec un nez en trompette et des yeux globuleux.
À côté d'elle, un petit homme gras trempait ses doigts tout aussi gras dans la soucoupe de sauce avec une chips. Et, assis sur le bout du canapé, un garçon d'environ son âge, assez grand, des cheveux noirs en bataille et des yeux sombres lui lançait un regard las.
- Tess, voici Mr et Mrs Newton et leur fils, Bastian. Mr Newton travaille avec ton père, annonça Karen à la jeune fille qui se laissa tomber sur le pouf, dernier endroit possible pour s'asseoir, Lunard sur les genoux.
- Enchantée. déclara Taissa avec un sourire faux. Elle ne rêvait que d'une seule chose: finir son épisode.
- Bon, passons à table ! s'exclama la la mère de la blonde, visiblement ravie de la bonne figure de sa fille. Ils passèrent à la salle à manger où son père disposait les plats de viandes sur la table.
- Et alors, que faites-vous dans la vie, Mrs Newton ? demanda gentiment Karen à son invitée pendant que les hommes parlaient du travail et du football.
- Enfaite, je ne travaille plus. Avant je travaillais comme animatrice radio mais mon temps est passé ! répondit-elle d'une voix suraigüe qui donna mal à la tête de Tess. Alors que cette dernière s'amusait à découper son steak en morceaux, une voix rauque parvint à ses oreilles.
- Tu as l'air de t'éclater autant que moi...
- Tu t'éclate vraiment toi ? demanda-t-elle en faisant glisser un morceau de courgette sous la table.
- C'était une façon de parler.
- Un euphémisme quoi !
- Ouais, on peut dire ça comme ça... Et sinon, c'est quoi ton délire dans la vie ? interrogea-t-il en fixant son regard sur la nuque de la blonde.
- Mon délire ? Rien de très passionnant et toi ? dit-elle en évitant soigneusement le regard perçant du noiraud.
- J'aime bien le skate et la musique, répondit-il sans détacher son regard de la blonde.
- Tu joues d'un instrument ?
- Pas que d'un... soupira-t-il. Guitare sèche, guitare électrique, piano, batterie et basse... énuméra-t-il.
- Tout ça ? s'étonna Tess.
- Bon, c'est quoi ton "rien de très passionnant" ?
- Ça ne t'intéresserait pas...
- Les enfants, vous n'avez qu'à aller vous amusez dans la chambre de Tess ! s'exclama Martin Williams d'un ton qui sous-entendait un ordre. La blonde soupira. Elle détestait que son père la prenne pour une gamine même si elle ne faisait rien pour lui prouver le contraire. Elle se leva mollement et elle fut suivie du garçon et de son chien. Elle les conduisit dans sa chambre.
- Alors c'est ça ? dit-il, visiblement impressionné par le nombre de livres s'étalants sur les étagères et de tout les dessins affichés sur les murs.
- Tu vois ? Ce n'est pas passionnant... soupira-t-elle. Il ne répondit pas. Son regard se baladait sur les murs et toute la pièce, se perdant parfois sur le visage baissé de la blonde. Elle regardait ses pieds. Elle n'avait jamais montré son "sanctuaire" à un inconnu.
- C'est... commença-t-il.
- Barbant ?
- Non, merveilleux ! souffla-t-il en la regardant de ses grands yeux sombres qui se révélaient être d'un bleu nuit passionnant.
- Ouais c'est ça, moque toi ! la blonde s'emporta et se laissa tomber sur un gros pouf violet.
Le noiraud soupira et un sourire s'étala sur ses lèvres.
- Je vois... Tu es une de ces filles qui restent en marge et qui sont persuadés qu'elle n'intéresseront jamais personne.
- Tu... Je... C'est faux ! s'empressa de répondre Tess en se levant. Sort de ma chambre !
Le noiraud leva ses mains en l'air et recula vers la porte mais il se prit les pieds dans la corbeille à papiers. Il tomba en arrière dans un bruit sourd. Tess regarda le noiraud se relever sans peine et ouvrir la porte mais il s'arrêta dans l'encadrement. Il passa négligemment sa main dans ses cheveux et sourit à la blonde.
- T'es pas une fille comme les autres... On se reverra sûrement ! Au revoir, la blonde ! dit-il en sortant de la pièce. Tess se rassît sur son pouf, attira son chien, attrapa son ordi et regarda sa série.
- Quelle arrogance ! J'ai cru qu'il était gentil mais c'est un idiot ! pensa-t-elle tout haut.
- Tessy chérie, réveille toi ! dit Karen en secouant doucement sa fille.
- Hm, deux minutes ! gémit cette dernière en se retournant sur le ventre.
- Tu va être en retard ! Lève toi !
Tess gémit à contre cœur et se leva mollement. Elle enfila une robe noire par dessus laquelle elle mît un cardigan couleur crème et une veste chaude. Elle enfila une paire de bottines brunes et fourra ses affaires dans son sac.
- Enfin ! s'exclama Karen en voyant la blonde descendre des escaliers. Tu ne veux donc pas faire quelque chose avec tes cheveux ? Une queue-de-cheval ou un chignon ?
- Bonne idée... grogna la blonde en rassemblant ses cheveux en un chignon décoiffé.
- Chérie, tu ne voudrais pas faire plus attention à ton apparence ?
- Non... soupira la blonde en mangeant rapidement ses toasts.
C'était la fin du week-end et elle voyait les jeunes retrouver leurs amis. Mais elle, elle n'avait pas d'amis. Elle mît donc ses écouteurs et écouta de la musique en observant les autres, comme à son habitude.
Le dernier cours de la matinée était le cours de littérature qui était le cours favori de la blonde. Étant donné qu'elle était sûrement la seule qui devait savoir convenablement lire. Mais ce jour là, Taissa fut surprise de voir le mystérieux invité de la veille, assis au premier rang. Une paire de lunettes étaient perchées sur son nez et il semblait lire un livre.
- Bonjour les enfants ! lança le professeur Black, un homme assez petit, avec des cheveux noirs et un front dégarnis. Il avait toujours l'air heureux. Ah, je vois que nous avons là un nouvel élève ! Levez-vous et venez vous présentez
Bastian ôta ses lunettes et alla se placer à côté du professeur.
- Je m'appelle Bastian Newton, j'ai dix-sept ans et je viens du Michigan.
- Et que faisiez-vous au Michigan Bastian ?
- Rien de spécial...
- Et pourquoi êtes-vous venu ici ?
- Le travail de mon père.
- Bien, allez vous asseoir à côté de... Christie ? Y'a-t-il quelqu'un à côté de vous habituellement ?
- Oui monsieur, Déborah.
- Et bien allez à côté de Taissa Williams.
- Qui ça ?
- Moi... soupira la blonde.
Un sourire narquois naquit sur le visage du noiraud qui alla s'asseoir à côté de la blonde.
- Bon, aujourd'hui nous allons parler de la manière d'écrire de Shakespeare ! s'exclama le professeur Black.
- Comme on se retrouve ! murmura Bastian à l'oreille de Tess.
- Oui, je suis tellement enchantée ! répondit-elle en levant les yeux au ciel. Sérieusement, toi, tu fais de la littérature ?
- Bien sur ! Et en plus, je crois sincèrement qu'il n'y a que nous deux qui sachons lire !
- Pas faux...
Ils rirent silencieusement puis se concentrèrent sur le cours. A la fin, alors que Tess sortait de la classe, Bastian la rattrapa.
- Hey ! Tu manges avec des amis à midi ? questionna-t-il.
- Non, mais je ne te conseille pas de traîner avec moi si tu veux te faire des amis...
- Qui a besoin d'amis quand on a une fille intelligente et belle à ses côtés ? répliqua le noiraud en se mettant face à la blonde. Cette dernière rougit et baissa la tête.
- Rien à redire ? Alors allons manger ! déclara Bastian d'un ton enjoué.
A la cafétéria, ça ne manqua pas et la bande des gens populaires remarquèrent le noiraud. Tout en particulier, leur meneuse, Summer. Elle était grande, elle était blonde, elle avait des formes, elle était stupide et elle avait tout les garçons à ses pieds. Et quels garçons ! Les sportifs, les nerds, les bizarres et tout les autres.
Summer s'approcha de sa démarche de chasseuse.
- Hello, je m'appelle Summer. Tu es vraiment beau, tu pourrais faire partie de notre groupe !
- Parce que tout ce qui compte c'est le physique ?
- Non bien sur ! D'ailleurs je me disais que tu avais l'air assez intelligent pour t'entourer des bonnes personnes... elle ponctua ses paroles d'un clin d'œil aguicheur.
- Oh oui, bien sur. Tu es du genre à rejeter la faute sur les autres...
Tess les regardait en ayant l'impression de voir une partie d'échecs. L'un des deux bluffait et ce devait être Bastian vu que Summer ne devait pas être assez intelligente pour comprendre le mot bluff.
- Je... Je ne comprend pas...
- Tu dis que les gens intelligents savent s'entourer des bonnes personnes. Tu rejettes irrémédiablement la faute sur tes amis. C'est bête tout ça... Et pour répondre à la question que tu te poses, non. Je ne veux pas être ton petit ami super populaire. J'ai bien assez donné dans le genre blonde stupide et reine du bahut.
Summer le regarda, bouche bée. Elle paraissait affligée mais elle ne devait pas savoir mettre de mot sur son état. Elle remit sa parfaite chevelure en place et partit en faisant claquer ses hauts-talons. Bastian tourna la tête en direction de Taissa qui le regardait, un sourire sur les lèvres.
- Quoi ?
- Tu viens de te mettre tout le lycée à dos...
- Et alors ?
- Summer est la reine du lycée. Demain, tu va te retrouver accrocher au panier de basket par le caleçon !
- Si c'est toi qui vient me délivrer...
- Écoute, dit doucement la blonde, tu devrais pas traîner avec moi. Je suis nuisible. Personne ne m'aime ici, ça ne me dérange pas tant que ça ne faut pas qu'ils soient méchants avec toi ou quelqu'un d'autre...
- Allez blondie, me dit pas que t'as peur de ces filles ? Elles ont tellement peur de se casser un ongle qu'elles oseraient même pas te tirer les cheveux...
- Ce n'est pas ça ce dont j'ai peur... Elles sont fourbes. Méfie toi...
Sur ces dernières paroles, elle ramassa ses affaires, les fourra dans son sac et partit, laissant le noiraud.
Taissa rentra plus tôt ce jour là.
Elle avait dit à ses parents que son cours avait été annulé mais elle avait simplement fuit Bastian. Elle s'était enfermée dans sa chambre et avait lu toute la soirée.
Le lendemain matin, elle se réveilla en avance. Elle prit une douche, regroupa des cheveux en chignon mal fait, passa une jupe noire, des collants, un débardeur bordeaux, un cardigan et sa paire de bottines. Elle ajouta une écharpe et son manteau, il faisait meilleur temps pour une journée de décembre. Elle attrapa son sac, y fourra ses affaires et sortit de la maison sans prendre la peine de déjeuner.
Évidemment, elle eut beaucoup d'avance alors elle prit l'un de ses livres et s'assit dans un coin reculé de la cour. Le coin des drogués, drogués qui n'embêtaient jamais la blonde suite à un accord commun. Pas de caftage, pas d'embrouilles.
Mais elle dut sortir pour le premier et seul cour de sa matinée. Sport. Elle détestait cette matière mais elle se rendit tout de même aux vestiaires, à contre cœur. Elle s'habilla à la hâte d'un training bleu sombre, d'un débardeur noir et elle passa son cardigan. Elle se rendit dans la salle de sport où le gros de sa classe était réuni. Et elle remarqua directement le regard bleu nuit pesant et les cheveux en bataille de Bastian.
- Hey, blondie ! murmura-t-il en se glissant à ses côtés. Il faisait au moins vingts centimètres de plus qu'elle. Elle ne répondit pas et se déplaça de quelques pas pour qu'il ne soit plus derrière elle.
- Bon, aujourd'hui, nous allons faire une course d'orientation ! J'ai déjà créé les groupes ! Alors, Christie et Déborah ensemble, Summer et Parker, Jude et Gladys, Dean et Éric, Taissa et Bastian...
- Mais monsieur ! Il fait froid dehors ! se plaignît l'une des filles de la classe.
- C'est pour cela Gladys que je vous dit de prendre des affaires chaudes en hiver ! Allez, sortez maintenant !
La blonde pesta silencieusement. Elle alla pourtant chercher la carte et le stylo que le professeur leur donnait et elle rejoignit Bastian qui souriait.
- Arrête de sourire...
- Pourquoi ?
- Ça m'énerve... Bon, il faut trouver une... C'est quoi ça ? Ah, une chaussette... Une chaussette ? C'est n'importe quoi !
- Arrête donc de râler, blondie ! Regarde, il faut aller à droite du lycée et tourner...
Ils marchèrent pendant toute la matinée et finirent par trouver le dernier objet. Alors qu'elle se rendait d'un pas lourd aux vestiaires, Bastian la retint.
- Tu veux quoi ? soupira-t-elle en se retournant. Bastian avait un t-shirt gris qui laissait voir ses muscles. Par dessus il avait mît une jaquette qu'il avait laissée ouverte.
Il se gratta l'arrière de la tête avant de parler et passa la main dans ses cheveux.
- Tu... Tu voudrais bien me faire visiter le coin ? Je connais personne d'autre et je me disais... Enfin, ça ferait plaisir à mes parents... Et...
- Non, le coupa-t-elle durement, je ne te montrerais pas la ville. Je t'ai dis de te faire des amis, autre que moi. Je suis pas une bonne personne...
Un rictus se dessina sur les lèvres du noiraud et il planta son regard sombre dans celui de la blonde.
- Écoute, si j'avais voulu faire ami-ami avec un des idiots de ce lycée, je ne serais pas avec toi en ce moment. Tu es intelligente et, faut se l'avouer, assez belle mais surtout que tu es la seule qui n'a pas voulu devenir mon amie parce que je suis beau ou musclé. Les gens d'ici sont superficiels alors que toi non.
- Bon... elle sembla réfléchir. D'accord... Rejoins moi ici, demain à une heure. On a pas cours demain après-midi.
- Compte sur moi, blondie ! il lui lança un grand sourire puis s'éloigna. Taissa le regarda partir puis rentra chez elle, doucement.
Bastian avait fini les cours et attendait la jolie blonde à l'ombre du chêne de la cour. Il la vit arriver de sa démarche de rêveuse. Elle portait une jupe blanche, une chemise rose pâle flottante, des collants noirs et une paire de bottines noires. Elle avait tout de même mît une écharpe et un de ses cardigans les plus chauds. Accompagnée de son éternel sacoche, elle était coiffée d'une tresse tout aussi décoiffée que le reste de ses coiffures habituelles.
- Salut, dit-elle en s'approchant du noiraud qui repassait inlassablement la main dans ses cheveux. Les décoiffant tout autant inlassablement.
- Hey, blondie !
- Arrête de m'appeler blondie, je suis pas la seule blonde de ce lycée.
- Bon, on commence par où ?
Ils passèrent l'après midi à se promener dans la ville. Elle lui montrait les lieux à connaître et lui semblait boire ses paroles. Elle l'avait promené d'un coin à l'autre de la ville mais la pluie s'était mise à tomber à grosses gouttes et s'était transformée en neige épaisse.
- Viens, on a qu'à aller chez moi ! proposa le noiraud. C'est à quelques pâtés de maisons !
Taissa acquiesça et ils se rendirent en courant dans la grande villa des Newton. Quand ils entrèrent, une vieille femme accouru et proposa à la jeune fille une serviette pour se sécher, elle lui tendit aussi une tasse de chocolat chaud fumant.
- Merci, dit-elle avec un grand sourire.
- Vous êtes la nouvelle amie de Bastian ?
- On peut dire ça comme ça...
- Blondie ? Bastian venait de passer la tête dans l'embrasure de la porte. Viens je vais te montrer la maison !
Taissa suivit le noiraud dans la grande maison. Puis il l'emmena dans sa chambre. Comparé au reste de la maison, toute blanche et carrelée, la chambre de Bastian avait des murs en bois sombre et du parquet tout aussi sombre.
Un énorme tableau noir remplit de nombreuses indications était plaqué sur l'un des murs. Sur le mur opposé, il y avait de nombreuses affiches de groupes de rock et de métal. Une basse et une guitare étaient accrochée sur un autre pan de mur. Un matelas posé à même le sol faisait face à une table basse sur laquelle était posée une télé et de nombreuses consoles. Une armoire et un bureau en bois un peu moins sombre que les murs étaient à l'opposé du lit. Et une étagère était accrochée au mur restant, portant le poids d'une dizaine de livres entassés n'importe comment.
- Et bien, c'est... Différent de ce que a quoi je m'attendais... dit la blonde en faisant le tour de la pièce.
- Tu t'attendais a quoi ?
- Je ne sais pas... Un lit à baldaquin, les mêmes murs et sols que le reste de la maison et un piano dans un coin... déclara-t-elle en riant. Qu'est-ce que tu écris sur ce tableau ?
- Mes idées, mes pensées. Rien de très passionnant.
Tess regarda les inscriptions de plus près et elle remarqua son prénom. «Cette fille, Taissa Williams, est fabuleuse. Mais il y a quelque chose de bizarre en elle...» Le regard de la concernée se voila. Elle posa sa tasse à côté d'un livre.
- Regarde, il ne pleut plus... Je vais rentrer ! s'exclama-t-elle en ramassant son sac.
- Attend, je vais te raccompagner !
- Non, ça ira. Ne te donne pas cette peine... dit-elle en souriant, d'un sourire triste, sans joie.
Bastian la regarda, interloqué, mais il lui dit au revoir et la laissa partir.
- Taissa June Williams, ayez le plaisir de venir ici tout de suite ! hurla Karen du bas des escaliers. C'était le soir de Noël et les Williams avaient invités les Newton et de la famille. Évidemment, Taissa ne voulait ni voir ses parents ni voir personne. Elle s'était enfermée à double tour et n'avait pas gardé le chignon parfait que sa mère lui avait fait quelques heures plus tôt.
- Taissa, tu sors maintenant ! elle tambourinait contre la porte à présent. Lunard, qui était sur les genoux de Taissa, trembla puis alla se cacher sous le lit.
- Je te donne dix minutes pour être coiffée et habillée correctement, tu sais ce que je veux dire par correctement, et être avec les invités, en bas, sinon je te confisque ton ordinateur et tes livres !
- J'arrive ! dit précipitamment la blonde en se levant de son lit.
Bien évidemment, elle n'avait rien de classe à se mettre. Elle opta donc pour une robe noire basique, une paire de ballerines et une tresse, décoiffée malgré elle. Elle passa un cardigan par dessus le tout et descendit le plus rapidement possible tout en se fondant dans la masse. Ce qui marcha. Sa mère la remarqua mais pas le reste des invités. Enfin, à part ce garçon assez grand et noiraud qui ne la lâcha pas des yeux. Il se rapprocha d'elle. Bien sûr, il y avait d'autres filles très jolies et d'autres garçons qui paraissaient sympa mais Bastian ne voulait que sa jolie blonde.
Alors qu'il allait lui parler, une brunette lui barra la route et commença à glousser.
- Salut, dit-elle entre deux gloussements, mon amie, elle pointa une noiraude pulpeuse assise un peu plus loin, et moi, on te trouve trop beau !elle gloussa de nouveau et le regarda. Elle avait des yeux bruns qui brillaient. Donc, tu voudrais bien venir discuter avec nous ?
- Je ne suis absolument pas désolé et non. Je ne vais pas venir "discuter" avec vous. Tu peux me laisser maintenant ? la brune parut choquée et s'en alla, sans plus glousser du tout. Bastian remarqua Taissa et Lunard, assis sur l'un des canapés du salon en compagnie d'un garçon. Il semblait être plus vieux mais dans le sens que ses cheveux bruns étaient courts et ternes, il avait des yeux verts qui ne pétillaient pas autant que ceux de Tess et soulignés par des cernes et il portait un costard qui était légèrement trop grand pour lui.
Bastian prit un verre de Champagne et s'assit, comme si de rien n'était, à côté de la blonde.
- Tu veux quoi ? dit-elle en se tournant vers lui.
- Oh, je suis désolé. Je ne voulais pas vous interrompre, ton copain et toi.
- Ce n'est pas mon copain mais mon cousin... Tu es vraiment Stupide ! elle se leva brusquement, entraînant dans son sillage le jeune garçon et le chien.
- Taissa ! le garçon tenta de la rattraper mais un groupe d'invités le bloqua dans sa course
- C'était qui lui ? demanda le brun.
- Un idiot...
- Si il avait été idiot, il n'aurait pas tenté de devenir ton ami...
- Que... Comment tu sais ?
- Ça c'est vu dans tes yeux...
- Isaac ! Bon, on regarde un film ?
- Non, vient. Ils vont sûrement bientôt donner les cadeaux !
- Tu me fatigues... Le brun prit la main de sa cousine et l'emmena à l'étage inférieur. En effet, la plupart des gens s'échangeaient des paquets petits ou gros.
- Ah Taissa, Isaac ! On vous attendaient pour vous offrir vos cadeaux ! s'exclama Karen en prenant deux paquets sur la table basse. Elle les leur tendit. Prenez, allez, ouvrez les ! Taissa prit le sien et ouvrit doucement la boîte. Elle contenait l'appareil photo qu'elle convoitait tant, un polaroïd.
- Oh merci maman ! mais sa mère était déjà repartie la laissant seule. Elle alla donc dans sa chambre, s'assit sur son lit et s'endormit quelques minutes plus tard.
Cette nuit là, Taissa dormit d'un sommeil paisible, sans rêve. Elle ne vit pas le noiraud lui déposer son duvet sur les épaules, et ne sentit pas le baiser qu'il laissa sur son front, pourtant, elle sourit. Bastian ne sut si c'était à cause de lui ou du rêve qu'elle faisait mais il aima penser que c'était pour lui que ce fin sourire se dessinait sur les lèvres de la blonde.
Le lendemain, Tess se réveilla tôt et décida de rester un moment dans sa chambre. Elle vit une pile de cadeaux qu'elle n'avait pas ouverts et qui avaient été apportés dans la nuit. Elle décida de se changer pour aller déjeuner puis d'ouvrir ses cadeaux. Elle mît une chemise en tissu carrelée avec de la dentelle blanche autour du col et aux extrémité des manches, une jupe noire et une paire de chaussures noire. Elle se fit une tresse couronne et passa son collier favoris, celui des reliques de la mort (cf. Harry Potter). Puis elle descendit pour se faire des toasts.
Mais quand elle arriva, plusieurs personnes étaient réunies dans le salon et l'entrée.
- Tess... son père tourna la tête vers elle quand elle descendit de l'escalier. Plusieurs visages de tournèrent vers elle.
- Papa ? Qu'est-ce qui se passe ?
- C'est ta mère... Elle est morte cette nuit.
- Pardon ? Comment ça ? Elle allait très bien !
- Non, pas vraiment. Elle avait des problèmes pulmonaires et cette nuit, elle a "arrêté" de respirer.
- Quoi ? Non... Vous me l'auriez dit ! Ce... Non ! Taissa ne comprenait plus grand chose. Sa mère, sa seule amie, morte ? Non. Ils lui auraient dit qu'elle avait des problèmes.
- Et bien, elle n'avait rien eu depuis ta naissance, on croyait que ça c'était arrangé. répondit son père en s'approchant d'elle. Il allait la prendre dans ses bras mais elle le repoussa violemment. Elle n'avait jamais été proche de son père.
L'enterrement eu lieu deux semaines plus tard. Un mois plus tard, son père avait trouvé une nouvelle femme. Elle s'appelait Marina et était très belle. Elle avait de longs cheveux noirs bouclés et de grands yeux verts. Elle avait aussi deux enfants, Grace, quatorze ans, mi-blonde, mi-brune avec les yeux verts de sa mère et Tom, dix-sept ans, châtain aux yeux verts.
Elle ne pouvait s'empêcher de les détester tout les trois. Ces personnes qui avaient gâchées sa vie en un sens. Elle ne parla plus à personne pendant des semaines.
Le plus tragique fut le jour où Lunard, son chien et meilleur ami, disparu, quelques semaines à peines après la mort de sa mère.
Cours de littérature, quatrième heure du lundi matin, Bastian Newton.
Tout ça se tournait et se retournait dans son esprit alors qu'elle se rendait au ledit cours. Taissa s'était résolue à ne parler à personne, même ceux qui feignaient avoir de la compassion pour elle. Mais voir Bastian, elle ne tiendrait pas le coup. Elle entra dans la classe et vit le noiraud plongé dans un livre, ses lunettes perchées sur son nez, comme d'habitude à chaque début de cours de littérature. Elle s'approcha et s'assit sur une chaise, à sa place habituelle.
- Salut, blondie ! lança Bastian d'un ton enjoué en la regardant. Elle lui sourit tristement et sortit ses affaires. Le reste de la classe arriva avec le professeur Black. Le cours fut monotone. Le professeur parlait et les élèves se taisaient. Certains griffonnaient des mots-clés mais la plupart semblaient dormir sur leurs tables.
- Miss Williams, je vous dérange peut être ? demanda la voix du professeur Black à la blonde qui avait la tête posée sur ses bras et qui semblait somnoler. Néanmoins, elle se releva vite et regarda le professeur Black.
- Les temps au passé simple de l'indicatif présent sont très utiles pour raconter une histoire, tout comme l'imparfait. elle releva ses cheveux en chignon. Tout aussi, on peut utiliser un présent de vérité générale pour affirmer un acte ou un fait scientifique. elle parut satisfaite.
- Euh... Bien... balbutia le professeur. Et bien, pour demain vous me trouverez dix phrases qui utilisent le présent de vérité générale et vous m'écrirez un court récit utilisant le passé simple. il marqua une courte pause pendant que les élèves marquaient cela dans leurs agendas. Sauf vous, miss Williams. Vous nous avez bien assez démontré que vous saviez manier les verbes et leurs temps. Bon, le cours est fini.
Les élèves se hâtèrent de ranger leurs affaires. La plupart des personnes suivant ce cours n'y allaient que parce qu'il leur manquait une heure dans leurs horaires. Surtout que souvent leur lundi après-midi était libre. Taissa prit son sac et sortit dans le couloir.
- Eh, Taissa ! Attend ! mais la blonde continua de traverser le bâtiment, puis la cour à grandes enjambées.
Malheureusement, le jeune homme était plus rapide et lui barra la voie.
- Tu va bien ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles...
- Je sais pour ta mère... A vrai dire, tout le monde le sait. Ça va toi ?
Malgré elle, la blonde lui lança un regard remplis de larmes et partit en courant. La pluie, qui s'était mise à tomber, lui battait le visage et se mêlait aux larmes de rages qui coulaient, à présent, sur ses joues. Elle s'arrêta sous le grand chêne et fouilla dans son sac à la recherche d'un parapluie.
- Je ne te lâcherais pas... murmura une voix derrière elle. Elle sursauta et fit tomber son sac. Puis elle se laissa tomber à côté de lui. Les larmes ravageaient son visage si doux d'habitude. Bastian s'accroupit devant elle, prit son visage dans ses mains et sécha ses larmes du bout des pouces. Il ramassa le sac de la blonde et aida cette dernière à se lever.
- Je vais te raccompagner.
- Non, répondit-elle en séchant ses larmes, pas la peine. Mais le noiraud passa sa veste en cuir sur les épaules de la blonde et laissa son bras par dessus. Ils marchèrent en silence jusqu'à la maison de Taissa. Elle le remercia sur le pas de la porte, lui rendit sa veste et rentra dans la maison, vide à cette heure là. Elle monta dans sa chambre et s'enferma dans son sanctuaire, dans sa chambre. Elle se sentait seule.
Sa mère était partie, son chien aussi, elle n'avait plus personne sauf Bastian. Mais elle ne pouvait se résoudre à l'appeler.
Depuis la mort de sa mère, Taissa dînait seule dans sa chambre mais son père lui avait demandé de dîner avec le reste de la "famille" car il avait une annonce importante à faire.
- Taissa, je veux que tu sois gentille avec Marina, Tom et Grace. C'est clair ? Cesse donc de faire ton enfant ! Tu es grande maintenant ! J'espère qu'on est d'accord. ordonna Martin à sa fille alors qu'ils s'installaient devant un plat de lasagnes.
- On est pas d'accord. s'exclama la blonde en levant son regard sur son père.
- Qu'est-ce que tu dis ?
- On est pas d'accord. Tout les deux on est jamais d'accord sur rien ! Personne est moins d'accord que nous deux !
- Taissa June Williams...
- C'est pas parce que maman est morte que tout d'un coup tu me connais mieux, tu me connais pas !
- Taissa ! Va dans ta chambre !
- Non !
- Taissa ! il était debout à présent et elle aussi.
- J'ai tout perdu à cause de toi ! Je sais que maman ne t'aimais plus ! Je le savais ! Et toi non plus tu ne l'aimais pas ! Mais tu es resté pour moi alors qu'on aurait été beaucoup mieux seules ! son père la regarda avec de grands yeux noirs et semblait sur le point de la frapper. Tom attrapa Taissa et la tira en arrière juste à temps. Elle partit en courant dans sa chambre. Elle mît tout sans dessus dessous et attrapa des affaires dans le tas. Ses livres favoris, son collier préféré, ses cardigans, un jean et un pull over. Elle enfila ses baskettes et redescendit rapidement. Elle passa devant les autres et sortit de la maison en trombe. La pluie ne tombait plus mais il y avait de la brume. Tess savait qu'elle ne saurait pas retrouver où habitait Bastian mais elle connaissait une personne qui lui ouvrirait la porte.
Elle marcha dans le froid épais du mois de février. même si le temps s'était fait plus clément, les nuits étaient fraîches. Taissa sortit de son sac un cardigan qu'elle passa par dessus sa chemise et continua d'avancer à tâtons dans la nuit. Il devait être aux alentours de vingt-deux heures quand la blonde arriva devant la grande bâtisse de pierres rouges. Cette maison était réputée pour son style et des habitants qui sortaient de l'ordinaire.
Les Baker étaient une famille riche et modeste. Il y avait Miranda, la mère. Une femme assez grande et gracieuse, autrefois danseuse étoile, blonde avec deux grands yeux chocolats, qui s'occupait maintenant de ses trois enfants et de son potager. Les trois enfants en questions étaient Jack, Willa et Caleb. Jack était âgé de vingt-et-un ans et avait donc quitté la maison familiale mais Miranda Baker chérissait plus que tout sa chère Willa, une jeune fille âgée de quinze ans avec les yeux couleur chocolat transperçants de sa mère et des cheveux châtains qui partaient dans tout les sens, et son petit Caleb âgé lui aussi de quinze ans, étant le faux jumeau de Willa. Il avait les mêmes yeux que sa sœur et sa mère mais ses cheveux à lui étaient foncés, bouclés et il les ébouriffait sur son crâne. Taissa connaissait Willa après avoir été sa voisine durant onze ans. Bien sur, à l'époque, Taissa était moins renfermée sur elle même et adorait la jeune fille mais après son déménagement à l'autre bout de la ville, elles s'étaient perdues de vue. Miranda adorait la blonde et ne se lassait jamais de ses visites, même si elles étaient rares et espacées.
La blonde s'avança sur les quelques marches qui la séparaient de la grosse porte en chêne massif et toqua trois petits coups. Au bout de deux minutes d'attentes, elle vit la tête de Miranda Baker apparaître dans l'entrebâillement de la porte.
- Oui ? demanda-t-elle d'une voix douce.
- Madame Baker ? C'est... Taissa...
- Oh, Taissa ! Quel plaisir ! Mais que fais-tu à une heure si tardive dans la rue ? elle tira la blonde par la manche et l'entraîna dans la maison.
Elle ferma la porte et la poussa jusqu'au salon vide où la télé diffusait une vieille série.
- Assied-toi donc ma chérie ! Alors, raconte moi ce qu'il se passe !
Taissa n'eut aucune gène de raconter ce qu'il lui arrivait à Miranda. Elle lui raconta la rencontre avec Bastian, la mort de sa mère, la perte de son chien et la dispute avec son père. Quand elle eut fini, elle vit Miranda éponger le coin de son œil avec sa manche.
- Oh, ma chérie ! Je ne savais pas pour ta mère. C'était une femme admirable ! Ça n'aurait pas dû vous arriver ! Et pour ton chien... Je me souvient de ton chien... Il était vraiment adorable ! Attend là ma puce. Je vais aller te faire un chocolat chaud et t'apporter des biscuits faits maison. elle lui adressa un sourire confiant. Willa ! Caleb ! Venez donc voir qui est là !
La blonde tourna la tête en direction de la porte et vit arriver Caleb. Il portait un t-shirt plein de peinture et un training gris, tout autant remplis de peinture. Ses cheveux n'étaient plus aussi plats que dans les souvenirs de la blonde. Ils se dressaient sur sa tête comme si il venait de rouler en moto, sans casque. Une jeune fille arriva dans son sillage. Ses cheveux étaient remontés en chignon et elle arborait un sourire. Elle portait un short de pyjama et une grosse jaquette par dessus un débardeur prune.
- Taissa ? Taissa Williams ? s'écria la brune en sautant sur le canapé à ses côtés ! Mais qu'est-ce qu'elle fait là ? demanda-t-elle à sa mère en faisant comme si la blonde n'était pas là.
- Elle est là par nécessitée !
La brune encercla Taissa dans ses bras et la serra contre elle avec douceur. La blonde lui adressa un sourire timide.
- Tu compte rester ? Ton sac n'est pas beaucoup remplis...
- Caleb ! réprimanda Willa. Et bien, si je m'attendais à te revoir ! Tu va toujours au lycée ?
- Oui... Et toi, toujours en école privée ?
- Quand on est un Baker, pas question de traîner avec tout ces gens qui de croient supérieurs à cause de la marque de leurs vêtements... siffla Caleb.
- Ne l'écoute pas ! s'exclama Willa en jetant un regard noir à son frère. Môssieur à décider qu'il valait mieux éviter le reste du monde. D'ailleurs, est-ce que Mister Baker ne pourrait pas aller répandre son venin ailleurs ? Ta peinture elle pue !
- Ma peinture ne pue pas ! Ton odorat est souillé à force de te parfumer !
- Tu... Tu peins ? hasarda Taissa au milieu de la querelle.
- Pas grand chose. Une toile par ci, par là. répondit l'intéressé sur un ton dégagé.
- Ouais, il dit ça mais dans sa chambre y'a plein de toiles ! Et le pire c'est que devant les autres il est persuadé qu'elles sont belles... Tu devrais venir plus souvent Tay-Tay ! Il cesserait de faire son intéressant...
- Allons donc, les enfants. Laissez notre invitée tranquille. Ces derniers temps la vie n'a pas été facile. Willa, va préparer le matelas gonflable dans ta chambre et toi, dit-elle en pointant Caleb du doigt, va ranger un peu ton atel... Ta chambre !
Les deux jeunes acquiescèrent et montèrent à l'étage.
- Ma chérie, reste autant longtemps que tu veux d'accord ?
- Non, je ne veux pas vous déranger...
- Oh ! s'exclama-t-elle, faussement indignée. Tu es bien la personne que j'aime le plus recevoir ici ! Tu as beaucoup manquée à Willa ! Tu sais que tu es comme ma deuxième fille ! Ce n'est ni l'argent ni la place qui manque ici !
- Oh mais vous savez... Je... Je ne voulait vraiment pas vous déranger. C'est juste que je ne savais pas où aller...
- Et ça me flatte que tu aies pensé à nous !
Taissa baissa la tête. Elle n'osait pas lui avouer qu'elle avait d'abord pensé à Bastian et à Isaac, son cousin. Mais elle ne regretta pas son choix quand quelques minutes plus tard, après avoir mangé un en-cas et revêtu un pyjama de Willa, elle s'était glissée sous un duvet moelleux. Willa dormait déjà quand, à son tour, elle tomba dans les bras de Morphée.
Le lendemain matin, Taissa se réveilla aux alentours de neufs heures. La chambre était vide et pas une seule trace de Willa. La blonde se leva et chercha à tâtons son sac qu'elle trouva au bout de son matelas. Elle avait un message, de Tom.
«Salut, je suis désolé de comment s'est conduit ton père. Il a vraiment été nul sur ce coup là et ma mère aussi, à rien faire. J'espère juste que tu va bien et que tu es pas seule dans les rues par ce temps, Tom»
«Ne t'inquiète pas pour moi. Je vais bien, je suis chez une amie. Tu pourrais me dire quand mon père se sera calmé ?»
«À vrai dire, ton père a disparu. On est sortit te chercher avec Grace et quand on est rentrés, ma mère pleurait au milieu du salon en disant que des mecs en noirs étaient venu et l'avait enlevé... Ma mère est légèrement désemparée. Je voulais pas te le dire par message...»
La blonde sortit en trombe de la chambre à la vue du dernier message reçu. Son père s'était fait enlevé ? Elle n'y croyait pas. Elle rentra à nouveau dans la pièce, mît une paire de collants en laine, une jupe noire, un pull-over et un cardigan. Elle descendit et tomba nez-à-nez avec Caleb.
- Hey, calme toi Taissa ! On court pas dans cette maison !
- Hein ? Euh... Oui, je suis désolée ! elle repartit en trottinant et trouva enfin Miranda.
- Ah, te voilà levée ! Tu veux des toasts ?
- A vrai dire, il faudrait que j'y aille. Il paraît que mon père est... Partit de la maison...
Miranda lui fit un sourire doux, remplis de gentillesse.
- Reviens quand tu veux ma chérie !
Taissa était sortie dans la rue. Elle courait à présent et manqua de tomber plusieurs fois en glissant sur les plaques de gel. Elle arriva enfin chez elle et entra en trombes dans la maison. Tom était penchée sur sa mère qui semblait secouée par les sanglots.
- Tess... sanglota-t-elle en levant la tête vers la jeune fille. Je suis si désolée... Je... Je ne voulais pas... Ta mère... Ton père...
- Grace, raccompagne maman dans sa chambre pour qu'elle se repose. Taissa, y'a un gars dans ta chambre que veut te voir.
Taissa frémit. Qui voudrait lui rendre visite ? Les services de l'enfance ? La protection des mineurs ? Les services d'adoptions ? Elle monta les escaliers d'un pas lourd et ouvrit la porte. Elle ne fut jamais autant heureuse de voir Bastian. Il se tenait devant elle, dos tourné à la porte et regardait une des nombreuses étages remplies de livres.
- Euh... Bastian ? hasarda la blonde.
- Taissa ! Tu étais où ? J'ai appeler chez toi hier soir et ce gars, Tom, il m'a dit que t'étais partie et que ton père a eu des problèmes !
- Oh... Et tu es venu ?
- Bien sur ! Je m'inquiétais pour toi ! il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Il la rapprocha de lui et elle se serra un peu plus contre lui. Elle aurait volontiers continuer leur étreinte mais Bastian s'écarta et posa ses mains sur ses épaules.
- Taissa, fait moi la promesse de ne pas faire de bêtises ! Je suis sur que tu dois penser que personne ne tient à toi, que tu n'as besoin de personnes et que personne n'a besoin de toi mais c'est faux ! J'ai besoin de toi, ton cousin, Isaac, à besoin de toi...
- Que... Comment tu sais... Isaac ?
- Et les Baker aussi.
- Quoi ?
- Tu croyais vraiment pouvoir sortir de chez toi et t'en aller dans la nuit comme ça ? Je te signale que tu es passée devant chez moi, trois fois. Je t'ai suivie et voilà. Et pour Isaac, il faut qu'il apprenne à mieux fermer les portes !
- Bastian ! s'offusqua la blonde.
- Désolé...
- Bon, sérieusement, faut qu'on retrouve mon père ! Tom a dit qu'ils avaient laissés un mot comme quoi il ne fallait pas le retrouver mais... C'est mon père ! Et c'est tout ce qu'il me reste...
- J'ai une idée mais ça va pas te plaire...
- Ah bon ? Comment tu peux en être si sûr ?
- Il va falloir trouver une voiture, de l'argent et quitter l'école.
- Pourquoi donc on ferait ça ?
- Tu veux retrouver ton père ? elle acquiesça. Alors fait moi confiance.
Le plan de Bastian était simple. Trouver le plus d'indices possibles sur l'endroit où pourrait être le père de Taissa et le ramener chez eux. Taissa accepta. Bastian ayant dix-sept ans et étant riche, il n'avait pas réellement besoin de ses parents et donc ils le laissèrent quitter l'école et la maison familiale en lui donnant tout de même l'une de leurs nombreuses cartes bancaire, mais il n'avait pas encore de permis. Taissa pensa alors à une personne qui l'avait et cette personne c'était Issac. Ils se rendirent donc chez lui et Taissa lui expliqua la situation. Il accepta directement de venir avec eux mais la blonde ne pouvait de résoudre à disparaître de nouveau de la vie des Baker et les prévint ce qui fit que le jour de leur départ, ils n'étaient pas trois mais quatre. Willa avait supplié Taissa de l'emmener avec eux et, malgré elle, elle avait accepté.
Trois jours après la disparition de son père, la vieille voiture d'occasion de Isaac et de ses trois amis s'engageait sur l'autoroute, le coffre remplis de quatre grosses valises.