L'histoire de Prune

histoire originale, 51 chapitres


La jeune fille sauta et atterrit lourdement sur le sol en mousse. Elle se laissa tomber et roula sur le flanc.

- Prune ! Fait donc attention ! s'exclama la grande blonde devant sa sœur.

- Bon, écoute moi Lola. Tu as eu un prénom normal et une vie normale. Je m'appelle Prune et tu as eu toute l'intelligence alors laisse moi faire ce que je veux ! répliqua la brunette.

- Prune ! Ne dit pas ça ! Tu es très intelligente ! Bon, vient on rentre !

- Pourquoi ? pleurnicha la cadette en s'accrochant désespérément à son aînée.

Prune était le contraire de sa sœur.

Alors que Lola était grande, blonde aux yeux verts, féminine et bonne élève, Prune était petite pour son âge, brune aux yeux miels tirant sur le vert tout de même, un peu garçon manqué et désespérait ses professeurs. Elles avaient aussi deux frères, Jamie et Victor.

Jamie était grand, musclé et brun aux aux yeux bleus. Victor quant à lui était aussi grand mais moins musclé. Il avait des cheveux plus clairs que ceux de son frère et les mêmes yeux miels que Prune.

Les Holloway étaient une famille tout ce qu'il y avait de plus normal. Les parents étaient psychiatre et pâtissière et des personnes d'une grande bonté.


Holly Edwards était la meilleure amie de Prune. Elle était de taille moyenne, rousse aux yeux bleus. Elle avait trois frères, Théo, James et Tom. Qui était des triplés âgés de treize ans. Holly sortait avec Calum Banks et était pleine de vie surtout qu'elle suivait toujours Prune dans ses bêtises.

Elles étaient assises devant deux grands verres de limonade dans le petit café de leur ville.

- Prune... Je ne suis pas sûre que ce soit une excellente idée. avança la rousse.

- Non mais tu va voir ! C'est un truc génial ! Et Lola a accepter de nous aider !

- Lola ? Qu'est-ce que tu lui as promis en échange ?

- De mettre la table à sa place pendant trois semaines.

- Et bah dis donc ! Ça doit être une vachement bonne idée !

- Dis moi Holly, tu doutes ?

- Non ! elle bu une gorgée puis écouta la brune lui raconter son idée. Le plan était de faire une blague à son frère, Jamie. Teindre ses t-shirts et le reste de ses vêtements en rose pétant pour la rentrée des cours. Holly accepta d'aider sa meilleure amie et elles se rendirent rapidement chez les Holloway.

- Dis moi, Prune...

- Oui maman ?

- Pourquoi est-ce que les vêtements de ton frère sont tous roses ?

- Je ne sais pas maman, sûrement une décoloration due au soleil ! répondit la jeune fille.

- Prune...

- Oui ?

- Monte dans ta chambre !

- Mais...

- Monte ! ordonna sa mère.

La brunette monta dans sa chambre, le sourire aux lèvres. Sa blague avait excellemment bien fonctionner. Le lendemain, son frère devrait se présenter à photo de classe avec des vêtements roses et cette idée réconfortait la cadette.

Le lendemain matin, elle se réveilla aux aurores. Elle partageait sa chambre avec Victor et décida de le réveiller aussi.

- Victor ? aucun signe. Victor ! Réveille toi ! La maison prend feu ! ledit Victor se leva d'un coup dans son lit et regarda autour de lui.

- Prune ! C'est la quatrième fois cette semaine ! râla-t-il en s'asseyant sur son lit.

- Preuve que tu es toujours très naïf ! il râla de nouveau et se leva lentement de son lit.

- Bon, qu'est-ce qui se passe ?

- Les vêtements de Jamie sont tous roses pétants et donc il voudra te prendre des habits alors faut qu'on parte avant qu'il ne veuille s'habiller !

- Tu es très chiante mais vraiment t'es un génie Prune ! ils se préparèrent à la hâte et partirent dix minutes avant que Jamie ne se réveille. Victor et Prune étaient autant proche que Lola et Jamie l'étaient.

Ils arrivèrent au lycée quelques minutes plus tard et rejoignirent leurs amis. Prune alla voir Holly et Calum et Victor rejoignit ses amis.

- Alors ? demanda la rousse.

- Tip-top ! Ça a marché comme sur des roulettes !

- T'es sûre ?

- Ouais, hier soir ma mère m'a engueulée et ce matin, on est partit plus tôt !

- T'es un génie Prune ! s'écria Calum, mort de rire. Et son fou rire s'accentua quand le grand frère de Prune entra dans la cour, vêtu d'un jogging fuchsia et un t-shirt rose pâle. Il portait une jaquette beaucoup trop grande d'une couleur semblable à un rose foncé. Il se dirigea vers sa petite sœur d'un pas rapide.

- Prune ! Tu n'es qu'une petite peste prétentieuse ! Je vais te frapper !

- Me frapper ? Oh, chouette ! Vas-y ! elle fit un grand sourire et attendit.

- Petite garce ! marmonna-t-il en s'éloignant à grandes enjambées du petit groupe. Calum tapa sa paume dans celle de Prune et ils rirent en avançant vers le gymnase.

Ils étaient en première cette année et connaissaient donc bien les lieux. Ils allèrent s'asseoir dans le fond et attendirent que la salle soit remplie. Après ça, le principal et les professeurs s'avancèrent et prononcèrent quelques mots puis ce fut l'appel. Le regard de Prune se détourna et tomba sur Lola qui était dans les bras de son petit ami, Marin Crowford. Jamie était plus loin, il n'avait plus ses affreux vêtements roses mais des gris. Sûrement l'un de ses amis qui les lui avaient prêtés. Elle pouffa puis se leva quand elle entendit son nom. Elle ne s'était pas rendue compte que Holly et Calum étaient déjà dans leur groupe. Elle les rejoignit et ils suivirent leur professeur principal dans la cour pour la photo de classe.

La fin de la journée arriva à grands pas. Et à la sortie des cours, Prune retrouva ses amis.

- Bon, on va au Junk's ? demanda Holly aux deux autres.

- Je voudrais bien mais ma mère veut que je sois rentré tôt ce soir...

- Moi je suis punie... se plaignît la plus jeune.

- À cause de la blague ?

- Bah ouais... marmonna-t-elle mais à peine eut elle fait un pas en direction de la grille que Jamie et son meilleur ami, James.

- Prune ! Bouge plus ! ordonna le blond à sa sœur.

- D'accord...

- Pourquoi t'as fait ça ?

- Fait quoi ?

- Le coup des habits roses !

- Je trouvais ça drôle moi ! et le coup partit tout seul. Jamie claqua la joue de sa cadette qui lui lança un regard noir. Et elle se jeta sur son frère et lui griffa le visage. Ils se frappèrent jusqu'à ce que Victor vienne les séparer, suivit de Lola.

- Mais vous êtes pas bien ? hurla-t-elle. Déjà toi, elle pointa Jamie du doigts, pourquoi tu l'attaque ? Elle a seize ans, bon sang !

- Désolé... marmonna-t-il en se relevant.

- Et toi, elle montra Prune, pourquoi tu te bats tout le temps ? Maman va encore m'engueuler par ta faute !

- Personne t'as dit de prendre les responsabilités ! déclara la cadette.

- Prune ! Tu n'es pas possible ! Tu es immature, irresponsable et c'est intolérable ! s'exclama Lola.

- Lola ?

- Quoi ?

- T'aimes bien les mots commençants par "i" ? demanda la brunette en souriant.

- On rentre !

- Tu me donne pas d'ordres ! s'exclama Jamie en s'en allant d'un pas rapide. Prune pouffa et suivit sa sœur en sautillant pendant que Victor trainait les pieds derrière elles.

- Prune Holloway ! Vous êtes privée de sortie, jeune fille !

- D'accord ! C'est cool, je voulais commencer un nouveau jeu vidéo !

- Prune ! File dans ta chambre !

- D'accord maman... la jeune fille monta dans sa chambre en traînant des pieds.

- Alors ? demanda Victor.

- Punie de sortie ! La blague !

- Tu veux aller où ?

- On va au Junk's ?

- Okay ! ils se regardèrent en souriant, placèrent des coussins sous leurs duvet et sortirent par la fenêtre. Ils rejoignirent Holly et s'assirent à une table. Olivia Crewe, la fille des patrons du café-bar, les rejoignit. Elle avait dix-sept ans et était noiraude avec de grands yeux bleus.

- Où est Calum ? demanda Prune.

- Des amis à son père et leurs enfants sont chez lui. Il va nous rejoindre plus tard, avec eux. répondit Holly en sirotant son thé.

Calum arriva une demie-heure plus tard. Il état accompagné d'une fille aux cheveux châtains assez petite et d'un garçon blond qui trainait les pieds.

- Les gars ! Je vous présente Andrew et Camille Osborn !

- Enchantée, déclara Camille avec un grand sourire. Elle s'avança et serra la main des autres. Son frère fit pareille mais frôla à peine la paume de Prune. Ils prirent des chaises et s'installèrent autour de la table. Prune était entre Andrew et Holly. Une Holly qui était en grande discussion avec Camille et Olivia. De leur côté, Victor et Calum parlait des équipes de lacrosse et de football du lycée. Prune ne parlait pas, tout comme Andrew. Ce dernier semblait fatigué juste à l'idée d'être venu. Il sirotait un thé froid en jouant sur son téléphone.

- Oh mon dieu ! Il est déjà vingt-trois heures ? s'exclama soudainement Holly. Ma mère va me tuer !

- Pareille pour nous... grimaça Victor en se levant. Les jeunes ramassèrent leurs affaires, se dirent au revoir et rentrèrent chez eux. Prune et Victor coururent et installèrent l'échelle cachée dans les fourrés contre leur fenêtre. Prune entra en première et Victor la suivit. Ils eurent juste le temps de se glisser tout habillés sous leurs duvets que leur mère arriva. Elle fit un petit tour puis repartit.

- Pssst ! Victor ! Tu dors ? la brunette ne reçut aucune réponse. Il dormait.

Elle regarda les étoiles phosphorescentes qui brillaient au dessus de son lit. Quand elle n'avait que quatre ans, sa mère les lui avait offertes pour qu'elle n'aie plus peur du noir. Elle avait créé des constellations et leur avait donné des noms. Et à présent, douze ans plus tard, les étoiles étaient toujours là. Prune était une noctambule et une insomniaque qui avait peur du noir. Il lui était quasiment impossible de dormir durant la nuit, malgré la tonne de médicaments qu'elle avalait chaque soirs. Mais tout de même, trois heures plus tard, elle s'endormit.

- Prune. Prune. Prune. Prune. Prune. Prune. Prune ! Prune ! Prune ! Lève toi la grosse ! hurla Victor au bout d'un moment.

- Je te déteste Victor !

- Dépêche, la grosse ! On a cours dans vingt minutes !

- Vingt minutes ?

- Ouais ! Lève-toi ! la brunette se leva mais en voulant courir vers son armoire elle s'encoubla dans son sac et tomba durement au sol.

- Oh mon dieu ! s'exclama Victor, mort de rire.

- Arrête de rire ! Je me suis fait mal ! gémit la brune en regardant ses bras. Je suis tombée sur tes livres ! en effet, ses bras étaient écorchés et entaillés.

- Petite nature ! Bref, évite Jamie. Il est super énervé ! Maman l'a aussi puni parce qu'il t'a frappé...

- Ah, ça ! Ça égaye ma journée ! s'exclama Prune en mettant un débardeur et un short.

- Alors ? C'était bien avec les amis à ton père ? demanda Olivia en rejoignant le groupe.

- Bah, ils déménagent ici, je crois... marmonna Calum.

- Ça n'a pas l'air de te plaire... remarqua la brunette. Ils ne sont pas sympas ?

- Bah... Camille est géniale mais son frère... Un vrai psychopathe ! En plus ils vont habiter dans le loft en attendant...

- Pourquoi tu dis que c'est un psychopathe ?

- Il a un lézard qu'il emporte partout avec lui ! Genre un vrai lézard, bien gros !

- Mais c'est adorable les lézards ! s'exclama la brunette.

- Tu irais bien avec lui, Prune !

- Prune ? Avec un garçon ? Elle le frapperait à mort à chaque fois qu'il la chatouillerais ! s'exclama Olivia, hilare.

- Ohé, je suis toujours là ! marmonna la brunette.

- Vu la tête qu'il tirait hier, je doutes qu'il soit du genre à chatouiller ! déclara Holly en ignorant sa meilleure amie.

- Quoi ? Tu crois qu'il s'amuse à tuer ses amis ? demanda le seul garçon du groupe, Calum.

- Tu crois qu'il a des amis ? renchérit Olivia.

- Oh mais ! Arrêtez de dire des trucs méchants sur lui ! Vous ne le connaissez pas ! s'exclama Prune.

- Oh, je crois que Prune aime bien le psychopathe ! ricana Olivia. Mais ça ne fit pas rire la cadette qui prit ses affaires et sortit en trombes du café.

Prune avançait rapidement dans la rue. C'était la fin de l'été et les feuilles des arbres tombaient déjà des arbres bordant la rue. Mais Prune, qui avait mal fermé son sac, trébucha et le contenu du ledit sac se renversa sur la chaussée.

- Purée ! s'exclama-t-elle en ramassant ses affaires.

- Eh, t'es pas la sœur de cet enfoiré de Jamie toi ? demanda un garçon grand, musclé aux cheveux noirs soigneusement décoiffés. Il lui tendit sa trousse mais quand elle essaya de la reprendre, il la ramena à lui.

- Prune, c'est ça ?

- Ouais... grommela l'intéressée en se relevant. Elle ne faisait absolument pas le poids devant le colosse qui était face à elle.

- Tu pourras dire à Jamie que Big G. l'attend ? ordonna-t-il durement. Prune se retint de pouffer.

- Tu as un nom de rappeur ? demanda-t-elle rapidement. Alors que le garçon allait lui répondre, elle lui arracha sa trousse des mains et se mît à courir le plus vite qu'elle pouvait. Le seul problème était que la brunette était asthmatique. Elle se rua dans une ruelle et n'eut aucun choix que de se cacher dans une benne à ordure, pleine.

- Merde ! Ça pue ce machin ! pesta la jeune fille doucement en cherchant son inhalateur dans son sac.

- Eh ! Si c'est ton médicament que tu cherches, c'est nous qui l'avons ! hurla la voix de Big G. à l'extérieur. Prune en avait besoin, elle le savait. Elle ne parvenait pas à se calmer et elle avait déjà le souffle coupé.

Prune était en train d'essayer de retrouver son souffle quand la benne de renversa violemment, la condamnant à l'intérieur. Elle chercha son téléphone, en vain. Soit elle l'avait oublié au café, soit c'était la bande de Big G. qui le lui avait prit.

- Tu te souviens de l'excellente blague des œufs pourris dans les chaussures de sport ? Prune ne répondit rien même si cette blague restait l'une de ses meilleures. Et bien, la prochaine fois, fait attention à qui tu t'attaques ! Oh, tu as un message ! ricana-t-il. Prune entendit le bruit mat d'un objet qu'on jette par terre et elle ferma les yeux, essayant en vain de retrouver son souffle. Elle n'arrivait même plus à parler alors elle tambourina contre la poubelle. Donnant des coups de poings, de coudes et de pieds. Au bout d'une attente qui lui parut une éternité, quelqu'un vint relever la poubelle et la sortit. Elle chercha à tâtons son inhalateur et le trouva avec plaisir. Elle était à plat ventre sur le trottoir mais elle s'en fichait pas mal. Elle prit rapidement le médicament et se calma un peu avant de lancer un regard à la personne qui l'avait aidée.

Elle fut surprise de voir Andrew Osborn et son lézard perché sur son épaule, la regarder.

- Ça va ? demanda le garçon en lui tendant la main.

- Si on ne tient pas compte du fait se j'ai faillit mourir le souffle coupé dans une poubelle remplie d'ordures, oui ça va... Andrew esquissa un sourire.

- Toi c'est Pomme ?

- Prune... T'as déjà vu quelqu'un s'appeler Pomme ? se renfrogna la jeune fille.

- Dans Charlotte aux fraises, ouais. déclara-t-il le plus sérieusement du monde.

- Charlotte aux fraises ? T'es sérieusement sérieux ?

- On ne peut pas dire "sérieusement sérieux" et oui, Batman adore Charlotte aux fraises lui !

- Batman ? demanda Prune. Pour toute réponse, le garçon montra le lézard qui était sur son épaule.

- Donc, tu te promènes avec un lézard qui s'appelle Batman perché sur ton épaule et qui regarde Charlotte aux fraises ?

- Et bien, c'est l'équivalent de s'appeler comme toi, non ? Mais mes parents n'ont pas voulu, alors il a bien fallu que je compense ! ils se fixèrent quelques secondes puis la cadette éclata de rire et le blond sourit faiblement.

- Tu allais où ?

- J'allais au Junk's et toi ?

- Je rentre chez moi... soupira Prune.

Elle détailla son interlocuteur. Il portait un training avec un t-shirt et une paire de chaussons verts.

- Je rêve ou t'es en pyjama ? demanda soudainement Prune.

- J'ai eu la flemme de m'habiller. répondit le garçon d'un air détaché.

Prune était allongée sur son lit, elle repensait à ce qu'il s'était passé. La veille, Andrew semblait détester toute la terre et aujourd'hui, il était aimable et gentil. Il avait l'air d'un psychopathe bipolaire. Mais Prune décida qu'elle aimait bien les psychopathes bipolaires.


La cadette se réveilla, en retard. Elle se leva rapidement, enfila des vêtements et sortit en trombes de la maison. Elle couru jusqu'au lycée et rejoignit ses amis.

- Prune ?

- Holly ?

- Ton t-shirt... Il est à l'envers !

- Mais... Non ! C'est la nouvelle mode en Europe !

- Tu es sûre ?

- Ah, ça sonne ! la brunette se précipita aux toilettes et s'habilla correctement puis elle rejoignit ses amis en mathématiques.

- Alors ?

- Je... Vous pouvez répéter la question ?

- Miss Holloway, quel est la somme de ce calcul littéral ?

- Euh...

- Bien, c'était "e". Tournez vos pages à l'exercice suivant. Prune se recoucha sur son cahier et ferma les yeux mais elle sentit un regard sur elle. Elle rouvrît donc les paupières à contre-cœur et remarqua Holly qui la fixait.

- Quoi ?

- Comment t'as su que c'était "e" la réponse ?

- Quoi ?

- Personne aurait pu savoir que c'était "e". C'était une question piège ! Et toi, miss-je-suis-nulle-en-maths, tu as eu la bonne réponse. Comment t'as su ?

- Tu crois que j'ai triché ?

- Non, donne moi ton raisonnement.

- Euh...

- Ah je vois ! Tu hésitais et la prof à cru que tu avais donné la réponse ! J'ai eu peur tu sais !

- Peur ?

- Ouais, que tu sois devenue intelligente ! la brunette tapa l'épaule de la rousse et elles pouffèrent en se concentrant sur leurs exercices.

- Aujourd'hui, j'ai eu peur que ma meilleure amie soit devenue folle. déclara Holly devant la classe en un français impeccable. Le thème du cours était "la peur du jour".

- Bien, Holly ! À vous, Pune.

- Aujourd'hui, j'ai eu peur de... Rien ?

- Prune ! s'exclama Mrs Dubois. Vous devez sûrement avoir peur de quelque chose.

- Peur ?

- Oui, peur ! Alors ? Prune, de quoi avez vous eu peur aujourd'hui ?

- J'ai... Je crois que j'ai eu peur de... Je ne sais pas...

- Bon, de quoi avez-vous toujours peur ?

- Euh... le cerveau de la jeune fille se mît en ébullition. Prune n'avait peur que des quelques petites choses. Le noir, son asthme et la mort. J'ai peur du... De... J'ai peur des vaches. Avec leurs cornes ! Elles risquent de vous embrochez comme des grillades ! les autres élèves éclatèrent de rire. Et même Mrs Dubois pouffa.

- Bien, Prune. Allez vous rasseoir. À vous Calum.

- J'ai peur de ma petite amie. dit-il en regardant Holly en souriant.

- Lézard dans le couloir ! Lézard dans les couloirs ! hurla quelqu'un alors qu'ils sortaient du cours de français.

- Un lézard ? demanda Holly à Prune et Calum. Au même moment, Batman, le lézard d'Andrew, sauta sur Prune. Et alla se cacher dans sa manche.

- Prune... Le lézard vient de monter dans ta manche...

- Et ?

- Un lézard vient d'entre dans ta manche !

- C'est mignon les lézards, et lui il s'appelle Batman.

- Comment tu sais ça ?

- Parce que c'est le mien ! déclara Andrew en écartant la foule qui s'était accumulée. Il s'approcha de Prune et fit un petit bruit avec la langue. À la grande surprise de tout le monde, Batman sortit de la manche et monta sur l'épaule de son maître.

- Désolé, mais Batman n'est pas un matheux !

- Tu parles bien de ton lézard là ? demanda Holly.

- Ouais. répondit le blond.

- Ouais, Batman aime pas les maths et il regarde Charlotte aux fraises, il est comme ça Batman ! s'exclama Prune en caressant la tête du lézard.

- Prune ?

- Je crois que c'est comme ça que je m'appelle, Holly.

- D'où tu connais ce lézard ? Et ses... Goûts ?

- Ah, je t'ai pas raconté ? Prune allait continuer sa phrase quand elle vit le regard d'Andrew peser sur elle.

- On s'est croisés hier dans le bus.

- Ah... Bon, on va manger ?

- D'accord ! dit Prune avant de se tourner vers Andrew et Batman. À plus tard !

- Non mais d'où tu le connais ? Sérieusement ? demanda Holly alors qu'elles faisaient la queue pour manger. Prune inspira et raconta toute l'histoire à sa meilleure amie.

- T'es sérieuse ? demanda la rousse à la fin de son histoire.

- Ouais...

- Toi, Prune Holloway, t'es faite attaquée par un gars qui s'appelle Big G. ? Tu me déçois...

- Eh ! Ça va, je me suis pas faite attaquée ! Je me suis cachée dans une poubelle et il l'a retournée !

- C'est du pareil au même ! Bref, et après Andrew le psychopathe...

- Psychopathe bipolaire !

- Quoi ?

- C'est un psychopathes bipolaire.

- Ouais bref, Andrew le psychopathe et bipolaire est venu t'aider ?

- Ouais !

- Et il était en pyjama.

- Infirmatif !

- Et il t'a dit que son lézard aimait regarder Charlotte aux fraises ?

- C'est bien ça !

- Bon. la rousse soupira et regarda sa meilleure amie. Tu me désespère Prune Holloway ! mais la concernée ne répondit pas et elle attrapa son dessert. Quand elle croqua dans le gâteau, ce fut comme un orgasme gustatif, sa respiration s'accéléra et son cœur rata un battement . Mais Big G. était de l'autre côté de la cour et la brunette était très rancunière. Elle se leva d'un coup et parcouru la cours à grandes enjambées. Elle se posta devant lui, les bras croisés sur la poitrine.

- Ah, mais c'est mon asthmique favorite !

- Asthmatique.

- Quoi ?

- On dit asthmatique, pas asthmique. Mais bon, je suis pas venue pour ça.

- Ouh, mais que me vaut donc ce plaisir ? la main de Prune alla s'écraser contre la joue du jeune homme. Son regard devint noir et il la regarda durement. Il lui envoya un coup de poing dans le ventre qu'elle esquiva et elle lui donna un coup de poing dans la mâchoire. Tout le monde les fixait. La brunette enchaîna les coups rapidement. Coup de pied dans l'estomac, coup de poing dans l'œil, griffade sur la joue et un autre coup de poing dans la mâchoire. Big G. boitilla et tenta d'abattre son poing sur la tête de la jeune fille qui évita de nouveau. Il tangua et tomba sur le banc où il s'était assit quelques minutes plus tôt. Mais deux de ses acolytes se jetèrent sur Prune. Ils emprisonnèrent chacun l'un de ses bras et elle se débattit tant qu'elle pût. Le noiraud se releva sous les yeux de la foule et frappa la cadette au visage. Encore trois fois au visage puis dans l'estomac. Personne ne bougea dans l'assemblée et aucun professeur ne surveillait à midi.

- Lâchez-la ! hurla Holly quelque part. Mais personne ne réagit.

- Bah vas-y, défoule toi Dave ! Je sais que t'en a besoin ! dit doucement Prune.

- Comment tu connais mon prénom toi ?

- Ta mère, Dave, ta mère... chantonna la jeune fille. Mais pour toute réponse, Dave frappa un peu plus fort à la lèvre de la brunette. Puis les deux colosses la relâchèrent et elle s'écrasa à terre. Sa lèvre saignait tout comme son arcade sourcilière et son nez. Elle se releva sans peine et retourna à sa table pour finir sa salade, sous les yeux écarquillés des autres élèves.

- Prune ! Mais qu'est-ce que tu as fait ? demanda sa mère à la jeune fille quand elle rentra chez elle, le soir même.

- Oh, juste un arbre...

- Il avait quel âge ?

- Je sais pas, tu sais c'est drôle ces trucs là ! On peut savoir leur âge seulement quand on les coupes... Et quand on les coupes, ils meurent ! Ironie du sort, non ?

- Je parlais du garçon avec qui tu t'es battue !

- Ah... Je sais pas... Dix-huit ou peut être dix-neuf...

- Prune !

- Écoute maman, certaines personne à mon âge perdent leur virginité avec des garçons... Soit heureuse que je ne fasse que de me battre avec eux !

- Prune Holloway ! Je suis heureuse de ne pas être déjà grand-mère, mais par pitié, arrête de te battre !

- Mais maman ! C'est lui qui a cassé mon portable et qui m'a volé mon inhalateur l'autre jour !

- Tu lui a fait mal ? Comment ça se fait qu'il ait réussi à te toucher ?

- Ils étaient trois...

- Les lâches... Comment s'appelle-t-il ?

- C'est Dave, tu sais. Le fils de ton amie, Monica Gerty !

- Bon, je parlerais demain à Monica ! Maintenant, je vais préparer le repas.

- On mange quoi ?

- Des patates avec du steak et de la salade du jardin.

- Génial !

- Prune ?

- Oui papa ?

- Que t'es-t-il arrivé au visage ? Tu t'es encore battue ?

- Euh... Non... la cadette avala une patate, chaude. Tellement chaude qu'elle se brûla le palais.

- C'est faux ! Tu mens ! s'exclama Jamie. Elle s'est battue avec Dave Gerty !

- Tu sais pourquoi il m'a frappée au moins ?

- Ouais ! répondit Jamie en enfilant un bout de steak dans sa bouche. Je t'ai vu ! Tu es allée le voir !

- Non ! Hier, alors que je rentrais, Dave est venu m'embêter et après il m'a poursuivie et m'a volé mon inhalateur ! Tout ça parce qu'il voulait que je te transmette un message ! répliqua la cadette en finissant sa salade.

- Les enfants ! s'exclama leur père. Jamie, c'est ta dernière année de lycée et toi tu ne pense qu'à aller embêter ta sœur ! Et toi... Prune ! Écoute moi ! l'intéressée leva la tête en direction de son père, la bouche remplie de feuilles de salade. Est-ce la vraie raison pour laquelle tu t'es battue ?

- Mais oui !

- Bon... Comment s'appelle ce garçon déjà ?

- Dave Gerty. C'est le fils de Monica Gerty. répondit sa mère.

- Ah oui, Monica ! Bon et bien, demain, nous les inviterons à la maison pour régler tout ça. Et maintenant, montez dans vos chambres ! ils se levèrent tous et Prune fit un croche-pied à Jamie qui s'étala de tout son long à côté de Baloo qui dormait. Victor, Prune et Lola pouffèrent et ils partirent s'enfermer dans leurs chambres respectives.

Le lendemain, Prune n'avait pas école. Et ses parents ne travaillant pas, avait décidés d'inviter les Gerty chez eux.

- Ah, et j'ai aussi invité les Banks et nos nouveaux voisins, les Osborn. annonça la mère de Prune en épluchant des patates.

- Maman ?

- Oui ?

- Pourquoi on mange tout le temps des patates ?

- Parce que c'est très bon. Bon, épluche !

- Et les autres ils sont où ?

- Victor et Lola préparent la décoration et Jamie est puni dans sa chambre.

- Attend, quoi ? La punition ce serait plutôt d'éplucher des patates que d'être dans sa chambre !

- Je n'y avais pas pensé... Vous allez échangez vos rôles ! Va le chercher s'il te plait.

Prune monta les marchés quatre à quatre et transmit le message à son frère qui sortit en lui lançant un regard assassin. Quelques heures plus tard, les invités étaient tous dans le salon et Prune les rejoignit.

Monica et Dave Gerty étaient assis sur l'un des sofas à côté des parents de Calum. Ce dernier était assis en face d'eux avec Camille et Andrew. Sur les deux derniers canapés, les parents Osborn, et le reste de la famille Holloway étaient assis.

- Ah ! Voilà notre cadette, Prune ! dit le père de cette dernière. La concernée se laissa tomber à côté de Calum et les adultes recommencèrent à discuter. Elle regarda Dave avec un certain plaisir. Il avait un œil au beurre noir et son nez semblait être cassé.

- Prune ? demanda Camille.

- Oui ?

- Pourquoi tu t'es battue avec lui ?

- Parce que le Japon, ma chère Camille, parce que le Japon.

- T'es une psychopathe Prune !

- Merci du compliment Calum ! répliqua la brunette en souriant. Calum et Camille commencèrent un long débat sur les patates à Malte.

- Où est Batman ? demanda Prune à Andrew.

- Quoi ?

- Bah, Batman. Il est où ? pour toute réponse, le lézard sortit de la poche du blonde et alla s'installer sur les genoux de la jeune fille. Elle caressa doucement sa tête.

- Il t'aime bien !

- Moi aussi, je l'aime bien ! Il est adorable ! Qu'est-ce que c'est comme race ?

- Un dragon barbu.

- Batman, le dragon barbu ! la brunette éclata de rire.

Elle discuta avec Andrew et Batman jusqu'au moment d'aller manger.

- Prune ! Rangé donc ce lézard ! Ça me dégoûte ! pesta Jamie en se mettant à table.

- Déjà, on ne peut pas ranger un lézard et ensuite, tais-toi ! Nous avons des invités ! répliqua-t-elle avec un grand sourire. Elle posa Batman vers Andrew et discuta avec Camille et Calum.

Le dessert arriva rapidement. C'était de la mousse au chocolat avec des petit éclats de noisette, la préférée de Prune. Mais alors qu'elle mangeait, elle vit Camille qui semblait tourner de l'œil.

- Andrew ?

- Oui ?

- Ta sœur, elle est allergique à quelque chose ?

- Euh... Ouais. Les chiens, les noisettes et les chênes.

- Purée de Prune à la vanille !

- Quoi ? demanda le blond mais il se tourna vers sa sœur. Personne d'autre n'avait remarqué. Oh mon dieu ! Camille ! et ce fut l'agitation. Tout le monde prenait ses affaires et quelques minutes plus tard, il ne restait plus que Prune et Batman.

- T'as vu ça ? Ils nous ont oubliés ! Mais bon, ça fera plus de mousse pour moi !

Prune tenta d'appeler sa famille ou Calum mais personne ne répondit. Elle décida donc d'aller se coucher. Elle se prépara et se mît en pyjama. Mais on sonna à la porte. Elle descendit, ouvrit ladite porte et se retrouva face à une jeune fille. Elle était assez petite, avec de longs cheveux noirs et des yeux verts à couper le souffle.

- Oh, désolée ! s'empressa-t-elle de dire quand elle vit Prune en pyjama. J'ai du me tromper de maison !

- Ce n'est pas grave, tu cherche quelle maison ?

- Celle des Holloway. Ma mère et mon frère devaient dîner chez eux et je devais les rejoindre plus tard...

- Je suis Prune Holloway. Ils sont tous à l'hôpital parce que Camille Osborn à manger des noisettes.

- Oh, et bien merci ! On se reverra sûrement au lycée !

- Sûrement ! ajouta Prune en refermant la porte.

Elle avait toujours Batman, perché sur son épaule qui semblait somnoler. Prune se mît au lit. Le petit lézard se posa sur l'oreiller, à côté de sa tête.

- Bonne nuit Batman ! souffla-t-elle avant de fermer les yeux. Il ne lui avait jamais été aussi simple de s'endormir.

- Oh mon dieu, Prune ! T'as un lézard sur la tête ! Un gros lézard ! la cadette se réveilla et vit que Batman s'était couché en travers de son front. Elle l'enleva et le posa sur son ventre.

- Calme toi Lola ! C'est Batman. Hier soir, vous êtes tous partis en nous oubliant ! Et d'ailleurs, pourquoi tu me réveille si tôt un jour de week-end ? Pourquoi tant de haine ? Pourquoi ?

- Prune... Tu as encore oublié ?

- Oublié quoi ?

- Le marché du dimanche matin !

- Ah nan mais ça va être possible ! Tu vois, je dois ramener Batman à Andrew !

- Mouais... Bah dépêche toi !

Prune mît une salopette-short, un t-shirt assez large et une paire de baskettes. Elle prit Batman et le mît dans l'espace entre le devant de la salopette et son ventre puis sortit de la maison.

- Eh Batman, où est-ce que tu habites ? demanda-t-elle dans le doute au petit lézard qui somnolait. Pour toute réponse, il émit un sifflement et sauta de la poche.

- Eh attends ! Prune se mît à courir derrière le lézard jusqu'à ce qu'il s'arrête sous le porche d'une grande maison victorienne. Prune fit confiance au lézard et sonna à la porte. Ce fut Andrew qui vint lui ouvrir.

- Oui ?

- Je... Enfin... J'avais dans l'optique de te ramener Batman mais c'est plutôt lui qui m'as emmenée !

- Ouais, Batman est autonome. Allez, monte ! le blond se baissa et tendit son bras devant le lézard qui monta sur son épaule.

- Merci ! dit Andrew avant de lui fermer la porte au nez.

- Maman ? demanda la cadette en prenant une botte de carotte.

- Oui ? répondit l'intéressée en croquant une carotte.

- Je pourrais avoir un lézard ?

- Un lézard ? sa mère s'étouffa avec sa carotte.

- Ouais, un dragon barbu !

- Un dragon barbu, qu'est-ce que c'est que ça ?

- Tu sais, comme celui d'Andrew Osborn, Batman !

- Ah non ! Baloo va très bien ! Pas question de prendre un dragon !

- D'accord... pleurnicha la cadette en attrapant une pastèque.

- Non, pas de pastèque ! Va chercher de l'ananas et du melon.

- Mais j'aime les pastèques moi !

- Oh prune !

- Quoi ?

- Non, je ne t'appelais pas ! Mais prends des Prunes en allant chercher le melon et l'ananas !


Prune trainait des pieds. C'était la pause de midi, le moment qu'elle préférais mais pas ce jour là. En effet, Prune était devenue l'idole de son école pour avoir battu Dave Gerty. Prune ne comprenait pas d'ailleurs, tout le monde savait qu'elle ne l'avait pas battu mais elle laissa les gens parler tout au long de la matinée.

- Eh Prune, t'es devenue populaire ! ricana Olivia.

- Ouais, et toi t'es devenue sympa alors ? répliqua sèchement la brunette.

- Prune ! s'exclama Holly. Bon, et sinon, vous venez à la fête chez Daisy, ce soir ?

- Oh ouais ! Je viens moi ! s'écrièrent Prune et Calum en même temps.

- Eh, Prune ?

- Oui ?

- Tu sais comment va Camille ?

- Non, et toi ?

- Non...

- Vous parlez de Camille Osborn ? demanda Olivia en enfilant une frite dans sa bouche. Je l'ai vue en biologie. Regardez, elle mange là-bas avec le lézard et son frère !

- Venez, j'ai envie de voir Batman ! s'exclama Prune.

- Tu es sûre que tu ne veux pas voir le beau blond à qui il appartient ? ricana Olivia.

- Tais toi, Olivia ! répliqua Calum. Moi je vais voir comment va Camille en tour cas.

- Attend moi ! s'exclama Holly. Ils partirent tous en direction de la table des Osborn quand une bande de terminales leurs barrèrent la route.

- Eh mais c'est Prune ! ricana un garçon. Tu sais que à cause de ta petite victoire contre Dave, on ne pourra pas pas participer au championnat de lacrosse !

- Pourquoi ça ?

- Parce qu'il nous manque un joueur, petit génie ! le garçon s'approcha dangereusement de la brunette.

- Attendez ! s'écria la rousse. sait très bien jouer au lacrosse !

- C'est vrai ça, petit génie ?

- Ouais, je me défends...

- Ce soir, rendez-vous au terrain après l'école, compris ?

- D'accord ! Prune jubilait. Elle avait toujours rêvé de jouer dans l'équipe de lacrosse de son école. Malheureusement, Henry Donovan, le capitaine, ne prenait que des terminales.

- J'y crois pas... souffla Jamie.

- Eh ouais ! Je suis prise dans l'équipe ! s'exclama Prune, le soir même au dîner.

- Et comment t'as fait ça ? demanda l'ainé.

- Tout le monde croit que j'ai battu Dave Gerty et il leur manquait un joueur. Holly leur a dit que je savais jouer et ils m'ont fait passer des essais !

- Bravo Prune ! Tu pourras canaliser toute ton énergie là dedans ! déclara son père.

- Bravo Prune ! imita Jamie alors qu'ils montaient dans leurs chambres.

- Arrête, soit pas jaloux ! répliqua la cadette. Jamie la plaqua contre le mur et lui donna un coup de poing dans la mâchoire.

- Si tu dis ça encore une fois, tu va le regretter !

- Tu crois vraiment que j'ai peur de toi ? répondit Prune en lançant son genoux dans l'entrejambe de son frère. Elle lui griffa les bras et couru dans sa chambre. Elle s'enferma à double tour. Victor et Lola étaient sortis. Leurs parents devaient sûrement regarder la télé dans leur chambre.

- Prune tu n'est qu'une idiote ! Une fille stupide et tu t'es mise au piège toute seule ! J'ai la clé dans ma chambre et à moins de sauter par la fenêtre, tu n'as aucune chance ! Prune tressaillit. Il avait raison.

Elle s'approcha de la fenêtre. Juste en face, un peu plus bas, il y avait une branche assez grosse pour soutenir son poids. Elle pourrait se laisser tomber dessus et s'y accrocher. Elle entendit la clé dans la serrure et sauta. Elle cru qu'elle n'y arriverais pas mais la branche la rattrapa. Elle se laissa glisser au bas de l'arbre et couru le plus loin possible dans la forêt qui entourait la ville. Mais son asthme ne lui permit pas d'aller bien loin au risque de faire une crise. Elle vit un grand sapin, prompt à l'accueillir dans ses branchages et monta. Prune n'avait pas peur du vide mais les aiguilles la griffait et elle sentait une douleur vive dans sa mâchoire. Pour couronner le tout, l'obscurité était de plus en plus présente. Elle grimpa le plus haut qu'elle pût et quand elle entendit le souffle et les pas de quelqu'un, elle se raidit. Il y a avait plus d'une centaine d'arbres et elle était cachée dans les branches. Elle essaya de prendre son téléphone dans sa poche mais il risqua de tomber alors elle le laissa.

Elle était coincée dans cet arbre et en bas, il y avait quelqu'un. Elle commençait à paniquer de plus en plus à cause de la pénombre de la nuit qui l'entourait. Prune avait une peur terrible du noir. Mais alors qu'elle essayait de se changer les idées, elle glissa de sa branche.

- Il y a quelqu'un ? demanda une voix qui n'était pas celle de Jamie. Prune souffla. Elle regarda vers le bas et se laissa glisser en bas de l'arbre. Elle atterrit devant un garçon qu'elle peinait à distinguer dans l'obscurité. Pourtant, elle était sûre d'avoir déjà entendu sa voix.

- Prune ?

- Andrew ? demanda la brunette à son tour.

- Mais qu'est-ce que tu fous ici ?

- Je te retourne la question !

- J'étais le premier !

- Je... Jouais à chat !

- Jouer à chat à vingt-trois heure du soir ?

- Tour à fait ! Tu te promènes bien en pyjama !

- Match nul !

- D'accord. Qu'est-ce que tu faisais toi ?

- Tu es passée devant ma maison en courant. Sachant que tu as de l'asthme, je me doutais bien que tu irais pas loin alors je t'ai suivie.

- Tu fais ça souvent ? Suivre les gens quand ils jouent à chat ?

- Le pire c'est que tu crois que je te crois ! T'es plutôt drôle comme fille ! mais Prune ne l'écoutait plus. Il y avait eu un craquement derrière elle. Elle se tourna lentement et Jamie lui sauta dessus. Elle était à terre et lui penché dessus. Il brandit son poing mais Andrew lui sauta dessus et commença à le frapper. Quand il se releva, ses phalanges étaient usées et pleines de sang. Il passa son bras par dessus les épaules de Prune et la ramena à travers la forêt.

- Je... Merci, dit-elle quand ils arrivèrent devant ma porte de chez elle.

- Pourquoi ton frère voulait-il te frapper ?

- Il voulait pas me frapper ! se défendit la brunette. Il... Avait perdu à chat !

- Va dormir, Prune ! sans laisser la brunette répliquer, il la poussa à l'intérieur et s'en alla.

Le lendemain, ils s'étaient tous donner rendez-vous au café après les cours et sirotaient des sodas en discutant de tout et de rien.

- Aujourd'hui, une rousse m'a fait horriblement peur ! lança Calum en prenant un ton terrifié. Prune rigola et regarda Holly qui fixait son petit ami. Sans trop savoir ce qu'elle faisait, et pourtant sans avoir bu une goutte d'alcool, elle attrapa la tête de Calum à deux mains et lui lécha l'oreille. Prune éclata de rire et se coucha en travers de la table. Camille et Olivia pouffaient dans leur coin et Andrew esquissa un sourire.

- Écoute moi ! commença Olivia en se tenant devant Prune, les mains se les hanches. Je sais que tu connais bien Andrew Osborn et j'aimerais un rendez-vous avec lui ! Mais pas que je sois grillée... On ira tout les trois et tu diras que les autres ont pas pu venir. Ensuite, toi aussi tu partiras. D'accord ? demanda-t-elle à la brunette.

- Si tu veux ! acquiesça la jeune fille en s'éloignant d'Olivia.

Le mercredi suivant, Olivia, Prune et Andrew étaient assis autour d'une table au Junk's. Ils discutaient des cours et des actualités.

- Prune ? Tu n'as pas un rendez-vous avec Holly ? demanda Olivia.

- Non. Pas du tout... Pourquoi ? répondit la brunette avec un grand sourire.

- Vient avec moi, il faut que je te montre un truc dans les toilettes ! siffla Olivia. Elles se levèrent et se rendirent dans les toilettes miteuses du café-bar.

- Prune ! s'exclama la noiraude, une fois à l'intérieur.

- Arrête, c'est trop drôle ! pouffa la cadette.

- De quoi tu parles ?

- De ta tête quand tu essaye de draguer le psychopathe ! Olivia regarda la brunette avec un regard noirs et elle rejoignirent Andrew. Subitement, Olivia remarqua qu'une bosse était apparue sur le pantalon d'Andrew. Elle trouvait ça dégueulasse. Le blond y plongea sa main, et en ressortit le lézard, qui venait de remonter sa jambe de pantalon. Batman couru se cacher dans la manche de Prune avec une tête traumatisée.

- Andrew... soupira la brunette.

- Bon, okay ! Je me barre ! s'exclama Olivia en ramassant toutes ses affaires. Prune regarda Andrew avec un regard dur.

- Quoi ? demanda le blond.

- Olivia t'aimait bien !

- Moi je l'aime pas.

- T'es horrible !

- T'es stupide.

- Même Batman est mieux que toi comme humain ! s'exclama Prune et elle s'en alla du café.

- Prune ! Attend !

- Tu veux quoi ?

- Je voudrais m'excuser. J'ai pas été sympa avec Olivia, ni avec toi. Je sais pas pourquoi t'a organisé ça pour cette fille que tu déteste mais bon.

- Andrew ! Je ne déteste pas Olivia !

- Arrête, ça se voit dans tes yeux !

- Parce que tu t'amuse à regarder mes yeux toi ?

- Non. Batman le fait. Le petit coquin... Je t'avais dit qu'il t'aimait bien !

- Tu ne sais pas mentir Andrew Osborn.

- Tu veux qu'on parle de toi, Prune Holloway ? Déjà c'est quoi ce prénom, Prune ?

- C'est très joli Prune !

- Je préfèrerais encore m'appeler Pomme si j'étais toi !

- Tu sais quoi Andrew ? le blond secoua la tête. Dégage ! T'es un putain de psychopathe bipolaire super chiant !

- Et toi t'es une putain de menteuse compulsive surmontée d'une légère hyperactivité et des syndromes de la vache folle.

- La vache folle ? Sérieusement ? Tu sais que les vaches qui avait la vache folle sont devenues des vaches folles parce qu'elles avaient mangés d'autre vaches ?

- J'ai jamais autant entendu le mot "vache" dans une phrase !

- J'ai jamais autant dit le mot "vache" dans une phrase ! la brunette sourit et Andrew fit de même. Bon, à plus tard je suppose...

- Prune ! Combien de fois je vais devoir te dire que cette chanson est déprimante ?

- Laisse moi l'écouter encore une fois !

- Mais Prune ! Ça fait trois heures que tu l'écoute en boucle !

- Lola ! Cette chanson est fabuleuse.

- Je connais toutes les paroles par cœur à cause de toi !

- Tu as des goûts exécrables ! Laisse moi t'initier à la bonne musique !

- Je ne te comprendrais jamais Prune ! sur ce, la blonde sortit de la pièce en claquant la porte. Prune était étalée sur son tapis, les yeux fixant son plafond quand elle entendit trois petits coups à sa fenêtre. Elle se leva et vit Andrew qui semblait vouloir entrer. La brunette se leva avec peine et alla à la fenêtre.

- Tu fais quoi penché sur mon échelle, devant ma fenêtre ?

- Je peux te le dire si tu me laisse entrer ?

- Non.

- Allez !

- Bon, rentre ! elle s'écarta et le blond se laissa tomber à l'intérieur de la pièce. Tu veux quoi ?

- Je m'ennuyais. Je me suis dit que je pourrais venir te voir. déclara le blond, dont le regard se promenait dans la pièce.

- Super. Mais vois-tu, j'allais me coucher moi.

- À vingt heures ?

- Je suis obligée, je suis insomniaque. À dix-huit heure, je prend mes médicaments, à vingt heure je vais me coucher.

- Bon. Je vais partir alors... annonça Andrew en se grattant légèrement la nuque.

- Tu voulais quoi ?

- Je me disais que...

- Que quoi ?

- Que... On pourrait... Enfin... Tu pourrais dire à Olivia de me laisser une deuxième chance... soupira le garçon en fuyant le regard de la brunette.

- Ah, je lui dirais demain alors.

- Tu sais que ce gars voulait sortir avec toi ? demanda Lola à sa sœur, le lendemain matin.

- Quoi ? Mais non ! Il voulait que je lui organise un rendez-vous avec Olivia.

- Tu déteste Olivia. Et tu aimes ce garçon !

- C'est faux ! J'aime bien ce garçon et Olivia n'est même pas mon amie. Enfin, j'aime bien Olivia et ce garçon n'est même pas mon ami !

- Lapsus révélateur, petit sœur ! chantonna la blonde en s'en allant dans sa chambre.

- Sérieusement ? Vous voulez aller faire quoi au cimetière ?

- Y'a un nouveau, Joe, et Olivia a des vues sur lui donc elle veut l'inviter au cimetière. déclara Calum en enfilant son hamburger dans sa bouche. En plus c'est le soir d'Halloween !

- Le cimetière pour attirer un gars ? Jamais vu un truc autant macabre... Même pour Halloween... souffla Prune en avalant sa salade.

- Ouais, mais tu viens ? On va s'éclater !

- Y'aura qui ?

- Camille, Andrew, Victor, nous, Olivia et Joe.

- Je viens...

Le lendemain soir, ils étaient tous déguisés et jouaient entre les tombes. C'était par une nuit sans lune, les nuages glissaient lentement et se faufilaient entre les étoiles. Prune était seule. Elle venait de perdre ses amis en jouant à cache-cache dans le cimetière. Soudain, une branche craqua derrière elle, un souffle froid passa dans son cou, deux mains l'agrippèrent par sa jaquette et la tirèrent en arrière où elle tomba dans une fosse qui venait d'être creusée. La brunette hurla à la mort et entendit la voix rassurante d'Andrew.

- Je t'ai bien eu ! souffla-t-il dans son dos.

- T'es un psychopathe ! J'ai failli faire une crise cardiaque ! râla la brunette. Elle se leva et essaya de sortir mais le fossé était trop profond.

- Laisse moi monter sur tes épaules !

- D'accord... le blond laissa la jeune fille passer sur ses épaules mais malgré ça, la fosse était encore trop profonde.

- À cause de toi on est coincés ! s'exclama la jeune fille en se laissant tomber par terre.

- T'inquiète pas ! Ils vont bien nous entendre si on hurle ! et c'est ce qu'ils firent. Ils hurlèrent mais personne ne vint les chercher. Prune s'était blottie dans les bras d'Andrew pour se réchauffer un peu. Alors qu'elle commençait à s'endormir, Batman lui tomba sur la tête. Il descendit et se blottit lui aussi contre le blond. Tous trois finirent pas s'endormir.

- Oh mon dieu ! hurla la voix d'une vieille femme au dessus du fossé. Il y a des jeunes dans la tombe de Marcel !

- Ne raconte pas de... Oh mon dieu ! s'écria une seconde voix. Prune ouvrit les yeux et vit une vingtaine de visages penchés sur eux. Elle se releva, réveillant au passage Andrew.

- Oh, nous sommes désolés ! s'exclama ce dernier. Nous sommes tombés ici et personne n'est venu nous aider...

Les personnes venues pour l'enterrement de Marcel Bonbâton les aidèrent à sortir de la tombe puis ils s'en allèrent. Ils devaient retrouver Holly et les autres.

Quand ils arrivèrent devant la maison de la rousse, tout était sans dessus dessous. Les volets étaient cassés, il y avait un asiatique douteux pendu à l'arbre et une chèvre mangeait sa manche.

- Holly ? appela la brunette. Calum ? Victor ?

- Camille ? reprit Andrew. Olivia ? Joe ? une masse noire se releva derrière le canapé et tomba sur une autre masse, couchée sur ledit canapé. Celle du canapé grogna et poussa l'autre à terre. La masse se releva, et Prune remarqua que c'était Holly.

- Purée ! Prune ! Andrew ! Batman ! Vous étiez où ? Ici ça a complètement disjoncté !

- On... Avait remarquer... répondit Andrew en regardant la pièce avec une pointe de dégoût dans les yeux. La pièce était remplie de déchets, de corps d'adolescents et de cadavres de bouteilles. Prune se retourna et vit que la chèvre les avait suivie à l'intérieur de la maison.

- Ma mère va m'arracher ! ricana Calum en se levant du canapé.

- Elle rentre quand ? demanda Holly avec le même ricanement.

- Vendredi ! répondit son petit ami et s'affalant de nouveau sur le canapé.

- Calum ? hasarda la brunette.

- Oui ?

- On est vendredi... déclara Andrew.


Trois heures plus tard, la maison des Banks était impeccable. Les adolescents étaient épuisés et se reposaient en jouant à la console. Ils avaient renvoyé l'asiatique à China Town et la chèvre dormait paisiblement dans la ferme voisine. Camille, Victor, Olivia et Joe les avait bien évidemment aidés.

- Juste, expliquez moi ce que faisait cette chèvre ici ? demanda Andrew au bout d'un moment.

- On s'amusait ! s'exclama Calum. Andrew roula des yeux et claqua de la langue. Batman sauta des genoux de Prune sur lesquels il se faisait dorloter et sauta sur l'épaule du blond.

- Bon, à plus tard, les tocards ! dit-il en sortant de la maison.

- Pour qui il se prend celui là ? marmonna Calum.

- Andrew est pas méchant au fond... Juste un peu distant avec les autres... soupira Camille.

- Ornithorynque ! s'écria la cadette, heureuse.

- Purée... Moi j'ai... Catadioptre... maugréa Holly en plaçant ses lettres.

- Vous jouez sérieusement au Scrabble ? demanda Victor en passant derrière elles.

- Ouais, répondit Prune. Borborygme, je gagne ! enchaîna la brunette en jubilant.

- C'est bon... râla Holly en rangeant le jeu. C'est vraiment nul les jeux de société avec toi !

- Tu dis ça parce que je gagne ! chantonna Prune.

- Sérieusement... On a tout fait ! Le Monopoly, le jeu de l'oie, le Cluedo, les jeux de cartes, le loto, la roulette, le Scrabble, le Pictionnary, les devinettes... T'as tout gagné !

- Je suis tout simplement imbattable, déclara-t-elle en allant s'asseoir sur le canapé à côté de Victor.

- Bon, à demain !

- Tu pars déjà ?

- Ouais, ma mère veut que je rentre tôt ce soir ! Prune raccompagna sa meilleure amie à la porte et la regarda s'éloigner sous la pluie qui lui fouettait le visage.
>

- Tu as été invitée au bal ? questionna Holly à Camille un jour alors qu'ils discutaient autour de leur repas.

- Quel bal ? demanda l'intéressée.

- Le bal d'hiver. Pour célébrer les premières neiges, répondit Holly en souriant. Tu va voir, c'est génial ! Toute l'école peut y aller en plus !

- Ouais, enfin c'est pas si génial que ça... soupira Prune. Faut mettre une robe, se coiffer, se maquiller...

- Moi je pense qu'on pourra bien s'amuser !

- En plus, tout les garçons doivent inviter une fille, sinon ils n'entrent pas. Et si ils n'entrent pas, c'est la honte !

- Sympa ! déclara Camille en sirotant son coca-cola.

- Et vous savez quoi ? Calum m'a invitée ! chantonna Holly.

- C'est ton petit-ami. C'est logique ! s'exclama Prune en roulant des yeux.

- Et toi ? Qui t'as invitée ?

- Il y a Ethan, de terminale, Gareth, de terminale aussi et Jonathan de terminale, encore.

- Et alors ? demanda malicieusement la rousse.

- Et alors quoi ?

- Tu va y aller avec qui ?

- Je n'y vais pas. Tout simplement. déclara la brunette, laissant sa meilleure amie étonnée.

- Mais ! Prune ! Trois garçons, des terminales de plus, t'ont demander d'y aller avec eux !

- Est-ce que ça m'engage juridiquement parlant à y aller ?

- Euh... Non... Je ne crois pas...

- Alors toute cette histoire est réglée. répliqua Prune.

- Non ! s'offusqua sa meilleure amie. Prune ! Tu dois y aller ! Regarde, tu es la dernière de la bande qui n'a pas de cavalier !

- Ah bon ?

- Oui. Allez, accepte l'une des invitations que tu as reçues ! Ethan est aussi dans l'équipe de Lacrosse en plus !

- C'est le meilleur ami d'Henry et Henry Donovan me déteste ! Même si il m'a recrutée, il me fait payer la misère à chaque entraînement !

- Et Jonathan ? Il est super beau !

- Mais il est débile !

- Comme toi...

- Eh !

- Je rigole ! Bref, il reste Gareth ! Il est beau, intelligent, sportif et super gentil ! Et en plus, il est là-bas ! déclara Holly en pointant un coin de la cour où la plupart des terminales se regroupaient.

- Je ne vais pas aller en terrain ennemi ! grogna Prune. En effet, la brunette et les terminales n'étaient pas amis. Pour la plupart, ils avaient été victimes de ses blagues ou elle les avait battus au bras de fer.

- Je vais y aller pour toi ! décida Holly. Sans laisser le temps à Prune de répliquer, elle sautilla jusqu'au coin des terminales. Prune la vit prendre Gareth à part. Gareth faisait deux bonnes têtes de plus que la brunette, il avait des yeux d'un vert clair profond et des cheveux cendrés. Holly discuta avec lui puis elle rejoignit ses amies.

- Alors ? demanda Prune.

- Il a dit qu'il viendrait te chercher à vingt heures devant chez toi. déclara Holly avec un grand sourire.

- Tu m'énerve ! Je ne sais même pas danser ! râla sa meilleure amie en finissant son cheesburger.

- Je n'aurais jamais cru voir ma fille en robe ! s'exclama la mère de Prune en jubilant.

- Et coiffée ! ajouta son père.

- Taisez-vous, s'il vous plait ! soupira Prune. Elle portait une robe bleue nuit avec des paillettes, lui arrivant aux genoux. Elle avait regroupé ses cheveux bruns en un chignon légèrement décoiffé et s'était très légèrement maquillée à la demande de Lola. Cette dernière était dans la même classe que Gareth et avait fait des pieds et des mains pour que Prune soit parfaite.

- Allez, il t'attend ! déclara la blonde en poussant sa sœur à l'extérieur. Gareth était devant une voiture noire et sourit à la vue de Prune. Il la rejoignit à grandes enjambées et l'accompagna à l'intérieur de la jolie voiture noire.

- Tu es très jolie ce soir... hasarda-t-il alors qu'il se garait devant l'école.

- Euh, toi aussi ! bégaya la cadette. Il lui sourit puis ils entrèrent dans le gymnase, décoré spécialement pour l'occasion. Holly et Calum vinrent à leur rencontre

- Hey ! lança Calum. Ça va, mec ?

- Ouais et toi ? et les deux garçons continuèrent en parlant de la saison de lacrosse et de basket.

- Pourquoi t'es cachée ici ? demanda Camille à la brunette.

- J'aime pas cette fête...

- Et alors tu te cache sous le buffet ?

- Ne crie pas ! Je vais me faire repérer ! mais Camille ignora son amie et la tira de toute ses forces en dehors de sa cachette. Directement après, Gareth la remarqua et l'invita à danser. C'était une danse douce et tranquille, c'était un slow. Gareth, qui avait trois têtes de plus que Prune, était doux et gentil avec la jeune fille. Ils dansèrent quelques danses puis Gareth voulu se dégourdir les jambes et Prune l'accompagna.

- Gareth ?

- Oui ? répondit-il d'un ton las en fixant ses yeux verts sur le corps de la jeune fille.

- Pourquoi tu m'as invitée ?

- Parce que Jamie me l'a demandé. répondit le garçon sans détourner son regard de Prune.

- Quoi ? elle fulminait. Elle allait ouvrir la bouche quand Gareth la poussa violemment contre le mur et commença à vouloir l'embrasser. Il avait bloquer les poignets de la brunette avec ses mains et un sourire narquois naissait sur son visage. Prune se débattait, lui donnait des coups de pieds mais rien ne le dérangeait. Il embrassait son cou, ses joues, et toutes les autre parties de son corps qui étaient découvertes.

- Lâche-la ! hurla quelqu'un à la gauche de Prune. Cette dernière tourna la tête le plus qu'elle le pût mais ne vit personne.

- Oh non, je vais d'abord m'amuser un peu avec elle et ensuite je la donnerais à son frère pour qu'il se venge de la mauvaise blague qu'elle lui a fait. déclara Gareth. Prune ne vit pas de qui provenait le coup de poing que Gareth venait de recevoir mais elle en profita pour dégager ses poignets et commença à le frapper. Prune se laissa tomber à terre mais une paire de bras l'aidèrent à tenir debout.

- Je n'ai besoin de l'aide de personne ! grogna-t-elle en se dégageant. Elle tituba quelque instant et manqua de rechuter quand les bras la soutinrent de nouveau.

- Calme toi. Je sais que t'as besoin de l'aide de personne mais Batman aime bien aider les gens... déclara la voix de celui qui l'avait aidée.

- Batman ? la brunette eu un hoquet de surprise en voyant le reptile sauter sur son épaule depuis la manche d'Andrew. Elle sourit et caressa la tête du lézard qui émit un sifflement de contentement avant de se nicher dans son cou.

- Ça va ?

- Ouais... Ce n'est pas un gars comme Gareth qui va me faire peur !

- Je le pense bien !

- Mais... Comment tu as vu qu'on était dehors ?

- Batman... Ils m'ont mis dehors parce qu'il voulait boire du jus de fruit !

- Sérieusement ?

- Sérieusement.

- C'est de la discrimination ! Batman est un être vivant et surtout qu'il est bien plus intelligent que la plupart des personnes à l'intérieur de ce gymnase ! en entendant les paroles de la cadette, l'intéressé siffla de nouveau et lécha furtivement la joue de Prune.

- Lézard un jour, lézard toujours ! s'exclama Prune en riant.

- Je ne veux pas casser ton délire, mais c'est logique. Batman ne va pas se changer en vache dans dix minutes !

- Tu es un rabat-joie !

- Ah, vous voilà ! s'exclama Camille en voyant arriver Andrew et Prune. On se demandait où vous étiez passés ! Et où est Gareth ?

- Il est mort, déclara calmement Prune en enfilant un petit-four dans sa bouche.

- Quoi ? s'écria Holly avec des yeux terrifiés. Comment ça "mort" ?

- Mort. Décédé. Tout ce que tu veux... commença la brunette d'un ton las et calme.

- C'est une blague, la coupa Andrew tout aussi calmement.

- Tu vois ? Tu es un rabat-joie !

- Tes blagues sont nulles. Ce n'est pas de ma faute. Regarde la vérité en face, tu ne deviendra jamais humoriste !

- Vous pouvez vous calmez les amoureux ? demanda Calum en riant. Les deux intéressés se tournèrent vers lui en même temps.

- Amoureux, nous ? Pourquoi pas mariés tant que t'y es ? crièrent-ils à l'unisson, dans une synchronisation parfaite.

- Vous êtes pathétiquement mignons vous deux ! ponctua Holly avec un large sourire.

- Je vous signale qu'Andrew est venu avec moi ! scanda Olivia en lançant un regard noir à Prune.

- Peut être, mais toi t'es moche... grommela la brunette.

- Allez-y Prune. déclara le professeur de français.

- Mon exposé va vous présentez la gestation des baleines bleues depuis mon point de vue. commença la brunette dans un bon français.

- Ça promet ! murmura Holly à Calum et Andrew en souriant.

- Il y a toujours une maman baleine qui fait son chant d'amour et un papa baleine qui sort de son petit clan pour aller vers la maman baleine. Le papa baleine partage son plancton avec la maman baleine et ça fait pousser une algue dans le ventre de la maman baleine. Après, la maman baleine gonfle gonfle gonfle gonflé pendant dix à douze mois et un baleineau femelle ou mâle sort du ventre de la maman baleine par un processus plein de sang qu'on appelle plus communément "la boucherie" ! Excusez moi, je voulais dire "l'accouchement" ! Le baleineau que nous allons suivre s'appelle Alphonse. Donc, après, si notre baleineau mâle, Alphonse, est moche -et c'est le cas - il ne peut pas trouver de jolie baleine femelle. Donc Alphonse doit attendre de grandir pour voir si la vie lui offre un cadeau niveau beauté. Alors, quand il a enfin passé l'âge de la puberté, le jeune baleineau mâle peut enfin se trouver une jeune baleine femelle avec qui partager son plancton et le cycle de la vie continue. Voilà. déclara la jeune fille avec un grand sourire. Le reste de la classe et le professeur étaient restés bouche-bées.

- Prune ?

- Oui, monsieur ?

- Alors... Par où commencer ?

- Par le début, peut être. Ce sera sûrement plus pratique !

- Donc... le professeur expira un grand coup. Votre français était vraiment bon mais... Pourquoi avoir choisi ce sujet ?

- Parce que les baleines bleues, elles sont géniales !

- Bien... Je vous met un dix-neuf sur vingt pour l'originalité, le contenu et la langue bien parlée.

- Prune, chapeau ! Voilà tes vingts dollars... soupira Calum en tendant la liasse de billets à la brunette.

- Ne jamais lancer de défis à Prune ! On te l'a déjà dit combien de fois ? s'exclama Holly en riant.

- En plus, je gagne toujours ! déclara la brunette avec un sourire fier. Mais son sourire disparu quand Jamie, James et Gareth entrèrent dans la cafétéria. Elle n'avait pas peur d'eux mais elle n'aimait pas les voir si menaçants et sûrs d'eux. Andrew remarqua qu'elle fixait quelque chose et son regard se braqua directement sur la bande à Jamie. Et Gareth. Ce dernier tourna la tête dans leur direction et sourit. Le trio s'avança vers eux comme des lions avec leurs proies.

- Ah, mais voilà ma petite sœur préférée et ses meilleurs amis ! Halum, Colly et Andrew !

- Désolée mais c'est Calum et Holly ! Je suis désolée si tu es aussi illettré qu'une patate. expliqua Prune avec un sourire narquois.

- Je m'en fiche. Je veux juste avoir ma revanche sur cet idiot ! grogna Gareth. Bien évidemment, Prune et Andrew n'avaient rien dit à leurs amis alors Calum et Holly ne comprenaient pas grand chose.

- De qui il parle ? hasarda Calum.

- Ah, vous n'avez pas raconter à vos amis ?

- Raconter quoi ?

- Laissez moi leur expliquer ! ordonna Gareth avec un sourire carnassier. Le soir du bal, alors que nous étions sortit pour prendre l'air, le blondinet, il pointa Andrew, nous a attaquer et il a commencer à frapper Prune. Elle a même une marque sur le bras comme preuve...

- Quoi ? s'écria Andrew en se levant d'un bon. C'est faux ! Tu as essayer de la violer !

- Pardon ? demandèrent Holly et Calum en même temps, ne sachant plus qui croire. Prune, elle, regardait la scène qui se déroulait sous ses yeux d'un air détaché.

- Bien sur ! Pourquoi voudrais-je violer cette petite idiote alors que j'ai des tas de filles à mes pieds ? reprit Gareth.

- Gareth à bien tenter de me violer car Jamie lui avait dit qu'il pouvait s'amuser avec moi avant de me "livrer" à lui. Andrew est arrivé au bon moment et l'a frapper. annonça Prune d'un ton las. Sur ce, bon après-midi. elle se leva, prit ses affaires et s'en alla.

- Prune ? appela une voix quelque part à la gauche de la brunette. Elle se recroquevilla encore plus. Elle avait froid, elle avait faim mais elle ne craquerait pas. Après la discutions du déjeuner, elle était partie et avait séché les cours. Elle n'était pas rentrée chez elle. La brunette avait préféré s'enfuir dans les bois.

- Prune ? la voix se rapprochait. Des branches craquèrent et Andrew de retrouva face à la jeune fille. Ah ! Te voilà enfin ! On t'a cherchée partout !

Andrew raccompagna Prune chez elle et lui laissa Batman pour la nuit.

- Bonne nuit, dit doucement le blond en sortant par la fenêtre.

- Bonne nuit... marmonna la brunette en s'endormant.

- Prune ! Lève toi ! appela Lola.

- Laisse moi dormir... grogna sa cadette. On est samedi !

- Bon d'accord. Fais comme tu veux... soupira la grande blonde et elle s'en alla. Malgré ça, Prune n'arriva pas à se rendormir. Il était samedi et la jeune fille était exténuée par les événements de la veille. Batman était étalé sur son ventre et ronflait doucement en gigotant.

- Allez, lève toi, espèce de patate ! la brunette se releva, faisant rouler le lézard sur ses jambes. Il sortit de sous la couverture et rejoignit ils jeune fille.

- J'ai rêve qu'on m'anesthésiais pour le démontrer l'envergure de la crise économique ! déclara-t-elle au lézard. Un truc de fous !

Prune se leva entièrement et s'étira. Elle mît un pull en laine par dessus son débardeur et échangea son short contre un jogging beaucoup plus confortable. Elle ramena ses cheveux en un chignon décoiffé et attrapa Batman pour le poser sur son épaule.

Elle descendit tranquillement les escaliers mais le rez-de-chaussée était plongé dans la pénombre. Elle tâta le mur à la recherche de l'interrupteur mais Batman bondit de son épaule et s'engouffra dans le salon. Elle lui couru après mais se prit les pieds dans le tapis et faillit tomber mais une paire de bras la rattrapèrent.

- Mais... C'est qui ? hurla-t-elle. Au même instant, la pièce fut baignée de lumière et tout ses amis étaient devant elle, sauf Andrew qui l'avait rattrapée.

- Joyeux Anniversaire ! s'écrièrent-ils en chœur.

- C'est mon anniversaire ?

- Non, c'est celui de Batman ! Espèce de vache ! Bien sur que c'est ton anniversaire ! répondit Andrew.

- Oh toi le bipolaire ! Tu ferais mieux de te taire !

- Prune la reine des rimes qui en valent pas une ! ricana Calum. La concernée lui fit un sourire qui en disait long et elle se laissa tirer sur un pouf que lui présentait Holly.

- On a une surprise pour toi ! déclara sa meilleure amie. La mère de la brunette arriva avec un gros sac et le posa devant sa fille. Cette dernière le prit et l'ouvrit. Mais à la surprise de tout le monde, une tête grise en sortit. C'était un bébé raton-laveur.

- Mais vous êtes les rois des cadeaux ! s'écria Prune et prenant délicatement le jeune animal entre ses mains.

- Non... Qui a changé le cadeau ? demanda Calum.

- C'était censé être un nouvel ordinateur !

- Moi je l'aime bien Arnold !

- Arnold ?

- Bah ouais, Arnold ! répondit la jeune fille en leur montrant la tête du raton-laveur.


- Mais voyons Prune ! Sois raisonnable ! Tu ne peux pas garder cet animal ! s'exclama Victor.

- Mais j'aime beaucoup Arnold ! Et il m'aime aussi, je le sais !

- Prune, les ratons-laveurs n'ont pas de sentiments !

- Lola ?

- Quoi ?

- Est-ce que tu es un raton-laveur ?

- Non. Bien sûr que non !

- Alors comment sais-tu qu'ils n'ont pas de sentiments ?

- Prune ! la brunette fit un grand sourire et sortit tout de même l'ordinateur du sachet. Elle remercia ses amis puis ils s'installèrent au salon. Il y avait évidemment Prune, mais aussi Holly, Calum, Camille, Joe et Andrew. Victor, Lola et leurs parents étaient aussi là. Ils firent des jeux et mangèrent des chips puis, pendant la soirée, ils regardèrent un film. Prune avait gardé Arnold près d'elle durant toute la journée. Puis ils allèrent se coucher. Victor avait laissé sa chambre aux plus jeunes. Prune et Camille étaient sur le lit de cette dernière, Andrew et Joe dormaient par terre et le petit couple Holly-Calum dormait sur le lit de Victor.

Mais durant la nuit, Joe voulu aller dormir avec Camille. Ils réussirent à convaincre le blond d'échanger sa place avec Camille et il se glissa donc dans le lit de Prune qui dormait à points fermé, Arnold serré contre son torse. Andrew ne tarda pas à rejoindre lui aussi le train du sommeil.

- Oh regardez ! Ils sont si mignons ! s'exclama Camille.

- Ils iraient tellement bien ensemble ! déclara Holly.

- Ils se taperaient dessus à longueur de temps ! renchérit Calum en riant.

- Vous pouvez vous taire ? grommela la brunette en se retournant dans le lit. Mais elle buta contre Andrew ce qui les fit rouler tout deux par terre et ils s'écroulèrent, entraînant leurs amis dans la chute.

- Mais ça va pas ? Pourquoi vous avez fait ça ? hurla Andrew en se relevant.

- Arrête hurler ! cria Prune à son tour.

- Non mais ! C'est à cause de toi !

- Mais arrête ! C'est faux ! C'est ta faute !

- Mais non !

- Si ! Qu'est-ce que tu faisais dans mon lit ?

- Camille a échangé sa place avec moi !

- Camille !

- Quoi ?

- Pourquoi tu as fais ça ?

- Je... Je ne sais pas...

- Ah mais vous avez tous décidés de nous embêter dès le matin ? s'écrièrent Prune et Andrew à l'unisson avant de quitter la pièce en claquant la porte, chacun leur tour

- Et bien, bonjour les jeunes ! s'exclama le père de la brunette quand cette dernière et le blond entrèrent dans la cuisine. Où sont les autres ? Vous avez bien dormi ? Prune lui lança un regard noir et se coucha à moitié sur la table de la cuisine, renversant, au passage, la corbeille de pain et faisant tomber un paquet de céréales.

- Prune ! Tu devrais faire plus attention à ce qui est autour de toi, et être plus gentille ! Nous avons des invités ! sermonna sa mère. Bon, aujourd'hui, nous allons à la piscine ! annonça-t-elle finalement quand tout le monde fut descendu.

- La piscine ? s'exclama Prune en relevant la tête violemment, ce que refit tomber la corbeille de pain. Je n'aime pas la piscine ! Y'a que des vie... Des personnes âgées qui font des barbotages et du papotage.

- C'est pour ça que nous allons dans un parc aquatique ! Et nous camperons aussi là-bas ! répondit la mère de la brunette avec un large sourire. Il y eu des exclamations de joie autour de la table, un grondement de plaisir de la part d'Arnold qui s'était remplie la panse avec le pain et le jambon et un sifflement de mécontentement de Batman qui n'aimait ni la piscine, ni les parcs aquatiques et encore moins le camping.

Deux heures plus tard, tout le monde était près à partir. Ils s'étaient répartis en trois voitures. Une première avec la mère de Prune, Prune, Holly et Camille. Une seconde avec le père de Prune, Andrew, Calum, Victor et Joe. Et la troisième avec Lola, Jamie et des amis à Jamie qui devaient les rejoindre. Ils démarrèrent donc et s'engagèrent sur la route. Le trajet durait trois bonnes heures et tout le monde était euphorique. Ils riaient, chantaient ou dormaient. Quand ils arrivèrent à l'hôtel, chacun couru dans sa chambre, clé en main, pour choisir son lit. Il y avait Prune, Holly, Calum, Andrew, Camille et Joe dans une chambre avec trois lits superposés. Les parents de la brunette avaient leur propre chambres et les aînés et leurs amis en avait une autre.

- Je prend le dernier lit du haut ! hurla Prune en se jetant sur l'échelle. Mais elle se fit éjecter par Andrew. Elle sauta sur le dos du blondinet et réussi à atteindre le lit. Elle s'agrippa à la rambarde mais Andrew la tira violemment. Elle failli tomber mais se retint à Andrew et il tombèrent durement au sol.

- Vous avez pas fini ? demanda Holly en rangeant sa valise. Andrew tourna la tête, s'apprêtant à lui répondre mais à ce moment là, Prune sauta sur l'échelle et se jeta sur le matelas.

- J'ai gagner ! hurla la jeune fille avec un grand sourire. Merci Holly !

- De rien ! répondit la rousse avec un grand sourire.

- Vous allez me le payer ! grogna Andrew en se rabattant sur le lit du bas. Il sortit son maillot de bain de sa valise et alla se changer, imité rapidement par Prune et les autres.

Leur hôtel était très classe. Il y avait un restaurant panoramique sur le toit, une salle d'arcade dans les sous-sol, un casino au dernier étage, une piscine, plusieurs jacuzzi, des bains thermaux et même une salle de fitness.

- Le dernier à l'eau est une vache plumée ! s'exclama Prune en se jetant dans la piscine de l'hôtel.

- Prune, les vaches ont des poils... Pas des plumes... répliqua Andrew en secouant la tête.

- T'es le dernier ! T'as perdu ! Espèce de vache !

- Non, mais ça va pas ? Pourquoi tu me traite de vache ? il sauta dans l'eau et commença à couler la brunette.

- Ils me désespèrent... soupira Holly avec un petit sourire.

- On est deux ! ajouta Camille. Au même moment, Joe et Calum rejoignirent Prune et Andrew dans la piscine.

- Les enfants ! Arrêtez de patauger et venez, on va vous expliquer le programme de la semaine. les adolescents s'approchèrent et écoutèrent attentivement la mère de Prune. Alors, on va d'abord rester deux jours ici puis direction le parc aquatique et le camping !

- Cool !

- On va s'éclater !

- Génial ! s'écrièrent-ils avant de retourner dans l'eau.

Ils passèrent la journée à s'amuser dans la piscine ou se reposer sur les transats en lisant des magasines. Arnold et Batman se couraient après autour de la piscine et dans l'hôtel. Les parents de Prune partirent visiter le village et les amis de Jamie arrivèrent. Malheureusement pour Prune, lesdits amis de son frères étaient Dave et Lara Gerty. Lara était la sœur de Dave et elle détestait Prune. Pour la simple raison que la brunette avait une fois remplacé son vernis à ongle rose par une couleur douteuse et d'autant plus résistante au dissolvant. De plus, Lara semblait vouer un amour secrètement fou pour Jamie, ce qui agaçait la jeune fille qui ne comprenait pas comment on pouvait aimer un garçon comme ça. Ils ignorèrent les plus jeunes durant tout l'après-midi et même le soir, au dîner, ils ne leur parlèrent pas du tout, ce qui fit plaisir à Prune.

- Bonne nuit ! dit Holly avant de sombrer dans un sommeil profond. Rapidement, tout les adolescents présents dans la pièce s'endormirent mais Prune se réveilla à cause de bruits étranges. En effet, Andrew était au milieu de la pièce et fouillait les valises.

- Eh, ma valise ! Ne fouille pas dedans ! chuchota-t-elle en se jetant à moitié sur lui. Andrew l'ignora royalement et continua à fouiller dans les autres valises. La brunette le secoua dans tout les sens en attendant qu'il lui réponde.

- Batman a disparu ! annonça gravement le blond avec un regard noir. Et Arnold aussi...

- Alors on va les chercher ! s'exclama Prune.

- Comment ça ? Maintenant ?

- Ouais ! répliqua la brunette en enfilant un short. Elle passa une paire de chaussures et un pull en laine sur son débardeur. Andrew la regarda avec des gros yeux. Elle s'activait autour de son sac à dos, ajoutant de la nourriture et des vêtements de rechange.

- Prune, c'était une blague ! répliqua le blondinet en s'écrasant au sol, se tenant les côtes.

- Quoi ? Mais tu m'as fait super peur ! Tu es vraiment nul ! râla la jeune fille. Elle lui lança son sac à dos sur la tête et retourna se coucher. Andrew, au lieu de l'imiter, ramassa son sac à dos, s'habilla et sortit de la pièce.

Le lendemain, quand Prune se réveilla, tout les autres étaient déjà debout.

- Bonjour ! lança-t-elle, enthousiaste, à Holly qui passait dans la chambre.

- Tu n'as pas vu Andrew ?

- Non, pourquoi ?

- Il à disparu. Batman et Arnold aussi d'ailleurs.

- Quoi ? la brunette s'étrangla et tomba lourdement de son lit. Elle fouilla la pièce du regard. Effectivement, son sac avait disparu et aucune trace d'un quelconque lézard ou raton-laveur.

- Oh mon dieu ! Mais qu'il est bête ! La prochaine fois que je le vois, il va tâter de mes poings...

- Mais de quoi tu parles ?

- D'Andrew ! Hier soir il m'a dit qu'il rigolait mais c'était sérieux ! Il rigolait pas !

- Quoi ?

- Oublie ! lança la jeune fille à sa meilleure amie alors qu'elle finissait de s'habiller. Elle attrapa le sac à dos d'Andrew, vu qu'il lui avait prit le sien, et sortit de l'hôtel en trombes. Elle se dirigea vers la forêt bordant le village, se disant que si un raton-laveur et un lézard s'échappaient, ils iraient forcément par là. Elle marcha pendant une bonne demie heure avant de s'affaler au pied d'un arbre, épuisée.

Alors qu'elle regardait autour d'elle en sirotant du thé et mangeant des biscuits, des bruits se firent entendre. Andrew passa devant elle en courant à perdre haleine et la dépassa. Prune se leva d'un coup et rangea rapidement ses affaires.

- Andrew ! hurla-t-elle en courant pour le rattraper. Elle courait toujours en cherchant où il avait bien pu passer quand elle se fit tuer violemment entre deux arbres, s'écorchant au passage le visage et les bras.

- Mais t'es malade ! s'exclama-t-elle quand elle vit le sourire d'Andrew qui semblait presque mort de rire. Pourquoi tu courais comme ça ? Tu étais où ? Où sont Arnold et Batman ?

- Oh, Arny et Batman vont bien ! Ils sont rentrés à l'hôtel...

- Alors pourquoi tu courais ?

- Parce que dans cette forêt, y'a des loups. déclara-t-il, très sérieusement.

- Bien sûr ! répliqua la jeune fille. Elle se dégagea de l'espace des arbres et sortit sur le sentier. Une fraction de secondes plus tard, un filet de bave coulait de la gueule d'une énorme bête noire qui n'hésitait pas à mettre tout son poids sur la brunette.

- Prune ! hurla la voix d'Andrew à la gauche de la concernée. Cette dernière esquissa un sourire et donna un coup de genou dans le ventre de l'animal qui gémit mais ne lâcha rien de sa prise. Andrew prit une branche et l'enfonça dans les flans du loup qui dégagea un peu Prune. Ce qui permit à la brunette de se dégager complètement et rejoindre Andrew. Ils se mirent à courir mais Prune avait de l'asthme et son inhalateur était resté à l'hôtel.

- Je vais pas pouvoir continuer... souffla-t-elle au blond. Ce dernier ne répondit pas mais fit volte face, attrapa la jeune fille et reprit sa course. Ils débouchèrent enfin sur la route principale, manquant de se faire heurter par une jeep.

- Mais vous êtes fous ? demanda le conducteur.

- Mon amie est blessée et elle fait une crise d'asthme ! Il y a un loup dans cette forêt ! s'exclama Andrew et comme pour appuyer des dires, le loup sauta sur la route mais il dérapa et tomba dans un fossé.

- Montez ! Vite ! s'écria le conducteur. Ils repartirent rapidement vers le village et ils emmenèrent Prune à la clinique.

- Je vais appeler ses parents ! annonça Andrew au médecin.

- Oh Prune ! Ma chérie ! s'écria la mère de la brunette.

- Oh, c'est bon hein ! Ça va !

- Non, ça ne va pas ! s'exclama Lola. Toi et Andrew vous vous êtes fait pourchassés par des loups !

- Et alors ?

- Prune... soupira Victor avant de rire doucement.

- Où sont Andrew, Batman et Arnold ?

- Andrew est rentré à l'hôtel avec Batman et Arnold.

- Ah. D'accord. Je pensais qu'il était blessé...

- Tu t'es inquiétée ? s'étonna Lola.

- Mais non, ne dit pas n'importe quoi, Lola ! répliqua la brunette. Bon, on rentre à l'hôtel ?

- Allons-y !

Le soir même, ils étaient tous réunis à table et mangeaient goulûment. Les parents et Lola parlaient politique, Jamie et ses amis jouaient aux cartes et les plus jeunes discutaient.

- Prune ? demanda Holly.

- Quoi ? répondit la concernée en avalant ses patates.

- C'est vrai que tu t'es inquiétée pour Andrew ? continua-t-elle malicieusement.

- Mais non ! Je vous l'ai déjà dit ! s'énerva la brunette. Elle se leva de table et remonta dans sa chambre.

- Prune ? demanda une voix alors que la brunette était en train de s'endormir.

- Quoi ?

- Tu ne t'es même pas inquiétée un peu pour moi ?

- De quoi tu parles ? marmonna la brunette. Andrew monta sur l'échelle et regarda Prune en rigolant.

- T'es trop drôle !

- Pourquoi tu dis ça ?

- Tu veux même pas dire que tu t'es inquiétée pour moi !

- Bah voilà, oui ! Je me suis inquiétée pour toi ! T'es content ?

- Très.

- Eh Prune ! Regarde ! s'exclama Calum alors qu'il sautait depuis le plongeoir posté à huit mètres au dessus de l'eau. La brunette ricana et regarda son meilleur ami faire un plat phénoménale.

- Tu es vraiment nul, Calum ! Laisse faire les pros ! hurla-t-elle avant de faire un saut périlleux. Elle entra dans l'eau sans faire presque aucun bruit.

- Je m'incline... soupira Calum.

- Les faibles s'inclinent, les forts dominent ! chantonna la jeune fille en sortant de l'eau. Elle alla s'avachir sur un transat à côté d'Holly et Camille pendant que les garçons essayaient de se couler.

- Les jeunes ! On va y aller ! Monter vous changez ! ordonna Lola.

- On va au parc aquatique ! On va au parc aquatique ! On va au parc aquatique ! chantonnèrent les adolescents.

- Taisez-vous où on vous attache à l'entrée !

- D'accord...

- Bon, on va se diviser en deux groupes. Les filles et les garçons. Après, à l'intérieur vous ferez ce que vous voulez. Holly, Camille et Prune se regardèrent avec de grands sourires et se dépêchèrent de sortir de la voiture. Les garçons n'étaient pas encore arrivés dans l'entrée que les filles étaient déjà aux vestiaires.

- Je veux faire le toboggan noir ! s'exclama Prune.

- Je préfère le rose... gémit Camille.

- Faisons le rouge ! Il est génial !

- Okay ! s'exclamèrent Camille et Prune. Les trois filles se dépêchèrent de trouver des transats et attendirent Joe, Calum et Andrew.

- On fait des groupes de deux pour les toboggans comme ça personne est jamais tout seul ? proposa Joe.

- D'accord ! s'exclama Holly. Je vais avec Calum !

- Et moi avec Camille ! s'écria Joe.

- Bon. Je crois qu'on se retrouve ensemble. constata Andrew.

- Ouais. ils suivirent leurs amis jusqu'au toboggan bleu.

- Bon, vous y allez d'abord ? dit Camille à son frère et Prune. Les deux concernés acquiescèrent et s'installèrent dans la bouée. Prune derrière et Andrew devant. Et ils firent la descente. Quand ils arrivèrent en bas, ils décidèrent d'attendre leurs amis avant de remonter mais ils eurent beau attendre et attendre, ils ne descendirent pas.

- J'ai faim... se plaignît la brunette.

- On est deux ! ajouta Andrew. Ils allèrent donc chercher des frites et qu'elle ne fut pas leur surprise de voir leurs amis assis au bar en train de siroter des boissons.

- Non, mais ! Vous étiez où ? s'énerva Prune. On vous a attendu !

- Désolée... dit simplement Holly avec un grand sourire.

- Holly ! A quoi tu joues ?

- Mais à rien... répondit la rousse, toujours souriante. C'en fut trop pour la brunette qui, ayant le sang chaud, s'énerva et partit.

- Prune ! Tu nous as fait peur ! s'exclama la mère de la jeune fille.

- Désolée...

- Pourquoi es-tu partie ?

- J'étais... Fatiguée.

- Tu aurais au moins pu nous prévenir !

- Désolée... soupira la cadette.

- Bon, en voiture ! Direction le camping !

- Ouais ! s'écrièrent les jeunes en entrant dans les voitures.

- Je ne veux pas de filles et de garçons ensemble ! Compris ? Et nous allons faire nous même les groupes des tentes ! s'exclama le père de Prune à toute la bande. Alors, Holly et Prune dans la rose, Camille et Lola dans la violette, Calum et Andrew dans la verte, Victor et Joe dans la bleue, Dave et Lara dans la grise et Jamie tout seul dans la rouge.

- Mais... commença Jamie.

- Pas de "mais" jeune homme ! ordonna la mère des Holloway. L'aîné râla mais alla ranger son sac dans ladite tente rouge.

- Je vous jure que je vais ramener plein de filles ! Juste pour vous énervez ! s'exclama-t-il sans voir le regard peiné de Lara qui avait tant d'amour à revendre pour Jamie.

- Allez Prune ! S'il te plaît !

- Attend, explique moi de nouveau. Je suis pas sûre d'avoir tout compris...

- Lola va aller avec Lara dans la rose, Calum va me rejoindre dans la violette, Joe et Camille veulent dormir ensemble dans la bleue donc, Andrew, Victor et toi devez vous mettre d'accord pour que deux d'entre vous dorment ensemble dans la bête et un tout seul avec Dave dans la grise.

- Mais pourquoi ?

- Parce que c'est le plan !

- Bon d'accord... Alors je dors avec Victor !

- Non, avec Andrew. Parce que Victor a dit qu'il était sûrement le seul que Dave pouvait supporter sans vouloir le frapper toutes les deux secondes.

- Okay... soupira la brunette et elle alla déjà mettre discrètement son sac dans la tente verte.

Andrew n'était pas là. Tout comme les autres, il était partit se baigner à la rivière qui bordait le camping.

Prune décida de profiter du calme qui régnait et du frais de l'après midi pour faire une sieste avec Arnold. Elle coucha donc le petit raton-laveur à côté d'elle et se mît à plat-ventre. Alors qu'elle s'endormait doucement, elle sentit Batman lui grimper dessus et l'instant d'après, elle n'avait plus de coussin. Elle se releva en sursaut et sortit en trombes de la tente. Elle vit son oreiller et le lézard partir en direction de la cascade qui marquait la fin de la rivière. Elle voulut courir mais son asthme l'en empêchant, elle dut se résoudre à le suivre en marchant rapidement. Alors qu'elle se disait qu'elle n'avait jamais cru devoir courir après un lézard voleur de coussin, elle arriva sur la corniche qui surplombait la cascade. Elle vit ses amis qui essayaient de se couler et les autre qui discutaient au bord du bassin. Mais la corniche n'était pas stable.

Effectivement, perdue dans ses pensées et trop occupée à suivre un lézard analphabète, aucun des deux n'avaient vu le panneau qui interdisait son accès. Le bord commença à s'effriter et Prune ne le vit que trop tard, quand elle chuta de plusieurs mètres pour arriver dans le courant de la cascade qui la maintint sous l'eau. Elle n'arrivait pas à regagner la surface et n'avait pas assez de souffle pour rester trop longtemps en dessous de la surface. Et Prune vit son monde s'agiter avant de perdre connaissance.


- Comment ça "juste perdu connaissance" ? s'écria une voix douce que la brunette ne connaissait que trop bien.

- Oui, votre fille a juste perdu connaissance. Vous avez eu de la chance. Malgré qu'elle ai la jambe cassée, tout va bien.

- Bon, j'abandonne avec vous. Vous êtes trop optimiste comme personne ! marmonna le père de la jeune fille.

- Eh regardez ! Elle se réveille ! s'exclama doucement une voix qu'elle avait plus de peine à discerner. Était-ce la voix de Calum, de Joe ou peut être celle d'Andrew ? Prune ouvrit les yeux et vit la tête du blond penché par dessus elle.

- Salut, ça va ?

- Ça pourrait aller mieux... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Tu étais sur la corniche au dessus de la chute d'eau et tu es tombée. Après tu étais sous l'eau et ta jambe a violemment percuté des rochers. Et tu t'es écorchée un peu partout mais rien de grave. annonça Lola avec un grand sourire. En plus, tu ne serais plus avec nous si Andrew ne t'avais pas sortie de l'eau !

- Ah, bien merci Andrew !

- De rien... dit le blond en se grattant l'arrière du crâne, en rougissant un peu. L'infirmière revint dans la pièce avec une paire de béquilles et un fauteuil roulant.

- On a dû te mettre une attelle à la jambe. Tu t'es déplacé les os. Tu as le choix entre les béquilles ou le fauteuil roulant.

- Les béquilles ! répondit Prune derechef.

- D'accord ! Tu devras garder cette attelle pendant trois mois et tu iras à l'hôpital de ta ville pour te la faire enlever. On a donner des copies des documents à tes parents et on a envoyer les autres à ta ville. Bon retour !

- J'ai mal à la jambe ! Et j'aime pas être lente ! râla la jeune fille alors que tout le monde avançait devant. Andrew s'arrêta et attendit qu'elle arrive à sa hauteur.

- T'aurais du prendre le fauteuil, j'aurais pu te pousser ! Là je ne peux rien faire d'autre que de te porter...

- J'ai pas besoin d'aide ! s'exclama la jeune brunette.

- T'es toujours aussi bornée toi, hein... Allez, laisse moi t'aider ! et sans attendre sa réponse, Andrew fit monter la brunette sur son dos et ils dépassèrent les autres en courant.

- Laisse moi descendre !

- Non.

- Laisse moi descendre tout de suite, Andrew !

- Non, non et non !

- Laisse moi descendre Andrew Jake Osborn !

- J'ai mal à la jambe, laisse moi descendre... supplia-t-elle. Le blond s'arrêta et permit à la brunette de descendre, d'attraper ses béquilles et de trottiner le plus rapidement possible jusqu'à la tente.

- Bon, il se fait tard ! Prune, si tu as faim il y a des biscuits dans ta tente. annonça la mère de la brunette qui l'avait rattrapée sans peine, ce qui découragea la jeune fille. Puis ce fut l'extinction des feux ! tout le monde se glissa à l'intérieur de sa tente assignée mais peu après, ils déménagèrent tous.

- Y'a pas de biscuits dans ta tente ? demanda la jeune fille à Andrew.

- Non, malheureusement...

- J'ai faim...

- On est deux ! Batman ? Va chercher les biscuits ! ordonna le blond à son lézard. Ce dernier se glissa en dehors de la tente et revint peut après avec un paquet de biscuits aux chocolat.

Andrew et Prune regardèrent un film et jouèrent aux cartes toute la nuit, grignotant les provisions que leur apportaient le lézard et Arnold.

- Prune ? demanda soudainement Andrew, interrompant leur bataille de carte.

- Ouais ? répondit la jeune fille, la bouche pleine de chocolat.

- Je crois que je t'aime bien... avoua-t-il en se grattant le crâne.

- On est deux... murmura la brunette, les joues rouges, et ils continuèrent leur partie.

Le lendemain matin, les deux étaient gênés et s'évitèrent. Bien évidemment, Holly étant une vraie fouineuse, réussi à trouver la cause de leur malaise et concocta un plan machiavélique qui consistait à faire qu'ils ne soient plus que tout les deux tout le temps durant toute la fin de leurs vacances. Et bien évidemment, son plan fonctionna.

À la fin des vacances, Prune n'avait plus de gène à déposer de temps en temps un baiser sur la joue d'Andrew et de se laisser tomber dans ses bras. Quand le jour du départ fut arrivé, les voitures n'étaient plus vraiment comme à l'allé. La mère de Prune, Holly, Calum, Andrew et Prune dans une voiture ; le père de Prune, Lola, Victor, Camille et Joe dans une autre et ceux restant dans la dernière. Ils arrivèrent bien plus rapidement chez eux et la fin de l'année scolaire se passa bien. Andrew et Prune n'avaient pas peur de se balader main dans la main dans les couloirs.

Prune était assise sur le perron, regardant ses parents charger le camion de tout leurs souvenirs. Holly était venue lui dire au revoir la veille et Prune savait pourquoi. La rousse détestait les adieux et elle n'aimait pas pleurer devant les gens. Calum était passer dans la matinée avec Camille, Joe et Olivia. Et elle n'avait pas eu de nouvelles d'Andrew.

- Eh, bouge toi Prune ! ordonna Jamie. La brunette alla s'asseoir sur la balancelle, toujours l'air rêveur. Elle ne vit pas Andrew arriver mais elle s'en rendit compte quand il déposa un baiser sur sa joue.

- Oh, salut !

- Ça va ?

- Pas vraiment... répondit la jeune fille en se blottissant dans les bras du blondinet.

- Ça va aller ! déclara ce dernier en la serrant un peu plus fort. On pourra se voir pendant les vacances et le week-end !

- Si tu le dis...

- Aller, j'ai un cadeau pour toi ! il la mît face à lui et lui tendit une petite boîte carrée en carton entourée d'un ruban rouge et d'une boîte avec des petits trous. Tu n'as le droit de l'ouvrir que quand tu seras dans la voiture !

- D'accord... dit la jeune fille en esquissant un sourire. Andrew l'embrassa sur le front puis l'accompagna jusqu'à la voiture.

Il la laissa monter à l'intérieur et referma la porte. Prune tenait ferment la boîte calée sur ses genoux et regarda Andrew devenir de plus en plus petit à mesure que la voiture s'éloignait. Elle se décida à ouvrir la mystérieuse boîte et tomba sur un adorable petit lézard ressemblant en tout points à Batman. Il y avait aussi une carte.

« Eh, la brune ! Je te présente Joker. C'est un dragon barbu, comme Batman ! Si tu le dresses bien, il deviendra comme ce cher lézard analphabète et voleur d'oreiller un peu stupide mais attachant qu'on aime bien et ce sera génial. Je ne suis pas doué pour les lettres et les adieux, je voulais te dire que tu va me manquer et que tu seras toujours ma névrosée des bovins favorite !

À un de ces jours, ton psychopathe bipolaire»

Prune. Prune elle n'est pas studieuse. Prune elle n'est pas calme. Prune elle n'est pas envieuse. Prune elle n'est pas stupide. Prune elle n'est pas parfaite. Prune elle n'est pas rien. Prune elle n'est pas nulle. Prune elle n'est pas égoïste. Prune elle n'est pas faible. Non, Prune n'est rien de tout ça. Prune est tout le contraire. Prune est juste amoureuse.

Amoureuse de Caleb. Amoureuse d'Andrew. Dans l'équation, il y en a, malheureusement, un de trop. Prune saura-t-elle choisir ?

Prune n'est pas sûre de ces choix.

Prune a peur de blesser les gens.

Prune elle est simplement comme ça.


– Prune ! Dépêche ! On va être en retard !

– J'arrive, Victor ! J'arrive ! la brunette enfila sa deuxième chaussure, lança un regard à son reflet dans le miroir et se hâta de rejoindre son frère en bas de l'escalier. Les vacances d'été venaient de se terminer et déjà ils reprenaient les cours. Prune avait obtenu une bourse dans une école d'art de la ville, Victor travaillait dans un magasin de disques, Lola travaillait avec leur mère dans la pâtisserie familiale tandis que Jamie était parti à l'université. Ce jour-là, Prune avait rendez-vous avec Joe Marks et Calum Banks car eux aussi allaient à la "Grande École des Arts en Tous Genres" abrégé par la G.E.A.T.G. ou Géa. Quoi qu'il en soit, Prune était en retard et ses amis l'attendaient depuis quinze minutes devant le grand bâtiment bleu clair.

– Enfin ! râla Calum. On t'attend depuis un quart d'heure !

– Désolée, je me suis pas réveillée...

– C'est pas grave ! Ça arrive à tout le monde ! dit Joe en souriant.

– Bon, on y va ? On va être en retard ! Enfin, on va encore plus l'être !

– Calum, ne déverse pas la rancune que tu as contre Holly sur moi. Ce n'est pas moi qui t'ai plaqué ! lança Prune en passant devant les deux garçons.

En deux ans, bien des choses avaient changées. Peut-être était-ce bien ? Peut-être ne l'était-ce pas, qui sait ?

Ils commençaient l'année par la petite cérémonie d'ouverture puis étaient répartis dans leurs différentes classes. Joe, Calum et Prune étaient tous dans une classe différente mais cela ne les dérangeait pas vraiment. À l'époque du lycée, ils auraient râlé et traîné des pieds pour aller en cours mais ils avaient grandi et mûri. Enfin, cela restait à voir.

Prune alla retrouver ses amis dans la salle de photographie — leur premier cours de la journée — et ils parlèrent de leurs vacances. La brunette discutait avec une fille nommée Léa quand elle l'aperçut. Son sourire s'élargit et elle courut jusqu'à lui avant de l'embrasser.

– Caleb ! Tu m'as tellement manqué pendant l'été ! s'exclama-t-elle en restant pendue au cou de son petit ami.

– Toi aussi Pruny, tu m'as horriblement manquée ! le garçon l'embrassa de nouveau puis replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. Et oui, beaucoup de choses avaient changées...

Prune avait effectivement réussi à "oublier" Andrew Osborn, son ancien petit ami, en s'accrochant à Caleb. Elle l'avait rencontré durant les portes ouvertes de l'école et, directement, ils s'étaient sentis bien l'un en compagnie de l'autre. Comme poussé par le destin, Joker s'était enfui peu après. Ils avaient passé toute une année à se courir autour, durant leur deuxième année ils étaient sortis ensemble et voilà qu'ils passeraient de nouveau une année ensemble jusqu'à la remise des diplômes. Par la suite, ils avaient planifié de s'en aller faire un voyage à l'étranger. Et oui, ils étaient vraiment très amoureux.

Caleb avait rencontré Prune quand elle n'était qu'une épave. Elle pleurait toutes les nuits, grignotait sans cesse et s'enfermait dans sa chambre tout le temps. Pendant cette période, le couple de Holly et Calum avait aussi commencé à battre de l'aile. On peut dire que l'adolescence n'est vraiment pas une période facile...

Puis elle fit la rencontre de Caleb et elle remonta la pente. Tout le monde s'était mis d'accord pour dire que Prune était bien mieux avec Caleb qu'avec Andrew.

La journée passa sans encombres, ils enchaînèrent les cours puis, quand il fut venu l'heure de rentre chez eux, Caleb raccompagna Prune chez elle. C'était comme ça, leur routine. Un couple ordinaire dans une vie ordinaire. Pas de lézards, pas de pyjamas, pas de bagarres, rien. Prune était devenue plus posée, elle passait son temps à étudier et s'était mise au piano et la guitare. Ce changement soudain avait étonné ses parents mais ils s'étaient dit qu'elle avait juste mûri. En réalité, personne n'avait pensé que c'était tout simplement parce qu'Andrew lui manquait. Et même si elle aimait beaucoup Caleb, Andrew occupait la plupart de ses pensées...

Prune était dans les bras de Caleb tandis qu'ils regardaient un film romantique. La brunette n'aimait pas vraiment ça. Elle préférait les films d'action ou d'horreur mais si son copain aimait ça alors elle avait décidé de regarder. Prune aurait pu décrocher la lune pour satisfaire Caleb. C'était important pour elle qu'il soit heureux et bien avec elle.

Quoi qu'il en soit, le garçon était mort et la fille pleurait toutes les larmes de son corps tandis que Prune baillait.

– Tu es fatiguée mon cœur ? demanda Caleb en lui caressant le dos de la main.

– Hein ? Euh, oui. Assez beaucoup...

– Tu veux dormir ?

– Non. Ça va aller... Je vais aller nous chercher à manger ! le garçon acquiesça et Prune sortit de la pièce.

Elle descendit les marches en trottinant et se rendit dans la cuisine. Elle s'arrêta un instant et fixa la fenêtre avant de voir un éclair blanc et vert surgir de nul part. La brunette sursauta et prit un paquet de biscuits et une brique de jus de fruit avec des verres avant de remonter pour rejoindre Caleb. Elle se lova dans ses bras et ne tarda pas à s'endormir après avoir bien entamé les biscuits.

Quand elle se réveilla, il était sept heures. Elle soupira, se leva et alla dans la salle de bain. Elle prit une douche, se débarbouilla le visage, coiffa ses cheveux et s'habilla puis elle rejoignis ses parents et Caleb qui déjeunaient.

– Bonjour ! s'exclamèrent-ils en chœur.

– 'Jour ! répondit la jeune fille en prenant un toast et en le tartinant de Nutella.

– Pruny ? T'as pas oublié hein, aujourd'hui on doit venir déguisés pour les affiches de carnaval !

– Fichtre... J'ai pas de déguisement !

– On a qu'à y aller en kigurumi !

– Pas bête. Bon, je vais chercher le mien et on passe chez toi après pour prendre le tien, okay ?

– Yep ! la jeune fille couru donc à l'étage et pris son kigurumi, le mis et redescendis. Son kigurumi était une petite licorne violette et blanche avec des ailes dans le dos et celui de Caleb était le même mais en vert et blanc. Elle attrapa son sac de cours et rejoignis Caleb dans sa voiture. Arrivés devant l'école, Prune crût encore avoir aperçu l'éclair blanc et vert de la veille mais elle se contenta de penser qu'elle se faisait des idées.

– Eh, salut ! leur lança Joe en s'approchant d'eux. Il était déguisé en "Lancelot du Lac".

– Yo !

– Les gars, j'ai une blague !

– Vas-y...

– Alors, tu prends un seau, tu va dans un lac, tu prends de l'eau dans le seau et tu lances l'eau du lac ! Lancelot du lac ! il était partit en plein fou-rire tandis que ses amis le regardait, désespérés. Calum arriva, déguisé en Harry Potter.

– Wouaw ! J'adore vos déguisements, ils sont tellement cools ! s'exclama une voix derrière eux.

Prune se raidit, ayant peur de se retourner et les regards de Joe et de Calum ne l'encouragèrent pas. Pourtant, elle prit son courage à deux mains et fit face au visiteur. Elle le détailla rapidement, des pieds à la tête. Toujours les mêmes chaussures usées, la même dégaine un peu nonchalante, un de ces t-shirts trop grands, un lézard sur la tête, un poulet sur l'épaule et les mêmes bouclettes. Ses yeux noirs, profonds, la fixait tendrement et sa bouche formait un large sourire.

– Salut ! lança-t-il en souriant à la brunette. Cette dernière était sur le point de tomber dans les pommes.

– Salut... Andrew... marmonna la jeune fille en faisant un sourire forcé. À l'entente du nom, Caleb se rapprocha de sa petite-amie et passa un bras autour de sa taille.

– Euh, c'est qui ? demanda Andrew à Prune.

– Euh, Andrew je te présente Caleb ! balbutia Prune en tentant de garder son sourire. Malheureusement, son sourire disparu rapidement quand le poing d'Andrew alla s'écraser se le nez de Caleb.

– Oh mon dieu ! s'exclamèrent Joe et Calum en même temps avant de se jeter sur Andrew tandis que Prune emmenait Caleb à l'infirmerie.

– Donc voilà le fameux Andrew. Il se balade avec un lézard et un poulet et s'amuse à frapper les gens. Super comme petit-copain. Heureusement qu'il s'est barré de ta vie !

– Euh... Il est pas comme ça d'habitude ! Il est juste un peu bipolaire...

– Et psychopathe... marmonna Caleb tandis que l'infirmière scolaire lui mettait un pansement sur le nez.

Prune pouffa intérieurement: c'était le surnom qu'elle donnait à Andrew avant. "Le psychopathe bipolaire". Et maintenant... Maintenant... Qu'était-il venu faire ici ? Pourquoi était-il dans son école ? Cela l'angoissait. Était-il de retour pour de bon ou pas ?

Quand ils revinrent en classe, le professeur principal expliquait déjà le déroulement de la fête de carnaval. Ils allèrent s'asseoir à leurs places respectives et écoutèrent attentivement jusqu'à ce que trois coups furent toqués à la porte.

La directrice entra, suivie d'Andrew avec Batman et son poulet. Tout les élèves, mis à part Prune, Caleb, Joe et Calum, se mirent à rire en voyant la dégaine du personnage. Ce dernier les ignora et se mit à fixer Prune.

– Bon, présentez-vous ! ordonna la directrice au blondinet.

– Je m'appelle Andrew Osborn, j'habitais ici avant et j'ai déménagé en Californie il y a deux ans mais maintenant je suis de retour ! Mon lézard s'appelle Batman et mon poulet c'est Robin.

– Euh... Les animaux sont interdis en cours... hasarda le professeur.

– Andrew a la permission exceptionnelle, et j'insiste sur ce mot, d'apporter ses animaux de compagnie en cours. déclara la directrice avant de s'en aller. Le professeur indiqua une place libre au fond de la classe, à côté de Prune.

La jeune fille tenta de l'ignorer mais les "cot" incessants de Robin et les léchouilles de Batman la déconcentrait. Surtout qu'Andrew faisait exprès de tirer les plumes du poulet pour qu'il montre son désaccord sur les actes de son maître.

– Andrew, arrête ça ! s'énerva l'adolescente au bout du trois-centième "cot" qu'elle entendit.

– Non. répondit calmement le garçon avant de reprendre ses gestes.

– Monsieur ? Je peux sortir quelques minutes avec Andrew pour lui montrer les salles de classe et tout ? demanda alors Prune, déjà debout prête à s'en aller.

– Mais... mais... D'accord... répondit le professeur en voyant le regard noir de la brunette. Cette dernière se leva et tira le blond derrière elle. Elle trottina dans son kigurumi de licorne pendant cinq bonnes minutes avant de s'arrêter dans l'endroit le plus isolé de l'école.

– Écoute. Je sais pas ce que tu fais là mais si tu arrêtes pas tout de suite ton petit manège je vais me plaindre à Caleb et... elle s'arrêta, coupée dans son élan par le blondinet.

– Et ? Tu va envoyer ton fil de fer pour me taper ?

– Déjà c'est pas un fil de fer et...

– Et alors ? Andrew semblait satisfait de l'état déstabilisé de la jeune fille.

– Et alors rien ! Tu me lâche ! Tu l'as déjà fait avant, ça devrait pas être trop difficile de le refaire, non ? sa réponse était cinglante et sèche.

– Prune. Écoute moi, deux minutes. Après ça, tu feras ce que tu veux.

– D'accord.

– Bon, quand j'ai déménagé, je voulais t'envoyer des messages, des cartes, te téléphoner mais au début j'avais peur parce que... Bah je savais pas vraiment comment tu réagirais. Je me suis dit que tu devais peut-être m'oublier alors au début j'ai rien fais. Puis après, j'ai commencé à t'écrire des lettres. Chaque jour, je t'écrivais mes journées, ce que j'avais fait et combien tu me manquais.

– Je n'ai jamais rien reçu de ta part.

– Parce que je n'ai jamais eu le courage de les envoyer. J'avais peur, j'étais effrayé par ta réaction. Est-ce que tu étais heureuse sans moi ? Est-ce que tu avais réussi à m'oublier ? J'avais des tonnes de questions dans le genre qui tournaient dans ma tête alors j'ai gardé ces lettres et j'ai continué à écrire. Pendant ces deux ans, j'ai écris tous les soirs. Quand mon père m'a dit qu'on revenait ici, j'avais tellement peur que je l'ai supplié de rester en Californie. J'avais peur que tu te sois trouvé quelqu'un d'autre, que tu ne m'aimes plus. Et alors j'ai regretté. Si je t'avais envoyé mes lettres, si je t'avais appelée au moins une fois, peut-être que ce fil de fer ne m'aurait pas remplacé dans ton cœur. Je suis désolé d'être un tel idiot... il la fixa de ses grands yeux noirs tandis qu'elle semblait réfléchir. À vrai dire, Prune avait une puissante envie de pleurer. Mais elle ne voulait pas pleurer devant lui, alors elle se retint. Finalement, Andrew sortit de son sac une énorme pile d'enveloppes et la lui tendit.

– Tiens. Je suis désolé Prune. Je t'aime. Je t'aimerai toujours alors si ce fil de fer te fais du mal, viens me le dire.

– Mais Andrew ! Caleb ne m'a rien fait comparé à toi ! Il est adorable alors ne t'avise plus de lui donner ce surnom débile et surtout, ne viens plus me parler ! elle s'apprêtait à partir quand elle entendit la voix d'Andrew derrière elle.

– Avant, tu étais heureuse. Maintenant, tes yeux sont remplis de mélancolie, tu ne ris plus, tu es calme. Trop calme. Tu n'es plus la Prune Holloway que je connais.

– Les gens changent en deux ans. répondit-elle simplement avant de tourner les talons définitivement.

Après être partie, Prune était allée se réfugier dans un placard à balais où plus personne ne mettait de balais. Prune avait pleuré, aussi. Elle avait pleuré parce qu'Andrew lui manquait énormément, que ses paroles lui avait fait mal et surtout qu'il ne l'avait jamais oubliée. Pourtant, elle savait qu'elle ne pouvait pas lui pardonner comme ça.

– J'ai tourné la page. C'est trop tard... murmura-t-elle dans le noir du placard. Finalement, une première sonnerie retenti, signalant la récréation. Puis une seconde, signalant la fin de la pause. Enfin, plus tard, une troisième, marquant la fin de la matinée. La brunette attendit quelques minutes pour être sûre que personne ne serait dans la classe puis courut jusqu'à ladite salle, attrapa son sac et courut de nouveau jusqu'à chez elle. Comme son asthme la trahissait toujours, elle s'arrêta dans une ruelle pour reprendre son souffle et surtout respirer avec son inhalateur.

– J'en ai marre, il est partout ! s'exclama-t-elle après s'être rendu compte que la poubelle contre la quelle elle s'appuyait était aussi celle où, deux ans plus tôt, elle s'était réfugiée pour échapper à Dave Gerty et, part un troublant hasard, elle avait rencontré Andrew. Elle soupira et se laissa glisser contre la poubelle, se retrouvant assise par terre, les genoux serrés contre la poitrine. Prune n'était pas une pleurnicheuse, c'était plutôt une fille drôle, intelligente et inventive. Toujours prête à faire une mauvaise blague et à assumer les conséquences. Pourtant, c'était la deuxième fois de la journée qu'elle fondait en larme à cause du même garçon. Aucune personne ne l'avait faite pleurer autant. Mis à part la mort de Barry peut-être. Barry était son chinchilla quand elle avait six ans et il s'était étranglé avec un morceau de carotte tandis qu'elle le caressait. Elle avait été triste durant des jours.

Andrew était un peu son Barry de l'adolescence. Sauf qu'Andrew n'était pas mort et que ce n'était pas un chinchilla. Logique. Prune s'était relevée et avait reprit sa route vers chez elle, après s'être calmée. Vu qu'il n'y avait plus que Victor, Lola et elle, leurs parents avaient décidé que la chambre de Jamie revenait à Victor et Prune avait désormais sa propre chambre. Cela l'arrangeait quand elle voulait être tranquille mais parfois la compagnie de son frère lui manquait un peu.

Alors qu'elle arrivait devant chez elle, elle remarqua que Caleb l'attendait sur le palier et jouait sur son téléphone. Il s'était changé et ne portait donc plus son kigurumi.

– Ah, j'ai failli partir ! s'exclama-t-il en voyant Prune s'approcher. Il la prit dans ses bras et l'embrassa sur le front en souriant.

– Je suis désolée. Je... Ça va mieux ton nez ?

– Ah, t'inquiète pas pour ça ! C'est pas un gars comme Boucle d'or qui va me faire mal.

– Boucle d'or ?

– Andrew.

– Ah. Bon euh, j'ai faim, on va manger ? Caleb acquiesça et ils rentrèrent dans la maison. Ils mangèrent un peu et Prune alla prendre un bain tandis que Caleb rentra chez lui.

– Prune ?

– Quoi maman ?

– Va promener le chien !

– Il est grand, il peut se promener tout seul !

– Est-ce que tu fais tes lessives ? Est-ce que tu cuisines tes repas ? Non alors va promener le chien ou je te frappe.

– Y'a même plus de respect ! âla la brunette en enfilant sa parka.

– Non. C'est papa qui l'a mangé ! lança Victor en passant derrière elle. Ils éclatèrent de rire et Prune sortit accompagnée de Baloo.

Alors qu'ils longeaient la forêt, s'enfonçant de plus en plus dans la noirceur de la nuit, le téléphone de la jeune fille sonna, la faisant sursauter et lâcher la laisse du chien. Ce dernier en profita pour s'enfuir dans la forêt, laissant Prune toute seule.

– Sale chien, reviens ici ! Baloo ! Au pied ! Reviens ! Espèce de viande avariée !

– J'sais pas qui tu traites comme ça mais j'aimerais pas qu'on m'appelle "viande avariée" ! s'exclama la voix d'Andrew dans son dos.

– Tu fais quoi là ?

– Je te signale que tu es passée devant chez moi et que j'habite juste à côté, comme avant. En plus c'est pas difficile de te rater, tu hurles comme une fillette devant les soldes. Prune ne répondit rien et continua d'appeler son chien.

– Tu as encore peur du noir ? C'est pour ça que tu va pas le chercher ?

– Mêles-toi de tes affaires... grogna la concernée.

– Bon, j'ai compris... Andrew claqua de la langue et Batman descendit de son épaule pour sauter sur celle de Prune puis il partit en courant dans la forêt.

– Batman arrête de me lécher l'oreille, c'est plein de cérumen, sérieux c'est dégoûtant !

– Eh mademoiselle, t'es charmante ! un garçon vêtu d'une casquette et d'une tenue de jogging s'était approché d'elle pendant qu'elle tentait désespérément de décrocher le lézard de son oreille.

– Hein ?

– Ton père il est fabriquant de biscottes ? Parce que t'es trop craquante !

– Mec, t'es sérieux là ?

– Ton père c'est un voleur, il a volé toutes les étoiles de l'univers pour les poser dans tes yeux ! s'entêta le garçon en se rapprochant un peu plus.

– Mais laisse mon père tranquille ! Il est pas fabriquant de biscottes ou voleur, il est psychiatre et pis si il avait volé toutes les étoiles de l'univers c'est quoi qui brille là-haut ? soudainement, deux autres garçons sortirent d'un buisson.

– Eh mademoiselle, ton père il est pas astronaute ? Parce qu'on voit ta belle lune ! le premier à être sortit des buissons commençait lui aussi à l'énerver.

– Mais... Ça veut rien dire !

– Eh mademoiselle, ton père c'est un terroriste ? Parce que t'es une bombe ambulante !

– Mais vous êtes vraiment lourds comme gars, hein ! un quatrième garçon sortit de nulle part et déblatéra lui aussi une phrase d'accroche aussi vieille que le monde.

– Eh, mademoiselle ! Ton père il est pas pilote ? Parce que t'es un avion de chasse !

– Les gars, elle vous a dit de la lâcher. Dégagez ou je vous frappe. c'était Andrew et jamais, durant les deux dernières années, Prune n'avait été autant heureuse de le voir. Pas qu'elle aie peur des quatre garçons et de leurs accroches pourries mais plus le temps passait, plus la nuit se faisait sombre et Prune était littéralement tétanisée.

– Ah, c'est bon mec. On s'amuse, on savait pas que c'était ta copine.

– C'est pas ma copine. Et même ça c'est pas une raison pour agresser une fille comme ça, vous êtes vraiment lourds les gars.

– À l'aide les mecs ! Le chevalier bouclette à la rescousse ! ricana un des garçons tout en imitant une princesse en danger. Le pied d'Andrew alla s'enfoncer dans son estomac et l'envoya valdinguer contre un sapin. Deux des garçons se jetèrent sur Andrew mais ce dernier les repoussa en leur donnant des coups de coudes. Malheureusement, le quatrième semblait être celui au Q.I. le plus élevé de la bande et sauta sur le dos d'Andrew, passant ses mains sous sa gorge, l'étranglant. Le blondinet se laissa alors tomber sur le dos, écrasant son assaillant qui lâcha prise et suffoqua. Les quatre individus partirent en courant tandis qu'Andrew se relevait.

– Merci... murmura Prune en le fixant tandis qu'il récupérait Batman.

– De rien. C'est normal. Par contre, ton chien s'est de nouveau barré...

– Il rentrera bien quand il aura faim. Il tient plus à sa gamelle qu'à sa propre vie et c'est peu dire ! elle rigola doucement mais la peur était toujours là. Andrew récupéra son téléphone et activa la lampe torche pour les éclairer.

– Tu as donc toujours peur du noir. Viens, je te raccompagne chez toi. il lui tendit la main et Prune la prit malgré elle.

Une fois arrivés devant chez Prune, ils restèrent sur le perron à se fixer.

– Prune... Je suis désolé.

– T'as tout gâché.

– Je te jure que...

– Non. Arrête de jurer. Tu n'es pas fait pour jurer, tu ne tiens jamais tes promesses. Tu es fait pour vivre l'instant présent. C'est ça le problème avec toi, c'est qu'on n'ose pas se construire un avenir. On a trop peur. Tu rentres dans ma vie, tu sors, tu reviens... T'as cru que j'étais un open-bar ? Que je t'attendrai ? Rentre chez toi Andrew, c'est mieux comme ça.

– J'ai bien compris que t'étais heureuse sans moi mais pitié, dis moi juste que tu ne m'as pas détesté.

– Je ne peux pas le dire. Bien sûr que je t'ai détesté. Tu m'as laissée pendant deux ans sans nouvelles !

– Désolé.

– Aucune excuse ne pourra nous ramener dans le temps. C'est trop tard. Tu as laissé passer ta chance. Andrew baissa la tête et un sourire faible s'afficha sur son visage. Ses yeux étaient voilés quand il releva la tête.

– Si un jour tu es triste, qu'il te fait du mal ou que tu as juste besoin d'un ami... Et bien je serai là. Je serai toujours là pour toi. Toujours. il s'éloigna doucement, les mains dans les poches. Prune allait rentrer chez elle quand une eau glacée s'abattit sur elle.

– Ice Bucket Challenge ! hurla Victor depuis la fenêtre donnant sur le perron.

– Victor, t'es un homme mort ! s'exclama l'adolescente en se ruant à l'intérieur.

– Faudrait déjà que ce soit un homme... marmonna leur père.

– Ma chérie, où est le chien ? demanda leur mère.

– J'ai la dalle ! pleurnicha Lola.

– Prune arrête de noyer ton frère sous la douche et venez manger ! ordonna la mère Holloway. Les deux adolescents arrêtèrent instantanément de se battre et accoururent à table.

– On mange quoi ? demanda Prune, un filet de bave coulant de sa bouche.

– Nous on mange des steaks avec de la purée et de la salade. Toi, rien.

– Hein ? Pourquoi ?

– T'as perdu le chien.

– Mais ! Il s'est enfui ! C'est pas ma faute !

– Tant pis pour toi.

– Comment se sentir aimée...

– Perso je préfère Baloo... marmonna Victor en fourrant dans sa bouche un gros bout de steak.

– Victor ne dit pas ça quand ta sœur est là !

– Mais... Vous êtes des monstres ! s'écria Prune en se laissant glisser de sa chaise sur le sol, comme une flaque.

– Bah de toute façon elle est assez grosse comme ça, ça va pas la tuer de pas manger un soir. argua Victor.

– Je coule !

– Non, ta sœur n'est pas grosse ! réprimanda leur père.

– Je coule !

– Mais si, elle a des grosses cuisses et un bidon ! se défendit Victor.

– Je me meurs, je coule !

– Elle n'a qu'à reprendre le sport. suggéra Lola.

– Je cou-oule...

– Prune, tais-toi ! s'exclamèrent-ils tous en la fixant.

– En plus d'être grosse, je suis mal-aimée... pleurnicha l'adolescente en montant les escaliers jusqu'à sa chambre. Elle attrapa son téléphone et téléphona à Holly.

– Allô ? répondit la voix de la rousse au bout du fil.

– J'les ai tous tués !

– Quoi ?

– Il y avait de la barbapapa partout et les rivières étaient faites de chocolat ! Et après j'ai cou-ou-oulé !

– Prune, je t'ai déjà dit de pas manger les petits trucs bleus qui poussent dans ton jardin !

– Oh, Holly, tu sais pas quoi ?

– Non mais tu va me le dire...

– Il est de retour !

– Qui ça ?

– Calum t'as pas dit ?

– Qu'est-ce qu'il aurait dû me dire ?

– Il est de retour !

– Je sais mais qui ? Arnold ?

– Mais non !

– Dommage, il me manquait.

– Bref, devine !

– J'sais pas.

– T'es nulle.

– Tu va te calmer et me dire qui est de retour ou quoi ?

– Andrew Osborn ! Holly ne répondit rien et Prune attendit sa réponse mais Holly avait raccroché.


– Non mais tu comprends ? La fille elle m'a même pas répondu ! raconta Prune à Léa tout en peignant des éléphants bleus, roses et verts.

– Ah. Et ?

– Et alors j'étais choquée quoi ! Je lui racontait un truc important !

– Ah. Et ?

– Et donc je pense je vais aller la voir ce soir ! Si je lui parle en face elle pourra pas me raccrocher !

– Ah. Et ?

– Et merci, tu m'as bien aidée !

– De rien. Et sinon, tu as revu le psychopathe au poulet ?

– Le psychopathe au poulet ?

– Tu sais, le gars qui se balade avec un zoo sur lui. Boucle d'or.

– Ah, Andrew. Non.

– Ça fait trois jours quand même. Tu le croise même pas dans les couloirs ou en classe ?

– Bah j'y fais pas attention...

– Okay. Et avec Caleb ? Comment ça va ?

– Bah, ça va toujours bien.

– Okay. leur conversation continua un petit moment puis la récréation sonna. Prune se dépêcha d'aller chercher des choses à manger aux distributeurs se trouvant dans le hall et quand elle alla vers ses amis, les bras remplis de nourriture, elle vit qu'Andrew et Caleb discutaient. Elle s'assit entre Joe et Calum, déposa sa nourriture sur la table et écouta leur conversation de loin.

– Ils disent quoi ?

– Andrew est venu parce qu'il te cherchait, Caleb lui a gueulé dessus et depuis ils se disputent. expliqua Joe en soupirant.

– Ah. Et ? demanda Prune.

– Me pique pas mes répliques ! lança Léa en passant derrière eux.

– Ça part en cacahuète ! s'exclama la brunette quand elle vit Caleb se hisser sur la pointe des pieds pour faire face à Andrew.

– Prune, plus personne n'utilise cette expression depuis cent ans ! rigola Calum en la regardant manger.

– Si, moi ! répondit-elle en enfournant une barre chocolatée dans sa bouche. Elle continua de regarder les deux garçons tout en mangeant quand le genoux d'Andrew frappa l'entrejambe de Caleb. Ce dernier se retint de s'écrouler et sauta sur le blondinet pour le frapper. Andrew se laissa faire, le sourire aux lèvres et Prune ne présagea rien de bon. Finalement, Calum et Joe tirèrent Caleb loin d'Andrew qui semblait évanoui. Malgré tout, il se leva aisément et se planta face à Caleb.

– Tu vois ? Moi je ne me bats pas pour rien, je me bats pour protéger les gens, pas pour montrer qui est le plus fort. T'es pitoyable ! après avoir dit ça, il partit de la cafétéria, toujours en souriant. Il saignait du nez, son arcade sourcilière était aussi pleine du liquide rouge, tout comme sa lèvre inférieure et deux énormes bleus se devinaient déjà sous son œil gauche et entre son menton et ses lèvres. Prune le regarda partir puis alla constater les dégâts chez son petit ami. Il n'avait rien, mis à part un petit coquard. Andrew était machiavélique, ou stupide, à voir.

Quand la sonnerie retentit, ils se rendirent en salle de musique pour leur troisième cour de la journée. Chacun s'empara de son instrument et ils s'installèrent dans la salle. Prune à la guitare, Joe à la batterie et Caleb et Calum aux trompettes. Les autres élèves prirent aussi place et le cour commença.

Prune appréciait tout spécialement ce cour, car tous les élèves des différentes sections (musique, art, danse, chant) étaient regroupés. Pourtant, cette fois-là, la brunette n'était pas concentrée sur ses accords et fixait Caleb intensément. Elle se demandait de quoi ils avaient discuté avec Andrew. Et pourquoi celui-ci l'avait poussé ainsi à bout. Elle ne croyait pas à sa raison.

« Moi je ne me bats pas pour rien, je me bats pour protéger les gens, pas pour montrer qui est le plus fort. » Cela voulait-il dire qu'ils s'étaient déjà battus ? Mis à part lors de leur première rencontre où Andrew avait écrasé son poing sur le nez de Caleb.

– Mademoiselle Holloway ! Suivez un peu la mélodie ! la réprimanda le professeur de musique, Mr. Deaven, un grand pianiste de renommée mondiale.

– Désolée Monsieur... marmonna la jeune fille avant de reprendre. Elle resta hésitante dans ses gestes jusqu'à la fin du cour où elle se dépêcha de rattraper Caleb qui sortait précipitamment.

– Caleb ! Attends moi ! hurla-t-elle finalement quand ils furent dans les couloirs.

– Quoi ?

– Pourquoi tu m'évites ?

– Je t'évite pas !

– Alors reste ici ! Faut qu'on parle !

– Et mince...

Prune s'était désespérément accrochée à la manche de Caleb et le tirait dans toute l'école jusqu'à son placard à balais sans balais. Elle le força à s'y asseoir puis se plaça en face de lui dans les ténèbres de l'espace restreint.

– Qu'est-ce que tu lui as dit ? demanda-t-elle après de longues minutes de silence. Caleb sursauta.

– Je... Prune ça sert à rien de discuter de ça. il hésitait dans ses mots, bégayait.

– Caleb. Qu'est-ce que vous vous êtes dit ? elle était plus insistante.

– Il est venu pour te voir, je sais même pas pourquoi il te cherchait, et je lui ai dit de te lâcher. Il m'a répondu que c'était pas mes affaires, que c'était entre lui et toi et ça m'a fait péter un câble. Il comprend pas que ça fait deux ans ? Que quand il est partit, sans te donner de nouvelles, ça t'as fait mal ? Il m'a énervé.

– Et il t'as dit quoi lui ?

– Il a dit que je pouvais pas comprendre moi non plus, qu'il avait déjà réglé ça avec toi et que ça me concernait pas. Après, il a ajouté que, de toute façon, j'étais pas assez bien pour toi, que t'étais pas faite pour être aussi calme et que je te connaissais pas vraiment. Prune, je sais pas si ce qu'il a dit est vrai mais je t'aime et je t'aimerai toujours ! elle le regarda, dans le noir elle parvenait à voir que ses yeux étaient humides. Il pleurait. Son cœur se serra et elle lui déposa un baiser sur la joue.

– Caleb. J'ai dit à Andrew que c'était trop tard, qu'il avait raté son tour. Ne t'embête pas pour lui, d'accord ? il acquiesça puis ils sortirent du placard.

Ils allaient partir quand Prune remarqua une ficelle rouge.

– Tu viens ? Caleb en tapotant du pied par terre.

– Attends, je dois aller voir un truc par là-bas ! lui répondit-elle en pointant la direction de la ficelle. Caleb haussa les épaules et la laissa partir tandis que Prune attrapa la ficelle et la suivit. Quand elle arriva à son extrémité, elle vit qu'elle menait sous le cerisier se trouvant dans la cour arrière de l'école.

– Qu'est-ce que... commença-t-ellw mais une chose gluante lui tomba dessus et une chevelure noire apparut face à elle.

– Ne t'approche plus d'Andrew, compris ? Il est plus à toi ! Prune releva la tête et se retrouva face à Olivia qui la fixait méchamment. Olivia était amie avec Holly, Joe et Calum mais elle ne supportait pas Prune car elle aussi était amoureuse d'Andrew mais il ne l'avait jamais remarquée.

– Pardon ? s'exclama Prune avec un calme olympien. Le liquide bleuâtre qu'elle avait reçu sur la tête, qui s'avérait être de la peinture, fut rejoint par une deuxième couche verte et Olivia ricana.

– Cette fois-ci, Andrew ne viendra pas t'aider ma petite. Il est déjà... Occupé... Pareil pour ton... Comment déjà ? Ah oui, Caleb. T'es pathétique. elle termina sa phrase puis s'éloigna et d'autres pots de peinture lui tombèrent dessus. Du rose, du jaune, du rouge. Les larmes lui montèrent aux yeux mais elle ne les laissa pas couler et s'en alla dans les vestiaires de la salle de gym pour se doucher. Elle déposa ses affaires et prit une serviette de bain.

Alors que l'eau chaude enlevait un peu de peinture sur son corps, elle entendit la porte du vestiaire s'ouvrir. Elle attrapa la serviette et sauta hors de la douche mais c'était trop tard: ses vêtements avaient disparus. Alors, elle fondit en larmes et s'écroula par terre. C'en était trop. Puis elle se rappela qu'une fois, elle avait fait cette blague à quelqu'un. C'était une fille plus jeune qu'elle, une cousine à Olivia ou quelque chose du genre, peut-être une de ses amies. Elle lui avait aussi renversé de la peinture dessus et volé ses vêtements. Elle ne s'était pas dit que c'était méchant et n'avait choisi cette fille que parce qu'elle était amie avec Olivia. Elle comprit alors que toutes les blagues qu'elle avait faites n'étaient drôles que pour ceux qui n'en étaient pas les victimes.

Prune se ressaisit et enroula fermement la serviette autour de son corps avant de sortir discrètement du vestiaire et d'aller jusqu'aux casiers de sport, elle y prit des vêtements et retourna dans le vestiaire. Elle s'habilla, sécha ses cheveux puis rentra chez elle sans même récupérer son sac. Elle entra par le jardin, sûre que Caleb ou quelqu'un l'attendait sur le perron et grimpa à l'arbre qui donnait sur sa fenêtre. Elle rentra dans sa chambre, se mît en pyjama et s'enroula dans les couvertures en pleurant à chaudes larmes.

Quand elle se réveilla, elle sentit une présence à côté d'elle et quelqu'un lui caressait la joue. Elle fit mine de se retourner et ouvrit légèrement les yeux, sûre de se retrouver face à Caleb. Sauf qu'il n'était pas là et que c'était Andrew qui se trouvait à côté d'elle. La brunette se releva vivement et lui donna une claque qui résonna dans la nuit. Il la fixa doucement.

– D'accord. Au revoir, Prune. Je suis désolé. dit-il simplement avant de sortir par la fenêtre, Batman sur l'épaule.

– Quel psychopathe ! Pire qu'Edward dans Twilight celui-là ! s'exclama alors Victor, dans l'embrasure de la porte.

Prune se réveilla en sursaut, espérant avoir rêvé mais elle était bien dans son lit, les cheveux encore remplis de peinture sèche. Elle soupira et se leva pour aller prendre une douche.

Une fois propre et préparée, elle descendit manger son déjeuner mais sa mère lui barra la route.

– Tu as retrouvé le chien ?

– Quel chien ?

– Prune...

– Je ne vois absolument pas de quoi tu parles ma chère maman chérie !

– Tu n'auras aucun accès à cette cuisine jusqu'à ce que tu retrouves Baloo.

– Mais maman ! Tu es cruelle ! pleurnicha l'adolescente en se laissant glisser sur le sol.

– Attention, elle va se mettre à cou... commença Lola.

– Je cou-ou-ou-oule ! s'exclama alors la brunette en s'écrasant par terre.

Finalement, Lola réussit à donner un bout de pain à sa sœur et elles partirent à l'école, pour Prune, ou au travail, pour Lola. Mais la cadette ne se rendit pas à l'école. Pour deux raisons simples: elle n'avait pas envie de revoir Olivia, qui étudiait en spécialisation musique, et elle devait aller voir Holly. Elle prit donc son vélo et se rendit chez sa meilleure amie. Sachant qu'Holly ne lui ouvrirait pas la porte si elle sonnait, elle prit la clé dans le troisième pot vert en partant de la gauche et entra. Il n'y avait personne au rez-de-chaussée mais de la musique retentissait à l'étage et comme ses frères, Théo, James et Tom, étaient en cours à cette heure-là, ce ne pouvait qu'être Holly. Prune entra donc dans la chambre de la jolie rousse en poussant un cri, pour lui faire peur. Malheureusement, elle ne s'arrêta pas de crier tout de suite face à la surprise qui l'attendait dans la chambre.

Holly était assise sur son tapis et embrassait un garçon qui n'était pas Calum.

– Oh mon dieu, Holly !

– Mais, Prune ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

– Mais oh mon dieu ! Je voulais te parler ! C'est qui lui ?

– Lui ? Ah euh. Mon cousin, Miguel !

– Ton cousin Miguel ? Sérieusement ?

– Oui. Miguel, présente-toi ! le garçon se leva alors et s'approcha de Prune.

– Yé souis Migouel. Enchanté !

– Oh mon dieu. Et tu embrasses ton cousin peut-être ?

– Oui. Pas toi ?

– J'ai pas de cousin.

– Ah okay. Bon euh. Miguel, on va discuter dehors. Tu restes là, hein ? le garçon acquiesça et Holly tira la brunette par la main.

– Prune, sérieux tu fais quoi ici ?

– Ce serait pas plutôt à moi de te poser cette question ?

– On ne répond pas à une question par une question.

– Je suis venue pour te demander pourquoi tu m'as raccroché au nez l'autre jour !

– Ah. Je sais pas, j'ai eu peur peut-être.

– Peur ?

– Ouais. Il est de retour, c'est pas un truc léger ça.

– Ouais. Bref, tu l'aimes plus Calum ?

– Mais qui t'as dit ça ?

– Je sais pas... Peut-être la langue du cousin Miguel dans ta bouche...

Holly devint de la même couleur que ses cheveux et n'osa par regarder Prune.

– Holly, Calum t'aime vraiment. C'est stupide de le laisser tomber pour un mexicain que tu va plus revoir dans trois jours !

– Mais...

– Pas de ça avec moi Holly Cacahuète Edwards !

– Cacahuète ?

– Chut. Bref, reste là ! Holly acquiesça et Prune monta à l'étage. Elle alla vers le "cousin Miguel" et se planta devant lui.

– Bon, tu va partir bien vite de chez Holly et si je te retrouve, je te frappe ! s'exclama la brunette en se mettant en position de combat comme dans Tekken. Le garçon blêmit et hocha rapidement de la tête avant de ramasser ses affaires et de sortir en courant de chez Holly, sous le regard étonné de celle-ci.

– Euh...

– Tais-toi, on va voir Calum !

– Ah non ! Ne lui dit pas ! Pitié !

– Pourquoi ?

– Parce que... Calum m'aime beaucoup plus que je l'aime et je n'ai pas envie de le blesser...

– Mais, Holly... Tu l'as déjà blessé dès l'instant où tu as laissé l'autre Miguel rentrer chez toi !

– En fait il s'appelle George...

– Non, il s'appelle Miguel !

Finalement, Prune laissa Holly et s'en alla à l'école. Quand elle arriva, Joe et Calum lui sautèrent dessus.

– Prune ! Tu étais où ?

– Chez moi, je me suis pas réveillée...

– Tu sais qu'on va devoir faire une course d'orientation par équipes ? s'écria Joe, excité comme une puce.

– Comment tu veux qu'elle le sache si elle était pas là ? demanda Calum en haussant un sourcil mais Joe ne fit même pas attention à lui.

– Et le prof a déjà fait les équipes !

– Ah bon ?

– Tu es avec Caleb, Calum, Olivia et...

– Et ?

– Andrew. finit par dire Calum en soufflant fort. Prune se figea. Olivia, Caleb et Andrew dans la même équipe ? Cette sortie ne serait pas de tout repos, elle en avait bien peur.

– Prune, on est arrivés ! hurla quelqu'un dans l'oreille de la brunette. Cette dernière, qui somnolait, sursauta et frappa la personne qui lui avait crié dessus. Quand elle ouvrit les yeux, Joe se tenait le nez en souffrant.

– Oh, désolée Joe ! J'ai pas fait exprès ! s'exclama la jeune fille.

– C'est rien... marmonna l'adolescent en plaçant un bout de mouchoir dans sa narine gauche.

– Joe ? T'as tes règles ? demanda alors Calum en passant à côté d'eux, mort de rire.

– Les enfants ! Prenez vos affaires puis allez devant le bâtiment pour l'appel. Ensuite, on vous attribuera vos chambres. D'accord ? informa leur professeur principal. Les élèves répondirent positivement et sortirent tous du bus. Prune se retrouva dans la même chambre que Léa, Olivia et une amie de cette dernière. De leur côté, Andrew, Caleb, Joe et Calum étaient ensemble aussi.

Ils passeraient trois jours au relais des trois petits lézards dans le cadre du "rapprochement scolaire".

– Au fait, on va faire quoi ici ? demanda Joe s'installant sur une chaise près de Prune et ses amis.

– Mais, tu ne sais pas ? s'écria Olivia en s'asseyant à côté du petit groupe.

– Si je savais, je demanderai pas...

– On est là parce que...

– Parce que les profs veulent qu'on soit tous amis comme dans "My Little Pony" ! répondit Prune, coupant la noiraude qui lui lança un regard noir.

– Eh, les gars, on va se promener dans la forêt ? proposa Calum.

– On va déjà y aller toute la journée demain alors non... répondirent tout les autres en chœur.

Prune ressentit un pincement en cœur en voyant le garçon rire aux éclats avec ses amis. Il ne semblait pas se soucier de ce qu'il se passait dans son dos avec Holly.

La brunette soupira et suivit ses amis pour aller manger sans vraiment faire attention ce qu'elle faisait.

– Eh Pruny, ça va ? demanda Caleb en passant un bras en dessus de ses épaules.

– Hein ? Euh, ouais. Ça va. Je suis fatiguée.

– T'es souvent fatiguée ces temps, non ? Il se passe quoi ? C'est à cause de Boucle d'Or ?

– Non. Non, pas du tout. Je suis juste fatiguée à cause des cours.

– Ah okay. Tu me le dirais si t'avais des problèmes, hein ?

– Oui. Oui, bien sûr ! elle lui sourit et Caleb déposa un baiser sur son front avant de rejoindre Calum et Joe qui étaient plus loin devant.

– Oh mon dieu ! Y'a un poulet sur mon plateau ! hurla soudainement une fille en lâchant ledit plateau, renversant tout son contenu au passage. En effet, Robin cocotait tranquillement sur le plateau tout en mangeant des pâtes. Andrew était plié de rire tandis que les professeurs essayaient de calmer la fille. Finalement, le blondinet dû manger dehors, seul avec Batman et Robin tandis que les autres élèves soupaient dans le réfectoire.

– Aller les gars, venez on va se promener ! La forêt doit être superbe et comme ça on aura de l'avance sur les autres ! suppliaient Calum et Joe. Les autres acceptèrent après de multiples demandes et supplications de la part des deux amis et c'est comme ça que Prune, Caleb, Olivia, Andrew, Calum et Joe se retrouvèrent dans la forêt en pleine nuit. Calum, Joe et Caleb furent vite partis à la recherche d'animaux, de champignons et d'autres choses tandis qu'Olivia pestait à l'arrière en suivant tant bien que mal Prune et Andrew. En fait, la brunette était au bord de la crise de panique mais elle ne voulait pas se montrer faible devant Olivia. Surtout que Caleb ne savait pas qu'elle était terrifiée dans le noir. Malgré leurs différents, savoir qu'Andrew était à côté d'elle la rassurait quelque peu.

– Regarde chérie, je t'ai trouvé une fleur ! s'exclama Caleb en lui tendant une jolie azalée. Prune lui sourit et prit la fleur avant de la coincer derrière son oreille. Il l'embrassa avant de retourner gambader avec ses deux amis. Ils sautillaient partout comme des chamois et cela faisait bien rire Prune qui les regardait d'un œil amusé, tentant d'oublier les ténèbres autour d'eux. Alors qu'ils s'arrêtaient dans une petite clairière Andrew s'assit à côté d'elle.

– Prune ? Pourquoi tu as peur du noir, qu'est-ce qui te terrifie ? lui demanda-t-il doucement.

– Hein ?

– Pourquoi tu paniques dans le noir ?

– Je sais pas. J'ai pas envie de te parler de toute façon.

– Oh c'est bon, c'était qu'une question ! s'exclama-t-il en se levant pour rejoindre Olivia. En réalité, Prune n'avait juste pas envie de parler de sa peur.

– Eh les gens ! J'suis un lama ! s'exclama Joe en imitant l'animal, allant même jusqu'à cracher sur Calum. Ce dernier s'énerva et se jeta sur lui. Tout allait bien jusqu'à ce que Prune ressente une présence dans son dos. Elle se retourna lentement et poussa un cri quand elle vit deux yeux perçants qui les fixaient. Elle se mît lentement à quatre pattes et rejoignit les autres tout aussi doucement.

– Les gars, y'a un loup.

– Un loup ? demanda Olivia.

– Un loup. répondit Prune.

– Maybe "Un loup" will be your always ? ricana Joe avant de se reprendre en voyant l'animal. Il se lit à hurler comme une fille et partit en courant, les bras en dessus de la tête. Calum et Olivia ne tardèrent pas à le rejoindre, de la même façon.

– Eh Prune, tu te souviens ? demanda Andrew en riant nerveusement.

– Tais-toi.

– Bon, c'est pas vous mais j'ai pas envie de mourir ce soir moi... marmonna Caleb en tremblant. Le loup s'approchait de plus en plus et Prune fit la chose la plus stupide de toute sa vie. Encore plus stupide qu'un exposé sur des baleines, que d'apprivoiser un raton-laveur ou que de tomber amoureuse d'Andrew. Elle se leva, regarda le loup dans les yeux et se mît à hurler. Mais pas hurler comme l'avaient fait Joe, Calum et Olivia auparavant. Elle se mît à hurler comme un loup. Andrew et Caleb se regardèrent interloqués et le loup se mît en position d'attaque, prêt à sauter sur Prune. Mais malheureusement pour lui, un L.V.N.I. aka Lézard Volant Non-Identifié, lui sauta brutalement sur la tête et l'assomma. Prune partit alors en courant, ne faisant ni attention au noir, ni à son asthme et s'enfuit dans la forêt. Dans la direction opposée aux autres. Car oui, en plus de ne pas être la fille la plus intelligente de la planète, Prune avait aussi un sens de l'orientation exécrable.

Au bout d'un moment, et surtout quand elle n'eut plus de souffle, la brunette se laissa tomber au milieu e la forêt et commença à avoir peur. Elle se positionna en position de fœtus contre un arbre et resta comme cela pendant un bon moment. Elle avait froid, elle avait faim, elle était terrifiée et en plus elle n'avait plus de souffle. Prune savait que se rouler en boule n'était pas la meilleure solution pour retrouver son oxygène mais elle s'en fichait un peu. Finalement, un sauveur apparu face à elle: une chèvre vint lui brouter les cheveux. Elle la remercia du fond du cœur et la suivit jusqu'à un chalet perdu au milieu de la forêt. Prune toqua et attendit quelques minutes qu'une vieille femme vienne lui ouvrir. La vieille femme en question était très belle pour son âge. Un mélange de Meryl Streep et Maggie Smith. Elle la fit entrer et lui tendit une tasse remplie d'un liquide rougeâtre qui n'inspirait pas confiance. Malgré tout, Prune prit la tasse et but tout le liquide d'une traite.

– Je ne savais pas que les jeunes de nos jours aimaient autant le sang de raton-laveur... L'adolescente la regarda, effarée et recracha le peu de liquide qu'elle avait encore dans la gorge en s'étouffant. Elle toussota un peu puis fixa la grand-mère qui s'esclaffait de rire en préparant une tarte.

– Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?

– Tu crois vraiment que je te ferai boire du sang de raton-laveur ?

– Votre maison se trouve perdue au milieu de la forêt alors...

– Ah les jeunes... marmonna-t-elle en enfournant sa tarte. Prune souffla et demanda encore une tasse de l'étrange breuvage à la vieille dame qui la lui servit avec un grand sourire.

– Euh, mais c'est quoi en fait ?

– Du thé rouge. Simplement... répondit la grand-mère, se retenant de pouffer.

– Ah d'accord. Et sinon, vous habitez seule ici ? demanda Prune en observant son hôte qui s'affairait au ménage de sa cabane.

– Non.

– Ah bon ? Vous habitez avec qui ?

– Ma petite fille, Agathe. répondit la vieille dame comme si c'était évident, tout en lui tendant un biscuit aux pépites de chocolat.

La jeune fille acquiesça, n'ayant aucune idée de qui pouvait bien être cette Agathe. En fait, Prune ne savait même pas qui était cette grand-mère, ni pourquoi elle acceptait sa nourriture et des boissons mais elle s'en fichait un peu, elle avait juste faim. Ce qui n'était pas une exception pour la brunette, morfale de naissance et mangeuse dans l'âme.

– Bon, je vais devoir y aller. J'ai vraiment bien mangé ! déclara Prune en se levant mais, elle eut soudainement mal au talon. Elle voulut s'appuyer sur la commode mais il n'y avait qu'un éléphant vert miniature alors elle se rassit sur le fauteuil mais deux serpents s'enroulèrent autour de ses bras. Elle se mît alors à hurler en se débattant.

– Attends, je vais appeler tes amis ! s'exclama la vieille dame en sortant une fraise géante de nulle part. Elle sembla écrire quelque chose et une voix plate sortit de la fraise.

– What ? Mais comment vous... Et... Mais qu'est-ce qui se passe ici ?

Andrew et Caleb entrèrent en faisant une couplette et Prune les fixa avec des gros yeux.

– Mais vous faites quoi ici ? s'écria la brunette en levant les bras au dessus de sa tête, les serpents partis. Elle se remit à hurler: d'énormes radis bleus venaient d'avaler ses amis et tentaient de la manger alors elle commença à se débattre puis un des radis la frappa sur la tête et elle tomba dans les choux.

– Prune ? Prune ! Réveille-toi ! hurla une voix dans sa tête. La jeune fille ouvrit les yeux et se trouva nez-à-nez avec Andrew, Caleb, Joe et Olivia.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle, toujours dans les vapes.

– Bah tu t'es perdue, tu es arrivée chez cette vieille dame et elle t'as donné un thé avec des cerises et...

– Les cerises te font halluciner. annonça Andrew, coupant Caleb.

– Sérieux ?

– Ouais.

– C'est trop cool ! Ah mais je comprend alors... Les radis, et tout...

– Hein ?

– Non, faites pas attention... rigola-t-elle en se levant, s'appuyant sur Caleb. Son talon lui faisait mal et ça, ce n'était pas à cause des cerises.


Ils rentrèrent finalement au relais où tous les professeurs s'inquiétaient pour eux et ils furent punis. Sauf Olivia qui légitima qu'elle avait été obligée de venir et Prune qui était revenue blessée. D'accord, la brunette n'avait aucun alibi à cause de sa cheville mais son regard de chiot battu suffit à les persuader.

Le reste de la bande dû alors écrire une lettre d'excuse avant de pouvoir aller se coucher, ce qui réjouit Olivia et fit rire Prune. Cette dernière les aida tout de même à écrire leurs mots d'excuses.

Le lendemain matin, la course d'orientation eut lieu. C'était simple: chaque équipe partait d'un point de départ différent, à l'entrée de la forêt, et devait trouver les indices et les points de rendez-vous pour arriver au stand se trouvant au milieu de la forêt où les professeur les attendaient.

– Ça va, on va gagner ! s'exclama Caleb avec un grand sourire. Tous les autres soupirèrent et mirent leurs sac à dos sur leurs... sur leurs dos, oui. Logique. Olivia râlait sur chaque petite herbe qui lui frôlait la jambe, Caleb marchait à l'avant avec Calum et ils semblaient être heureux de cette journée tandis que Prune marchait à l'arrière à cause de sa cheville blessée. Elle n'avait rien dit à personne pour ne pas les décourager car, malgré tout, elle voulait vraiment qu'ils gagnent. Il y avait aussi Andrew qui grimpait dans les arbres pour attraper des fruits étranges et qui cherchait des indices partout, comme un enfant surexcité.

– Eh les gars ? On est déjà passés par là. Sept fois ! s'exclama Olivia soudainement alors qu'ils avançaient à la recherche d'un indice. Toute l'équipe la regarda bizarrement et elle soupira, remit ses cheveux en place puis expliqua.

– Avant, j'ai perdu une barrette ici. Comme le sol état tout boueux, je n'ai pas voulu la ramasser. Et là, elle est ici alors, à part si ma barrette peut marcher, on est déjà passés ici.

– Et comment tu sais qu'on l'a fait sept fois ?

– Ah non, ça c'était juste pour vous faire paniquer. Ça a bien marché d'ailleurs ! elle se mit à rire tandis que les garçons râlaient sur le fait qu'ils soient hypothétiquement perdus. De son côté, Prune s'était assise sur une pierre et dessinait dans la boue avec un bâton. Tout d'un coup, elle sentit la pierre bouger et avancer. Elle ouvrit de grands yeux étonnés quand elle se rendit compte qu'elle était assise sur une tortue.

– Les gars ! Y'a une tortue ! Une tortue géante genre des Galapagos ! Une tortue en pleine forêt ! Les gars ! Ohé, une vraie tortue ! s'époumona-t-elle mais personne ne fit attention à elle, tous trop occupés à chercher leur position sur la carte. La brunette râla et voulut se rasseoir, oubliant que son siège était partit et elle s'étala donc dans la boue.

– Ah, Prune ! C'est dégoûtant ! s'exclama Olivia en la regardant avec dégoût et en riant à la fois. Calum et Caleb ne firent même pas attention à elle, trop concentrés sur leur itinéraire. Seul Andrew s'en préoccupa mais quand il luit tendit la main elle le repoussa et se leva toute seule. Elle essuya un peu de la boue qu'elle avait sur les fesses et dans le dos puis reprit son sac à dos et trouva un autre rocher pour l'accueillir.

Finalement, les garçons décidèrent de partir vers l'est, ce qu'ils pensaient être l'est du moins, pour tenter de retourner au relais. Malheureusement pour eux, leur direction était la mauvaise et tous étaient de plus en plus fatigués.

– J'en ai marre ! s'exclama Olivia en s'asseyant sur un arbre.

– Allez, reste pas là ! On doit y aller ! encouragea Andrew en lui souriant.

– Non. Je ne bouge pas d'ici. Je suis fatiguée. En plus, je transpire comme un porc.

– Mais, Olivia, tu es un porc ! Prune éclata de rire devant la tête que faisait Olivia.

– Prune, tu devrais être un peu plus gentille avec Olivia... marmonna Andrew tandis qu'il tendait la main à Olivia pour l'encourager à avancer. La brunette les regarda, étonnée mais secoua la tête et partit devant avec Calum et Caleb.

Finalement, ils arrivèrent au dernier point de rencontre sans trop d'embûches mais Prune souffrait toujours de son talon qui lui tirait.

– Eh les gars ? Vous croyez que c'est normal qu'il y ait personne ? demanda Joe, un peu inquiet.

– Euh non, je suis pas sûre... répondit Olivia en soupirant et s'asseyant sur une chaise se trouvant là.

– Bon bah, on fait quoi ? Calum se laissa tomber contre un arbre en marmonnant des choses incompréhensibles tandis que les autres l'imitaient.

– On a deux choix: rester ici et attendre que quelqu'un vienne ou alors retrouver le chemin et rentrer su relais. On fait quoi ?

– Je propose de faire deux groupes. Un qui reste ici et le second qui tente de rentrer pour chercher des profs. déclara Prune.

– Okay, ça marche ! répondirent les autres en chœurs. Il fut décidé qu'Olivia, Prune et Andrew resteraient au point de rencontre tandis que Calum, Joe et Caleb partiraient. Cela n'enchantait pas la brunette mais elle capitula pour son petit-ami.

– Do mi sol do do sol mi do, le vrai musicien répète avec ardeur, de savantes gammes et des arpè-è-ges. Mais il faut qu'il sache que sa voix doit sortir du cœur en chantant ses gammes et ses... chantonna Prune avant d'être coupée par Olivia.

– Tu veux bien te taire, s'il te plaît ?

– Ah parce que t'es polie maintenant, toi ? C'est nouveau...

– Les filles ! Arrêtez ! ordonna Andrew en soupirant avant de recommencer à jouer avec Robin. Ils patientaient déjà depuis une bonne heure et n'avaient reçu aucun appel de la part des autres, ce qui commençait à les faire stresser. Surtout que la nuit commençait déjà à tomber.

– Enfant du soleil, tu parcoures la terre, le ciel, cherche ton chemin, c'est ta vie, c'est ton destin ! Et le jour, la nuit, avec tes deux meilleurs amis, à bord du grand condor, tu recherches d'or !

– T'es un cas perdu ma vieille... marmonna Olivia, prenant un énième selfie avec sa bouche en canard.

– Je suis peut-être une cause perdue mais, moi au moins, je ne suis pas un gallinacé.

La noiraude lui lança un regard de tueuse avant de sortir sa lime à ongle et de se... et bien de se limer les ongles. De son côté, la brunette continuait à chanter des chansons pour enfants:

– Voici venu le temps des rires et des chants, dans l'île aux enfants c'est tout les jours le printemps !

– Ah, ça je connais ! s'exclama Andrew.

– C'est le pays joyeux des enfants heureux, des monstres gentils, oui c'est le paradis ! chantèrent Prune et Andrew en chœur.

– Andrew, t'abaisse pas à son niveau d'handicapée sociale. C'est pathétique. grogna Olivia.

– Tu sais ce qu'elle te dit l'handicapée sociale ? s'exclama la brunette en se levant brusquement. Elle planta ses yeux miels dans ceux d'Olivia et lui donna une baffe avant d'aller s'asseoir plus loin.

Batman vint alors se blottir contre elle et lui lécha doucement la main.

– Toi, au moins, tu es toujours gentil ! s'exclama Prune en riant doucement tandis que le lézard lui grimpait sur l'épaule. Au bout d'un moment, le reptile sauta vivement de son épaule et couru jusqu'à Olivia. Il se pencha dans son sac et en ressortit rapidement avant de revenir vers Prune, le téléphone portable de la noiraude dans la gueule. Elle prit le téléphone et le glissa dans la poche de son short avant de se coller contre un arbre et de se mettre à danser.

– Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux ! Il faut se satisfaire du nécessaire. Un peu d'eau fraîche et de verdure que nous prodigue la nature, quelques rayons de miel et de soleil ! Je dors d'ordinaire, sous les frondaisons et toute la jungle est ma maison ! en pleine chanson, elle embrassa l'arbre avant de se retourner et de se rendre compte que Joe, Calum et Caleb étaient revenus. Accompagnés de trois professeurs et d'un pompier.

– Ça fait une heure qu'elle nous saoule avec ses chansons pourries. Ramenez moi tout de suite au relais ou je vais la frapper ! s'énerva Olivia en se levant.

– Me frapper ? T'as pas peur de te casser un ongle ?

– Prune, arrête de la chercher ! ordonna Andrew, rejoignant la noiraude qui partait déjà vers la voiture des professeurs. Prune râla et alla se blottir dans les bras de Caleb.

– Il est vraiment stupide ce gars. Si il te parle encore une fois comme ça, dis le moi et j'irais lui régler son compte ! dit-il gentiment avant de l'embrasser sur le front. La brunette lui sourit et ils partirent, eux aussi, en direction des voitures.

Une jeune adolescente portant un nom de fruit était coincée sous une table. Elle qui voulait juste trouver un refuge loin du tumulte de la foule. En fait, les professeurs l'avaient oubliée à la gare des bus et la jeune fille n'avait pas directement remarqué jusqu'à ce qu'un vieux chauffeur moustachu le lui confirme. Étant donné qu'elle avait un mal de crâne horrible et plus de forfait sur son téléphone portable, elle s'était résignée à passer le reste de sa vie sous cette table, dans la gare des bus d'un village perdu de montagne.

Elle commençait un peu à avoir froid et faim; désespérant passionnément sous sa table. D'ailleurs, en parlant de la table, c'était une très jolie table artisanale en bois et qui semblait être poncée régulièrement. Le bois dont elle était fabriquée devait être du bouleau ou de l'églantier, la jeune fille n'en était pas sûre.

– Des poubelles, des arbres et maintenant des tables. T'es vraiment grave comme fille dis donc ! Prune soupira et tourna son regarda les basket rouges en grognant.

– Qu'est-ce que tu veux ? Dresseur de lézard de pacotille ? son ton n'était pas amical et elle ne voulait pas qu'il le soit. « Pourquoi ? » me direz-vous... Et bien c'est simple.

À leur retour au relais des trois lézards, une dispute avait éclaté entre Olivia et Prune. La noiraude accusait la brunette d'avoir volé son téléphone portable; ce qui n'était pas totalement faux vu que Prune avait réellement le téléphone d'Olivia, grâce à Batman. Finalement, Andrew avait découvert le fameux téléphone dans le sac à dos de Prune et l'avait cafté aux professeurs, faisant ainsi punir la jeune brunette. C'est aussi à cause de ça qu'elle se retrouvait sous cette table en églantier ou en bouleau face aux basket rouges d'Andrew Osborn et de son poulet.

– Sérieux, je suis désolé pour le portable. Je pensais pas que t'allais être punie... il semblait sincère. Pourtant, la jeune fille se leva de dessous la table — non sans peine — et se plaça face à lui. Comme il l'a dépassait de dix bons centimètres, elle se hissa sur la pointe des pieds et lui tira la langue avant d'aller se cacher sous une autre table. Prune entendit le soupire sonore du blondinet qui la suivait. Elle changea trois fois de tables — chêne, peuplier et frêne — avant de s'arrêter pour râler sur Andrew.

– Arrêtes de me suivre, Osborn. Je veux pas que tu me suives dans mon périple soutablié. Je veux pas que ton nom soit cité dans les récits de ma fabuleuse aventure !

– Attends, t'es sérieuse ?

– Totalement. Je vais devenir une star et tu es jaloux de mon futur brillant ! Andrew la regarda avec des yeux ronds comme des soucoupes volantes et Prune éclata de rire.

– Ne te fais pas d'illusions, Mr. Poulet, j'ai juste besoin de ton argent pour rentrer chez moi. Je te rembourserai bien sûr ! Andrew haussa les épaules et lui tendit deux billets de cinq dollars avant de partir en direction du prochain bus pour leur ville, Prune sur ses talons.

– Au fait, qu'est-ce que tu fiches encore ici ? demanda Prune alors qu'ils s'installaient dans le bus.

– J'étais allé m'acheter à manger et ils sont partis sans moi — et toi.

– Fourberie... siffla l'adolescente en mettant ses écouteurs dans ses oreilles. Une boule de plumes blanches s'installa sur ses genoux pendant qu'elle s'endormait tout lentement en regardant le paysage.

Quand, enfin, ils arrivèrent dans leur ville, ils virent que leurs amis les avaient attendus. Prune sortit du bus en courant et alla se jeter dans les bras de Caleb qui lui expliqua qu'il avait eu peur pour elle. Prune le réconforta et ils rentrèrent chez eux.

– Prune... marmonna Caleb alors qu'ils regardaient une série dans la chambre de la brunette.

– Oui ?

– Il s'est passé quelque chose avec Andrew ? Dans le bus...

– Je te rappelles que j'ai été punie à cause de lui ! Tu crois vraiment qu'il va se passer quelque chose avec lui ? En plus, je ne l'aime plus. Je t'aime toi ! elle lui sourit puis l'embrassa.

***


Le lendemain, c'était le week-end. Caleb ayant une compétition de skateboard, Prune décida d'aller se promener avec Baloo, retrouvé depuis l'accident des racailles. Elle s'habilla alors légèrement — short en jean et t-shirt à l'effigie d'un lézard — et prit la laisse du dalmatien. Ce dernier, tout heureux d'aller en balade ne cessait de tirer sur la laisse, traînant Prune à travers le quartier.

– Eh l'asthmique, pourquoi tu cours ? C'est une sorte de suicide ? lança la voix rauque de Dave Gerty. La jeune fille se retourna vivement et fit face à la carrure étonnamment musclée de Dave « Big G » Gerty. Elle déglutit. Deux ans auparavant, elle lui en avait un peu fait voir de toutes les couleurs — lui aussi d'ailleurs — ce qui expliquait que le croiser un samedi matin dans une rue déserte n'était pas la meilleure des nouvelles pour Prune.

– Bref, j'ai besoin de ton aide, Prunette ! elle le fixa, interloquée.

– Prunette ? Non mais t'es sérieux ? T'es censé me détester, vouloir me frapper jusqu'à que je perde conscience... mais non ! Tu me donnes un surnom... Tu me déçois Dave, que dirais ta mère ?

– Tais toi, j'ai vraiment besoin de ton aide !

– Ah d'accord, en fait t'es un peu bipolaire, non ?

– Je sais pas, j'irais voir un médecin. Mais j'ai besoin de ton aide alors aide moi !

– Si tu veux, mon père est psychiatre, il pourra peut-être t'ausculter. Tu sais, ça arrive vite des problèmes comme ça ! Faut être prévenant !

– Mais aide moi ! s'énerva Dave, tapant du pied comme un enfant.

– Tu as déjà mangé de la terre avec de la mayonnaise ? poursuivit Prune, imperturbable.

– Bon, tu va m'aider ou pas ? hurla le garçon. La brunette se stoppa en plein récit —« Non Johnson ! Pas les yaourts ! »— et le fixa, les yeux ronds.

– Pourquoi tu veux mon aide ?

– Pour un problème de cœur... marmonna Dave, rougissant.

– Hein ?

– Pour un problème de cœur... répondit-il, un peu plus fort.

– Quoi ?

– Pour un problème de cœur.

– Excuse moi mais Lola a fini la boîte de petits bâtons avec du coton et donc j'ai pas pu me laver les oreilles... grogna Prune.

– J'ai besoin de ton aide pour un problème de cœur avec ta sœur ! hurla-t-il alors, les joues rouges. Prune le fixa alors, la bouche entrouverte par la surprise.

– Tu-tu aimes Lola ? bégaya-t-elle.

– Oui... sa voix était toute petite et, face à la brunette, il le semblait aussi.

Prune était estomaquée. Dave était amoureux de Lola ? Non, ce ne pouvait pas être vrai. Persuadée qu'il s'agissait d'une blague, elle éclata de rire, tapant sur l'épaule de Dave.

– Prune. Je suis sérieux.

– Nom de Zeus... souffla la brunette, le regardant de nouveau la bouche ouverte.

– Tu peux m'appeler Dave aussi... répondit le concerné, un rictus collé aux lèvres. Prune lui tira la langue.

– En quoi tu veux que je t'aide ?

– Je sais pas moi... Organise moi un rendez-vous avec Lola ! Prune tombait des nues. Organiser un rendez-vous avec sa sœur pour Dave Gerty ?

– Tu crois vraiment que Lola va accepter ?

– Bah non, justement ! Tu lui propose une journée entre filles et, oh miracle ! Vous tombez sur le génial Dave dans un magasin ! Là, tu l'invites à te joindre à vous et tous les trois vous allez dans un café. Ensuite, tu dois aller aux toilettes, laissant Dave et Lola seuls. En tête à tête...

– Mon petit Dave, je t'arrête tout de suite. J'ai déjà fait ça et je te le déconseille: c'est un plan foireux ! En plus, connaissant Lola et son comportement de mère poule, elle viendra sûrement voir si je vais bien et ne restera pas avec toi en... tête à tête comme tu dis... Désolée ! Ah aussi, arrête de parler de toi à la troisième personne. C'est glauque.

– Hm pardon et tu es sûre que tu ne peux rien faire pour m'aider ? supplia-t-il en faisant des yeux de chien battu genre cocker. Si un jour on lui avait dit que Dave Gerty lui ferait des yeux de chiens, Prune l'aurait sûrement pas cru.

– Oh mon dieu je suis un génie ! s'exclama soudainement la brunette, faisant sursauter son interlocuteur.

– Quoi ?

– Je vais faire une fête !

– Et tu peux me dire en quoi une fête pourrait m'aider ?

– Bah, Lola sera à la maison ! argua la brunette, ce qui fit craquer le garçon.

– Mamaaaaaan ? hurla la brunette en rentrant chez elle. La tête, tout aussi brune, de sa mère surgit de derrière une porte et la fixa avec des yeux ronds.

– Que veux-tu ma Prunette en sucre d'orge ? répondit ladite mère avec une voix doucereuse.

– Non, qu'est-ce que tu veux toi ?

– Toi d'abord mon polichinelle en farine !

– Étant donné que tes surnoms bizarres deviennent de plus en plus louches... Je te laisse l'honneur !

– Bon, je suis démasquée. Tu peux garder ta cousine Lily ce soir ? Ton père et moi sortons, on rentrera vraiment tard et ta tante comptait sur nous...

– Dakodak !

– À toi maintenant.

– Je peux inviter deux trois amis ce soir ? Ils m'aideront avec Lily ! elle la fixa avec ses grands yeux miels et Maman Holloway fit mine de réfléchir.

– Okay, tu peux organiser ta fête. Ne me regarde pas avec ces yeux-là, moi aussi quand j'ai eu ton âge j'ai minimisé la situation parfois...

– Ah oui ? Comment ?

– Par exemple, quand j'ai appris à ton père que j'étais enceinte de Jamie.

« – Chéri ? Je crois que j'ai un peu oublié ma pilule...

– Pas grave, oublie pas demain...

– Euh... Chéri ?

– Quoi ?

– J'ai aussi un peu plus mes règles...

– Pas grave, elles viendront le mois prochain...

– Mon amour ? Je suis un peu enceinte...

– Pas grave, tu pourras toujou-attend. Quoi ? Tu es enceinte ?

– Un mini peu... Oui... »

– Et après, il est un petit peu tombé dans les pommes et voilà.

– Maman, c'est pas pareil. Et cette sorte de flashback était inutile. Tout le monde se fiche de Jamie... sa mère la fixa encore avec des grands yeux ronds, haussa les épaules et partit dans la cuisine pour faire une tarte aux fruits.

À vingt heures, la maison était remplie par la musique et les gens dansant un peu partout dans la grande bâtisse. Prune avait cru apercevoir Lola et Dave dans un coin près des escaliers mais avait été très vite distraite par sa mission principale: éviter Andrew Osborn, le psychopathe bipolaire se promenant avec un lézard dans la poche et un poulet sur l'épaule.

– Prune ? Tu viens, on va jouer à Juste dance ! l'invita Joe.

– Attends, je dois juste vérifier que ma cousine dort bien ! la brunette lui sourit et se dirigea vers la porte de sa chambre où était censée dormir la petite fille. Mais, malheureusement pour elle, sa cousine n'était visible nulle part. Prune se mit alors à chercher frénétiquement Lily.

– Vous auriez pas vu une petite fille haute comme trois pommes avec des longs cheveux roux bouclés et des yeux verts ? demanda-t-elle à deux personnes qui s'occupaient du bar improvisé. Elle ne les connaissaient pas mais peu importe, elle avait perdu Lily Pott-Holloway et cela l'inquiétait grandement.

– Eh Prune ! Tu n'aurais pas vu Olivia et ses amies ? s'exclama quelqu'un alors qu'elle courait dehors. Ayant oublié la petite marche, elle se rétama méchamment par terre.

– Cha va cousine P'une ? questionna alors Lily, pendue par les pieds au cerisier du jardin en compagnie de Batman et Robin. L'adolescente grogna et se releva.

– Descend de là ! s'énerva-t-elle, en sautillant pour attraper sa cousine qui se balançait en ricanant.

– Besoin d'aide ? c'était la personne d'avant. Prune se tourna vers elle et se rendit compte que son interlocuteur n'était autre qu'Andrew.

– Non, j'ai pas besoin de toi... grogna la jeune fille en sautillant de plus belle. Elle soupira et s'arrêta.

– Fais moi la courte échelle. ordonna-t-elle au blondinet qui s'avança, tout heureux de pouvoir l'aider.

– T'es lourde... un peu... gémit Andrew alors qu'elle s'appuyait de toutes ses forces sur lui.

– Tais-toi ou je te frappe. le blondinet acquiesça rapidement et Prune réussit à se mettre en équilibre sur la branche. Une fois que la brunette ai agrippé sa cousine, elle la fit descendre et elle s'apprêtait à faire de même quand Robin lui sauta sur la tête, la faisant tomber. Andrew avec elle. Elle resta sonnée quelques instants puis reprit ses esprits quand elle se rendit compte qu'elle était allongée sur Andrew — leurs lèvres dangereusement proches —, au milieu des invités et de Caleb.

Prune se leva brusquement et regarda Caleb. Ce dernier avait une expression indéchiffrable et s'en alla. La brunette savait que c'était inutile de le rattraper; la dernière fois ils avaient failli se séparer. Elle soupira puis les gens autour se dispersèrent. Dans le vaste jardin des Holloway, il ne restait plus que Lily, Andrew, Batman, Robin et Prune. La petite rousse emporta le lézard et le poulet à l'intérieur à l'occasion d'un goûter nocturne, laissant les deux adolescents seuls. Prune se tenait sous le cerisier et n'osait pas bouger tandis qu'Andrew était resté par terre, fixant le ciel étoilé. Finalement, l'adolescente décida de briser le silence.

– Andrew. Va-t-en. S'il te plaît.

– Prune... Je suis désolé ! J'irai dire à Caleb que tout ça... C'est de ma faute...

– C'est pas ça. Ne t'approche plus de lui. Ne t'approche plus de moi. Andrew, les choses ont changées. Il suffit de nous regarder: on est devenus trop différents.

– Ah oui ? Et en quels points ? lança Andrew sur un air de défi.

– Tu-tu es toujours autant bizarre. Tu portes le même style de fringues et tu te balades toujours avec tes animaux bizarres. Je ne suis plus comme toi. J'ai changé.

– Et tu crois que je n'ai pas changé, moi ? Et sous prétexte que tu aurais changé, on ne pourrait plus s'aimer ? T'as déjà entendu parler de Roméo et Juliette ?

– Qu'est-ce que Shakespeare vient faire dans cette conversation ?

– Tu es Juliette. Je suis ton Roméo et Caleb est Paris. On peut aussi inclure Batman en tant que Mercutio de c'est bon !

– As-tu déjà lu Roméo et Juliette ? Roméo, Juliette et Mercution meurent. Je n'ai pas envie de mourir. Tu es parti en exil, tu ne peux pas revenir sans que rien n'ai changé. Malheureusement pour toi, le poison n'a pas marché et j'ai épousé Paris. Alors, va-t-en. Pars ! elle cria le dernier mot comme si elle venait soudainement de se blesser. Andrew n'avait pas remarqué ses larmes qui coulaient silencieusement dans la pénombre.

Finalement, Andrew récupéra ses animaux et partit sans un mot pour Prune. Cette dernière, avait décidé de finir la soirée dans sa chambre et s'y était donc réfugiée en compagnie de Lily. Alors qu'elle jouait un air à la guitare pour endormir sa cousine, Prune fut perturbée par l'entrée de Caleb. Il paraissait imposant dans le cadre de la porte et Prune avait l'impression d'être une enfant face à lui.

– Miss Lily ? Puis-je vous emprunter votre chère cousine ? demanda-t-il d'une voix douce. La petite fille hocha de la tête et Prune se leva, s'approchant de son petit ami.

– Caleb je suis vraiment...

– Chuuuut, viens avec moi. il lui tendit la main et elle s'y accrocha comme à une bouée, de peur de le perdre. Il l'emmena à quelques pâtés de maison, dans un petit parc. Ils s'installèrent sur les balançoires et ne dirent rien pendant de longues minutes. Mais, comparé au silence qui avait eu lieu avec Andrew, celui-là n'était pas gêné. Aucun des deux ne ressentait le besoin de parler. Pourtant, Caleb se lança quand même.

– Prune. Je suis désolé. J'ai réagis stupidement. Pourtant... J'ai tout vu. Tu étais dans cet arbre et cet idiot de lézard t'as sauté dessus et tu es tombé sur Andrew. Ce n'est pas ta faute. Je le comprends très bien.

– Caleb... Je suis vraiment désolée. Je n'aurais même pas dû lui demander son aide mais Lily m'énervait et... Voilà quoi... elle le regarda et vit qu'il lui souriait. Elle lui rendit son sourire et se pencha en arrière, se balançant légèrement.

– Bon, je dois aller voir ma cousine...

– Je te raccompagne alors ! s'empressa de répondre Caleb. Prune acquiesça et ils rentrèrent doucement en direction de chez la jeune fille.

Le lendemain, étant un lundi, tous se levèrent avec des têtes de trois pieds de longs. Prune avait passé une soirée terrible à cause de Lily qui n'avait pas daigné dormir de la nuit. Elle avait aussi beaucoup pensé à Andrew et aussi un peu à Caleb.

– Miss Holloway, ça ce n'est pas une pomme. C'est un calamar sans pattes ! s'égosilla la professeur d'art en gesticulant de long en large de la classe. La brunette fut sauvée par Andrew qui entra en trombes dans la classe, Robin sur l'épaule droite, Batman sur l'épaule gauche.

– Madame ! Le professeur Black vous appelle en salle des profs ! Il s'est bloqué la main dans la cafetière ! s'exclama-t-il au bord de la crise de larmes. Dès que la professeur sortit de la classe, il s'écroula par terre. De rire. Les autres élèves le dévisageaient, certains morts de rire et d'autre un peu hautains.

– D'abord tu embrasses la copine d'un autre puis tu te moques des professeurs ? T'es vraiment pathétique Osborn... déclara une fille avec de longs cheveux noirs. Andrew se releva et la fixa avec un regard spécial. Il fit claquer sa langue et Batman descendit de son épaule et sauta sur la fille qui, étrangement, ne réagit pas. Elle attrapa le lézard par la queue et le lâcha par terre.

– Osborn. Ton petit lézard ne me fait pas peur. Toi non plus. Je n'entre pas dans ton petit jeu pathétique. elle soutint son regard jusqu'à ce que les yeux noirs s'abaissent, donnant la victoire aux magnifiques yeux verts de la jeune fille.

– Qui c'est ? souffla Joe à Calum sans quitter la scène des yeux.

– Bethany McFly. Une dure à cuire. Elle gère le journal du lycée.

– On a un journal du lycée ?

– Tu croyais vraiment que les feuilles sur les plateaux de la cafét' c'était des feuilles du journal local ?

– Bah ouais...

– T'es vraiment stupide, Joe...

Finalement, la professeur revint et chassa Andrew de sa classe. Quand le cour fut fini, tous les élèves se dépêchèrent de sortir sauf Prune qui se faisait encore réprimander sur sa pomme pieuvre. Enfin, elle fut relâchée et remarqua que Bethany la suivait. Bethany était une jeune fille vraiment belle et grande comme toutes les filles populaires dans les séries américaines. Pourtant, elle n'était pas comme ça. Bethany était une fille très gentille mais aussi très franche et sèche ce qui lui donnait une mauvaise réputation, en plus du journal du lycée.

– Euh... Tu as besoin d'aide ? demanda Prune en se retournant. Son interlocutrice passa la main dans ses cheveux et lui sourit.

– Prune. Tu ne devrais pas te laisser marcher dessus par Osborn. Je suis désolée de te dire ça mais... C'est un mauvais garçon.

– Pourquoi tu dis ça ? Tu ne le connais pas !

– Si. Je le connais bien assez...

– Ah oui ? Et comment tu le connais alors que tu ne lui a jamais parlé ? Prune était un peu sur la défensive et cela la gênait un poil.

– Avant, j'habitais en Californie. Je suis sortie avec Osborn pendant un an. C'est un mauvais garçon.


Prune regardait Bethany avec un regard vide. Andrew lui aurait-il menti ? En réalité, il ne lui avait jamais dit qu'il n'avait pas eu de petite amie pendant les deux ans.

– Bethany, tu ne me mens pas ?

– Sache, Prune, que je suis tout sauf une menteuse. la brunette haussa les épaules puis partit. Elle était un peu déçue mais le niait.

***


Non loin de là, Caleb était allé trouver Andrew pour discuter. Sauf que la discussion avait viré en dispute.

– Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu te ramènes et tu gâches tout ? Caleb frappa violemment Andrew qui se mit à saigner du nez en esquissant un sourire. Il se laissa frapper sans rien faire tandis que Caleb se décourageait.

– Pourquoi tu réagis pas ? s'énerva-t-il finalement.

– Parce que la fille que tu crois connaître si bien m'a appris que même si on se fait battre, il faut se relever la tête haute. Les forts dominent, les faibles s'inclinent. Dans ce cas-là, je suis le fort et tu es le faible. Tu utilises ta force pour me faire plier. Tu veux te l'approprier mais Prune est libre. Personne ne peut la mette en cage. Elle joue un rôle pour toi. Tu ne la connaîtra jamais vraiment car elle n'est même pas vraiment elle en ce moment.

– Qu'est-ce que tu insinues ?

– Qu'elle n'est pas heureuse avec toi. Que tu ne la connais pas.

– Bien sûr que je la connais ! Je la connais par cœur !

– D'accord alors faisons un petit quizz... Quelle est la plus grande peur de Prune ?

– Le noir.

– Aime-t-elle se battre ?

– Non, c'est une pacifiste.

– Est-elle sportive ?

– Pas du tout.

– A-t-elle des problèmes pulmonaires, genre asthme ou autre ?

– Bien sûr que non.

– Et pour finir, tu sais pourquoi elle boîte sur sa jambe gauche ?

– Bien sûr. Durant des vacances, il y a trois ans, elle a eu un accident à la piscine et a failli se noyer. Heureusement, son frère était là et l'a sauvée.

– Mon vieux, t'es carrément à côté de la plaque ! Prune adore se battre, elle n'est pas vraiment sportive à cause de son asthme et elle a bien failli se noyer mais c'était dans une rivière et c'est moi qui l'ai sauvée. Caleb le fixa, déboussolé et lâcha le col d'Andrew qui tomba lourdement par terre. Le blondinet fut alors prit d'un rire qui fit froid dans le dos du brun.

– Prune n'est qu'un mystère pour toi. lâcha-t-il en se relevant, pressant sa manche sous son nez.

– Non, Andrew. Caleb me connaît depuis plus longtemps que toi.

Les deux garçons se tournèrent vers Prune qui était accompagnée de Bethany. La noiraude regardait toujours Andrew avec un certain dégoût dans les yeux.

– Ma chère amie m'a apprit plusieurs choses très intéressantes. Par exemple le fait que vous soyez sortis ensemble durant un an et demi alors que tu m'avais dit que tu n'avais cessé de penser à moi. Prune avait prit un peu de confiance en elle et arborait le même air légèrement hautain de Bethany.

– Prune c'est pas ça...

– Osborn. Ça ne sert à rien de mentir. lâcha Bethany.

– En fait, tu ne fais que ça. Mentir. Tu mens tout le temps. C'est ridicule. surenchérit Caleb.

– Andrew... Je suis déçue. dit alors simplement Prune, ce qui eut l'effet d'une bombe dans l'esprit d'Andrew.

– Tu... Tu me déteste ?

– Te détester ne servirait à rien. Cela voudrait dire que tu es quand même dans mon esprit. Et ça, je ne le veux plus. la brunette le regarda froidement puis partit. Elle couru jusqu'à être chez elle. Puis, une fois chez elle, elle couru jusqu'à la forêt où elle se hâta de monter dans son sapin. Celui où elle s'était réfugiée quand Jamie la poursuivait. Celui où Andrew était encore venu la sauver.

Les deux semaines suivantes, Prune n'eut aucun contact avec Andrew. Ils s'évitaient soigneusement et cela était bien pour tout le monde. Étant donné qu'elle était un peu en froid avec Holly, Prune se rapprocha de Bethany. Elle passait ses moments de libre avec Caleb. Mais au fond, Prune avait l'impression qui lui manquait quelque chose. Une chose importante.

Un jour, alors qu'elle entrait de la classe de peinture, elle heurta Andrew de plein fouet et tomba par terre.

– Oh je suis désolé ! s'empressa de dire le blondinet avant de partir vers son prochain cour. La brunette grogna puis se releva en ramassant ses affaires, n'ayant pas remarqué la jolie lettre qui s'était glissée parmi ses livres et cahiers.

Le soir même, Caleb ne pouvait venir chez elle à cause d'un dîner de famille et elle passa donc la soirée à écouter de la musique quand elle décida de ranger un peu ses affaires. Elle commença par remettre de l'ordre dans sa penderie, puis sur le sol de sa chambre. Enfin, elle s'empara de son sac de cours qu'elle renversa et vida entièrement. Alors qu'elle triait les fiches volantes et autres feuilles inutiles, elle remarqua la petite enveloppe marquée d'une écriture soignée qu'elle connaissait.

Elle se saisit donc de la petite chose et l'ouvrit délicatement. Elle sortit la feuille qui se trouvait à l'intérieur et son cœur bondit. Elle se leva rapidement et farfouilla dans une caisse puis trouva enfin ce qu'elle cherchait: les lettres d'Andrew. Elle en prit une au hasard et reconnu l'écriture et le papier à lettre.

– Quel genre de garçon a du papier à lettre... souffla-t-elle tandis qu'elle revenait sur son tapis avec les deux lettres. Elle inspira un grand coup puis se saisit de celle qu'elle avait déjà dépliée et commença sa lecture.

« Tu sais... Au début, je te trouvais juste incroyablement stupide. Je pensais que t'étais comme toutes ces filles qui ne veulent que l'attention sur elle. Puis est venu le moment de la poubelle. Sérieux, quel genre de personnes se cachent dans des poubelles ? Dès ce moment, je t'ai trouvée incroyable. T'étais pas comme toute ces filles, t'étais bien plus que ça. T'étais parfaitement différente et c'est ça qui m'a plu. Tu m'as intégré dans ton groupe. Tu m'as ouvert les yeux. Sur le monde, sur toi. Prune, t'es la plus belle chose qui me soit arrivée. T'es la petite étincelle qui rend une vie meilleure. T'es le papillon qui batifole dans mon estomac. T'es la lune et le soleil. Tu ne te rends pas compte à quel point tu peux changer les gens. T'es une personne extraordinaire pour une vie banale. Oui, je t'ai menti. Quand j'étais en Californie, je suis bien sorti avec Bethany mais... Ma mère venait de mourir, tu étais loin et j'étais mal. Prune, ne change jamais pour quiconque et ne laisse jamais personne te changer. Redeviens la fille un peu folle et imaginative d'avant. Redeviens celle que j'ai connue, je t'en supplie. Ton prénom étrange et ton amour des blagues font de toi ce que tu es. Au même titre que tes yeux qui prennent la teinte de l'or quand il fait beau ou que tes cheveux indisciplinés. Que ton sourire imparfait et que les petites taches de rousseur qui se trouvent sur tes pommettes. Que ton petit bidon et ton humour pourri. Prune, tu es tout ça parce que tu l'as choisi. Je sais que ce que je vais te dire va te faire me détester encore plus mais tant pis. Si tu restes encore avec Caleb, il va te changer au point de te rendre vide. Tu ne seras plus que l'ombre de toi-même et je ne laisserai jamais ça arriver ! Je me battrai pour que la Prune d'avant revienne. Je te le jure que ce n'est pas une promesse en l'air. Promis. »

Son esprit se court-circuita et son cœur rata un battement. Sa mère était morte ? Et... Il avait avoué son mensonge. Il disait tant de jolies choses que Prune se sentir chamboulée. Il la trouvait stupide... Avant ? Et... Une larme coula, silencieuse. Suivie d'une deuxième. Un flot interrompu de sanglot s'échappa et elle pleura une bonne partie de la nuit. Incapable de choisir que faire. Elle ne pouvait pas supporter le poids d'autant de choses sur épaules. D'autant de choix difficiles. Andrew ne l'avait pas abandonnée. Elle le comprenait à présent. Il ne voulait pas qu'elle souffre d'une relation à distance. Mais... Caleb était si attentionné avec elle. Il l'aimait vraiment et ça, elle ne pouvait le nier.

– Mais qu'est-ce que je dois faire ? hurla-t-elle alors, à trois heures du matin. Prune était perdue.

Quand Andrew se réveilla, ce matin-là, il avait un mauvais pressentiment mais n'eut pas le temps d'y penser plus longtemps car Batman s'en alla avec sa basket et Robin picora son petit-déjeuner. Il avait longuement réfléchi et s'était décidé de donner la lettre à Prune pour faire table rase. Malheureusement pour lui, la lettre ne se trouvait plus dans son sac. Son sang se glaça et il se figea sur place, en plein milieu du couloir.

– Batman ? C'est toi qui a prit la lettre dans mon sac ? le lézard le regarda l'air de dire « j'ai vraiment une tête à te voler tes affaires ? » et s'en alla gambader en compagnie du poulet. Le blondinet ragea intérieurement puis s'en alla d'un pas pressé en direction de son cour de sport. La matinée passée, il se rendit compte qu'il n'avait pas vu une seule fois Prune. Était-elle malade ? Il se décida d'aller la voir chez elle et, sur le chemin, il eut une idée.

Quand il se planta devant la porte d'entrée, caché sous une table en cerisier, Maman Holloway fut très amusée et aida le blondinet à rentrer sa table, lui avec.

– Prune est en haut. Elle n'est pas sortie de sa chambre depuis hier... Je crois qu'elle a ses règles... Andrew hausse les épaules et monta silencieusement les marches. En réalité, sa table n'était pas en cerisier. C'est une table pliable en plastique, pour que ce soit plus facile de passer les portes. Mais, pour l'exotisme, il s'était paré d'un gros marqueur rouge et avait marqué en gros « CERISIER » sur le dessus de sa table.

– Maman je t'ai déjà dit de... Andrew, qu'est-ce que tu fiches ici ? Sous une table en plastique ?

– Hum... Techniquement c'est du cerisier... C'est marqué dessus ! la jeune fille le regarda comme s'il était un attardé mental puis soupira. Elle repoussa une des mèches de ses cheveux et se mit face à lui.

Andrew ne l'avait jamais vue comme ça; ses cheveux étaient attachés en queue-de-cheval brouillon, elle portait un short de sport et un t-shirt trop grand où il était écrit « Même les fruits peuvent se battre ! ». Ses yeux était bouffis et cernés, signe d'un énième acte de noctambulisme.

– Ça va ? hasarda-t-il, restant tout de même sous sa table — par pure mesure de protection.

– Tu oses me demander si ça va ? Tu oses me le demander ? elle était vraiment énervée mais elle ne donnait pas l'impression de l'être contre lui. On aurait plutôt dit qu'elle se parlait à elle même.

– Je suis un monstre, Andrew Osborn. Un horrible monstre et toi, tu me fais encore plus passer pour tel ! continua la jeune fille tout en se mettant en quête de quelque chose dans son bazar.

– Qu-quoi ? Andrew était nerveux. Le comportement de Prune était loin d'être habituel. Elle ne souriait plus, elle ne riait plus à outrance, elle n'était même pas terrifiée par le fait que sa chambre était plongée dans une légère pénombre, stores fermés oblige. Soudainement, Prune se releva en brandissant quelque chose et elle fixa Andrew avec ses grands yeux miels. Le blondinet reconnu tout de suite sa lettre et comprit rapidement la situation.

– Purée ! Ta mère est morte. C'est pour ça que t'es revenu, hein ? C'est pour ça ? Je ne sais pas par quel malheureux hasard Bethany s'est retrouvée dans la même ville que toi mais ce n'est pas encore le propos. Ta mère est morte ! elle hurla avant de se laisser tomber sur le tapis. Andrew était dévasté. Plus par l'état de la jeune fille que la "nouvelle".

– Ma mère avait un cancer depuis deux ans. On est venus dans cette ville quand on l'a apprit. C'était celle où elle vivait quand elle était plus jeune. Son état s'est aggravé et mon père a décidé de retourner en Californie pour qu'elle bénéficie des meilleurs traitements. Sauf que ça n'a servit à rien. Ça a beaucoup affecté Camille et on est revenus ici. Je ne voulais pas te le dire pour ne pas que tu me prennes en pitié... Ma mère t'aimait bien, tu sais ?

Il s'était approché tout doucement de l'adolescente et l'enlaçait, à présent. Elle sanglotait encore contre son torse mais ne bougea pas. Ils restèrent dans cette position un petit moment puis elle souffla un grand coup et s'éloigna de lui.

– Andrew. Je suis sincèrement désolée, pour tout. Je... Tu as dis tellement de belles choses dans ta lettre... Et je sais bien que tu ne m'as pas abandonnée mais... Il faut que tu me comprennes. J'aime Caleb à présent. Mais je ne veux plus te perdre, je veux qu'on reste amis. Je veux qu'on refasse des blagues et qu'on rigole de tout et de rien. Comme avant, sans... Sans l'amour.

– L'amour, ça craint. lâcha simplement Andrew en levant la tête vers Prune. Cette dernière lui sourit et haussa les épaules.

– S'il est réciproque, l'amour ça peut être bien. Mais de toute façon, ça se complique toujours à un moment ou un autre. ils pouffèrent puis se levèrent.

– Tu va revenir demain, en cours ?

– Oui. Ça ne dérange pas ma mère que je reste ici mais quand mon père va l'apprendre...

– Il va te thérapeuter ?

– C'est ça ! elle lui sourit et il la prit une dernière fois dans ses bras, avant de s'en aller, caché sous sa table en « CERISIER ».

Peu après son départ, Prune s'installa en tailleur sur son lit et se prit le visage dans les mains.

– Mais qu'est-ce que tu viens de faire ma vieille...

– Euh... Prune... Tu peux me rappeler le plan, s'il te plaît ? soupira Joe.

– Rha, tu es vraiment lent à la détente...

– Excuse mais tu m'as empêché de déjeuner, alors mon cerveau n'est pas fonctionnel à cent pour cent !

– Parce que t'as un cerveau toi maintenant ? ils pouffèrent puis Prune reprit son sérieux.

– Bon, tu va voir Olivia et tu lui demande de te rejoindre dans trois jours derrière le bâtiment d'art plastique, compris ?

– Yep ! Joe partit en revint quelques minutes plus tard, le visage pâle comme s'il avait vu un fantôme.

– Elle est de retour.

– Qui ça ?

– Camille Osborn.

– Et, tu n'es pas content ?

– Elle. Elle n'a pas l'air contente. souffla-t-il avant de tressaillir. Prune haussa un sourcil puis plaça ses mains sur ses hanches. Avec ce geste, elle remarqua qu'elle avait pet du ventre mais occulta.

– Qu'est-ce qui pourrait rendre Miss-je-suis-la-fille-la-plus-adorable-du-monde fâchée ? se demanda-t-elle à voix haute. Joe haussa les épaules à son tour puis soupira.

– Tu sais ce qu'il s'est passé en Californie ? demanda soudainement Prune à son ami.

– Euh... Non. J'ai pas trop suivi l'actualité... répondit Joe, étonné.

– Non mais je te parle des Osborn !

– Ah ! Bah alors... Non. Non plus.

– Tu es désespérant... souffla la jeune fille.

– Je sais... On me le dit souvent... Bon, explique moi ce qu'il s'est passé en Californie ! continua Joe, plus sérieux. Prune prit une grande inspiration et lui expliqua les lettres, Bethany et la mère d'Andrew et Camille.

Depuis le départ du blond, deux ans auparavant, Prune et Joe s'étaient vraiment rapprochés en tant qu'amis. Holly, traînant constamment avec Olivia, l'avait quelque peu délaissée — mais elles restaient tout de même meilleures amies. Malheureusement, avec l'histoire du cousin Miguel, elles s'étaient éloignées. Prune pensait dur comme fer qu'Holly devait aller le dire à Calum tandis que la rousse trouvait que c'était mieux qu'il n'en sache rien.

– Je comprend... déclara Joe quand la brunette eut fini son récit. C'est donc pour ça qu'Andrew est revenu ?

– Oui.

– Et donc... tu lui a pardonné ?

– Oui.

– Holly te l'aurai déconseillé.

– Tu n'es pas Holly.

– Je ne te le déconseille pas. il lui sourit puis les deux adolescents soupirèrent en chœur. Vraiment, Prune était perdue. Elle décida, avec l'appui de Joe, d'en parler à Caleb; elle ne voulait pas avoir de secret pour lui.

Trois jours, plus tard, elle prit son courage à deux mains mais fut interrompue par un Calum en furie qui se planta devant elle.

– Holly me trompe ! Elle me trompe ! hurla-t-il, des flammes dans les yeux. Prune glapit et le fixa, les yeux ronds.

– Tu le savais ? Bien sûr que non tu ne le savais pas. Sinon tu me l'aurais dit. Hein, tu me l'aurais dit ?

– Je... Euh...

– C'est bien ce que je me disais ! il colla alors violemment Prune contre sa poitrine et la serra à outrance. Quand il la relâcha, la brunette était au bord de la crise d'asthme.

– Wow. Tu... tu va bien ?

– Non. J'aime Holly. Mais elle ne m'aime pas. Je vais la quitter. Tout de suite. Là. Maintenant. il parlait très rapidement et semblait vraiment excité comme s'il avait ingurgité trois tonnes de café. Il laissa Prune plantée sur place et s'en alla, presque en courant, hors du bâtiment scolaire. Après cet événement, Prune ne se sentait plus vraiment d'aller raconter son rabibochage avec Andrew à son petit-ami. Surtout qu'elle allait être en retard pour le rendez-vous avec Olivia.

Prune attendit que Joe rejoigne Olivia pour se glisser derrière un mur. C'était une nouvelle blague et la noiraude en était la victime.

– Joe... Pourquoi on poireaute ici ? soupira Olivia en fixant le garçon qui attendait Prune.

– Euh...

– Parce que vous m'attendiez ! lança la brunette en sortant de derrière son mur. Olivia arqua un sourcil et un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres.

– Oh, alors je crois que je suis la nouvelle cible d'une des blagues géniales de Miss Holloway. Allez, fais vite qu'on en finisse. Prune acquiesça puis lui montra son annulaire.

– Vas-y, tire sur mon doigt ! Olivia fixa la brunette comme si elle était folle-alliée — ce qui n'était qu'à moitié faux.

– Allez, vas-y ! l'encouragea Prune avec un large sourire.

– Bon, s'il le faut... la noiraude soupira et tira sur le doigt de Prune. Quelques secondes passèrent sans qu'il ne se passe rien avant que la brunette éclate d'un rire sonore. Olivia la fixa, le regard rempli d'incompréhension.

– Tu vois, Olivia, les blagues n'ont pas forcément besoin d'être méchantes. Je suis désolée pour toutes les blagues que j'ai faites qui ont été méchantes. Tu me pardonnes pour tout ce que j'ai fais ? la noiraude semblait vraiment troublée par les paroles de son interlocutrice.

– Tu... veux faire la paix ?

– Oui.

– Et bien... D'accord. Je suis aussi désolée d'avoir été autant peste avec toi... C'est juste que... Tu avais Holly et puis Andrew... elle soupira puis souris à Prune avant de la saluer et de partir. La brunette était contente.

– Dès maintenant, je vais remettre de l'ordre dans ma vie ! s'exclama-t-elle en levant le bras vers le ciel, comme une héroïne de film ou de jeu vidéo.

Prune avait décidé qu'elle en avait assez de mentir aux gens.

– Holly. Tu dois parler avec Calum. Il sait que tu l'as trompé.

– Si je le savais pas, ça ferait pas trois jours que je suis enfermée dans ma chambre. Le natel éteint. Les stores fermés. son ton était sarcastique mais Prune voyait bien qu'elle était mal.

– Holly...

– Je suis une personne horrible, Prune. Un monstre !

– Mais non, tu as juste fait une bêtise... Prune prit sa meilleure amie dans ses bras et elle sentit Holly qui sanglotait contre son épaule. Les deux adolescentes restèrent comme cela jusqu'à que la rousse s'éloigne de la brunette.

– Prune. Qu'est-ce que je dois faire ? Calum avait-il vraiment l'air énervé ?

– Calum serait incapable de s'énerver contre toi. Je pense qu'il a juste été blessé de l'apprendre. Tu devrais aller t'excuser et lui prouver qu'il peut regagner confiance en toi.

– Tu le penses vraiment ? Je suis sûre il va me frapper à coup de pelle !

– Holly ?

– Quoi ?

– Sérieux, arrête de lire des livres... la rousse esquissa un sourire et serra à nouveau Prune dans ses bras.

Une chaise en plastique, une table en « CERISIER », un thermos et le duo de choc était prêt pour l'opération reconquération.

– Holly ?

– Prune ?

– J'ai besoin de faire pipi.

– Tant pis.

– Je peux faire pipi dans le thermos ?

– Non.

– Steuplé...

– Non ! Prune, t'es dégoûtante !

– Mais... Arrête ou je coule !

– Quoi "arrête" ? C'est toi qui arrête !

– Les filles ? Vous faites quoi sous une chaise et une table en plastique ?

– Euuuuuuuuuuh...

– Salut Andrew ! Tu veux nous rejoindre ?

– À fond ! s'exclama le blondinet en rejoignant Prune sous la table. La brunette expliqua alors son plan de reconquête à Andrew qui décida alors de les aider.

– Non mais je suis sûr que tout le monde aime Hollum ! déclara Prune à Andrew. Les deux adolescents étaient partis dans un débat pour trouver à leurs amis —Holly et Calum— le meilleur "nom de couple".

– Mhhh je préfère Cally.

– Ouais mais ça va pas, Cally c'est déjà un vrai prénom !

– Diantre...

– Fichtre...

– Mazette...

– Taisez-vous ! s'énerva soudainement Holly en voulant se lever brusquement. Malheureusement pour elle, elle se trouvait en dessous d'une chaise en plastique pliable bleue et verte provenant de chez IKEA, la « JUGZDÅMŌV », et cette dernière ne voulait pas qu'Holly se lève brusquement. Ce qui dit que la jeune rousse se rétama le nez par terre, dans une position étrange.

– C'est comme si...

– Son corps avait...

– Fusionné avec la « JUGZDÅMŌV »... murmurèrent Prune et Andrew en regardant leur amie avec un regard un peu malsain vu la situation.

– Prune ? Tu m'expliques ce que tu fabriques sous une table avec... Andrew... Et Holly qui a... Fait je ne sais quoi avec cette chaise bleue et verte provenant de chez IKEA et se nommant la « JUGZDÅMŌV » ? intervint soudainement Caleb, ce qui coupa Prune et son acolyte dans leur contemplation malsaine de l'angle étrange que faisait le bras d'Holly.

– Bah... En fait... On attendait Calum... Pour qu'Holly puisse ressortir avec lui et... Osborn s'est incrusté sous ma table et puis Holly a voulu se lever mais la « JUGZDÅMŌV » ne l'a pas laissée faire et a fusionné avec elle, sacrifiant son bras au passage...

– Les gars ? Regardez mon bras deviens bleu...

– Chut Holly, on discute ! la réprimanda Caleb qui se retourna face à Prune.

– Tu veux bien nous aider à capt- trouver Calum ? demanda Andrew avec un large sourire. Prune s'aperçut alors que Caleb serra les poings mais se contenta d'hausser les épaules.

– Non, moi j'ai des vrais choses à faire. Par exemple, ne pas traîner sous une table en plastique bleue et verte faisant partie de la même collection que la « JUGZDÅMŌV » avec mon ex-copine et une rousse.

– Les gars, j'ai un petit peu mal...

– Mais tais-toi Holly !

– Si tu as un problème avec mes activités fortes passionnantes, dis-le moi en face au lieu de te cacher avec ma table bleue et verte faisant partie de la même collection que la « JUGZDÅMŌV » ! cracha Andrew en tentant de se lever. Mais comme Holly, ce fut un échec total. Les pieds de la tables se refermèrent sur lui et Prune ce qui fit qu'il reçut le coude de la brunette dans les côtes et qu'elle frappa son crâne contre le haut de la table.

– Les « JUGZDÅMŌV » sont définitivement pourris... marmonna Holly en regardant son bras d'un air mi-dépité, mi-dégouté.

Après l'incident avec les « JUGZDÅMŌV », Prune accompagna sa meilleure amie aux urgences car l'état de son bras était vraiment très louche et la jolie rousse devenait de plus en plus blanche comme un linge.

– Je vais vomir.

– On est deux...

– Prune, retiens-toi ! Si tu vomis aussi, on sera deux à vomir et après y'aura personne pour nettoyer.

– D'accord...

Andrew avait proposé de les accompagner mais, sous le regard intrigué de Caleb —car oui, Prune était encore censée être fâchée contre le blondinet—, la brunette avait refusé, laissant son petit-ami et lui, seuls.

– Votre amie va s'en sortir. Mais son bras s'est fracturé. annonça un médecin à Prune qui attendait dans la salle d'attente des urgences.

– Hein ?!

– Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé mais elle a dû se battre avec quelqu'un de beaucoup plus fort qu'elle pour être dans cet état.

– C'était une chaise...

– Une chaise ?

– Une « JUGZDÅMŌV »...

– Fourberie... Prune acquiesça d'un hochement de tête puis alla voir son amie qui pleurnichait en regardant l'énorme plâtre autour de son bras. Holly se plaignait que cela cassait tous les codes de la mode et que cela la défigurait.

– Ça ne peut pas vraiment te défigurer vu que ce n'est pas sur ton visage... avança Prune qui reçu un regard noir de la part d'Holly.

– Holly ? Oh mein gott ! Ton bras ! Ça va ? Tu n'as rien ? Enfin, si tu as quelque chose, je suis débile... un nouvel arrivant dans la pièce se mît à parler à toute vitesse, tout en bougeant partout.

– Hmmm Calum, tu va bien, toi ? lui demanda la rousse en haussant un sourcil.

– Comment tu veux que j'aille bien ? Ma petite amie s'est cassé le bras à cause d'une chaise en plastique ! Tu m'expliques comment t'as fais ton coup ? Nan mais c'est pas croyable... il se laissa tomber sur une chaise et poussa un long soupir avant de fixer le plafond. Puis, soudainement, redescendit son regard vert sur Holly.

– Ne crois pas que je t'aie pardonnée hein...

– Non, tu ne l'as absolument pas fait.

– Absolument pas.

– C'est sûr... Calum s'avança tout doucement près du lit avec sa chaise.

– Certain... Holly le fixait avec amour.

– Définitif...

– Pour toujours... ils étaient si près que leurs nez se touchaient et Calum embrassa alors Holly. Prune, qui les regardait de loin, se racla bruyamment la gorge.

– Bon... Je vais vous laisser hein... À plus tard Holly...

– À... Plus... Tard ! la brunette se hâta de sortir de la pièce pour se retrouver face à un Dave Gerty secoué par les sanglots et en sang.

– Mais c'est quoi cette journée de fou ? demanda Prune à voix haute ce qui fit que Dave la remarqua.

– Prune ! Ta sœur m'a repoussé ! il sanglota plus fort et s'agrippa à la concernée.

– Hm bonjour Dave, ça va et toi ? Mal ? Ah c'est pas cool. Explique à tata Prune ce qu'il se passe !

– Lola m'a rejeté et j'étais fâché alors j'ai voulu frapper un poteau mais c'était un arbre entouré de papier alu...

Prune pouffa: il s'agissait d'une de ses blagues. Elle ne pensait pas qu'il puisse exister une personne assez débile pour tomber dans le panneau.

– Et donc ?

– Et donc je me suis cassé la main !

– Oups...

– C'est le cas de le dire ! J'ai mal moi, purée ! En plus, après ça je me suis encoublé dans une racine et me suis ouvert l'avant-bras...

– T'es quand même nul hein...

– Mais...

– Et donc... Lola t'as rejeté méchamment ?

– Non, elle a été très gentille. Comme d'habitude... il soupira puis serra Prune contre lui, les yeux humides.

– C'est ma semaine des câlins ou comment ça se passe ? marmonna Prune tandis que le garçon la pressait contre lui. Finalement, Dave la lâcha puis une infirmière vint s'occuper de lui.

Prune sortit enfin de l'hôpital et vit Caleb qui l'attendait, assis sur une chaise en pliable en plastique bleue et verte.

– Prune ? C'est vrai que tu as pardonné l'autre psychopathe ?

– Euuuuuh... Oui ? un éclair passa dans les yeux de Caleb qui se leva d'un coup et s'en alla en emportant sa chaise.


Le lendemain, Caleb fit comme si rien ne s'était passé la veille mais Prune voyait bien qu'il avait été énervé de savoir qu'elle s'était "réconciliée" avec Andrew et cela l'inquiétait.

– Bon, tu restes là, okay ? Je vais nous chercher à boire au distributeur puis on va acheter des sandwichs !

– Okay, prend-moi un Coca ! Caleb adressa un grand sourire à sa petite amie qui s'éloigna en direction du distributeur de boissons. Il ne voulait pas lui montrer qu'il était excrément énervé du fait qu'elle se soit réconciliée avec le blondinet.

– En parlant du loup... murmura Caleb en apercevant Andrew qui était adossé sur le mur jouxtant la cafétéria, les écouteurs enfoncés dans les oreilles. Il semblait à des milieux de lieux de ce qui l'entourait. Cela fit rapidement remonter sa rage. Celle qu'il était parvenu à contenir face à Prune resurgissait en un flot incommensurable. Le blond leva la tête et aperçu l'autre garçon. Il retira donc ses écouteurs et le salua.

– Salut ! Tu es avec Prune ? il lui adressa un sourire franc mais son interlocuteur ne sembla pas du tout le remarquer.

– Ne t'approche plus de ma petite-amie ! hurla Caleb. Il décocha alors un coup de poing dans la mâchoire d'Andrew. Celui-ci répliqua en envoyant son pied dans l'entrejambe de son adversaire. Malheureusement pour lui, Caleb esquiva et parvint à le mettre à terre. Il le roua alors de coups de pieds et de poings. Voyant qu'Andrew ne réagissait plus, il s'agenouilla près de lui et prit sa gorge entre ses mains afin de le secouer. Sa prise se resserra et il commença à l'étrangler. Le blond revint quelque peu à lui et tenta d'éloigner l'autre garçon qui faisait encore pression sur ce point fatal.

– Caleb ? Ouhouh, ils avaient plus de coca alors je t'ai pris un fanta et... un bruit d'éclaboussures retentit et Prune sauta sur son petite ami, l'empêchant de continuer. Andrew semblait inanimé et le visage de Prune devint livide. Elle sortit rapidement son téléphone de sa poche et appela les urgences. De son côté, Caleb n'était pas dans son état normal. Il était complètement sonné.

Les secours arrivèrent rapidement, mais cela sembla une éternité pour Prune, et embarquèrent Andrew. La jeune fille les supplia de pouvoir monter avec eux et ils acceptèrent. Prune était complètement paniquée et tremblait, ne sachant absolument pas comment réagir face à la situation. Elle envoya un message à Holly pour la prévenir qu'elle arrivait à l'hôpital avec le blondinet puis se concentra à nouveau sur lui.

***


Andrew semblait apaisé; normal, il dormait. Mais cela réconfortait la jeune fille. Elle ne cessait de revoir la scène: Caleb plongé sur lui, ses doigts serrant de plus en plus sa gorge. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait fait ça. Lui qui était si calme et posé habituellement, cela ne lui ressemblait pas. Quand elle avait dit ce qu'il s'était passé aux infirmiers, ils avaient appelé la police et Caleb avait dû passer un interrogatoire. Enfin, c'est ce qu'une jeune infirmière avait expliqué à Prune pour tenter de la calmer.

À présent, la brunette était dans cette chambre blanche et silencieuse en compagnie d'un Andrew endormi artificiellement. Le médecin avait expliqué à Prune qu'il avait trois côtes cassées et un poignet foulé. Rien de grave en soit mais il semblerait qu'Andrew aurait quelques problèmes respirer et parler durant une ou deux semaines.

– Il a eu de la chance que vous soyez arrivée, si son attaquant avait continué à presser comme ça, il serait mort à cette heure. lui avait-il dit en lui faisant un sourire amical. Camille et son père n'étaient pas encore arrivés — ils se trouvaient dans un autre état pour une réunion familiale à laquelle Andrew n'avait pas voulu participer — et donc Prune avait décidé de veiller sur lui jusqu'à leur retour.

Alors qu'elle suivait le rythme régulier de la respiration du blondinet, Caleb entra timidement dans la chambre.

– Qu'est-ce que tu... commença la jeune fille en se levant. Caleb leva les mains devant son torse.

– Il y a un policier dehors. J'ai le droit de venir te voir. Et puis... Je ne l'ai pas tué. Il va bien, je vais bien. Tout est okay, non ?

– Non, Caleb. Non. Pourquoi tu as fait ça bon sang ?

– Quand tu m'as dit que vous étiez amis. J'ai eu peur que tu retombes amoureuse de lui. J'ai eu peur que... que tu me laisse pour lui.

– Alors tu as décidé de le tuer ? lança Prune, sarcastique.

– Non ! Je ne voulais pas ! J'ai... C'est devenu incontrôlable. J'avais besoin de le blesser, de lui faire du mal. De l'éloigner de toi... il semblait sincère mais Prune était hors d'elle.

– Je ne veux plus te voir.

– Mais Prune...

– Non. Dès que tu sortiras de cette pièce, toi et moi, ça n'aura jamais existé. Sors.

– Pru...

– Au revoir Caleb. elle lui tourna le dos et s'installa de nouveau sur la chaise près du lit d'Andrew. Les pas de Caleb résonnèrent dans l'espace presque vide et un bruit de porte qui s'ouvre puis se ferme se fit entendre. Dès cet instant, Prune fut étrangement soulagée.

La jeune fille s'était endormie peu après le départ de Caleb, tombant de fatigue sur le lit d'Andrew. Elle rata le passage de Camille et du père d'Andrew. Elle rata aussi le réveil de ce dernier et il décida alors de la réveiller.

– Bah, finalement on dirait que je suis pas le plus violent des deux, non ? s'exclama-t-il avec un large sourire malgré sa voix faiblarde. La jeune fille émergea doucement et se tourna vers Andrew.

– Depuis combien de temps tu es réveillé ? demanda la brunette, les yeux encore lourds de sommeil.

– Hm, environ quatre ou cinq heures. On dirait bien que t'as passé la nuit ici ! dit-il en pointant la fenêtre. Le soleil se levait tout juste et les oiseaux chantonnaient tout doucement. Le parfait matin d'automne.

– Quoi ? Nom de Zeus ! Je n'ai prévenu personne que j'étais ici ! Prune se leva soudainement et voulu prendre son téléphone sur la table derrière elle mais elle s'encoubla dans la chaise et se rétama violemment. Andrew éclata de rire pendant qu'elle se relevait en se frottant les coudes. Le choc du réveil passé, elle remarqua qu'elle avait un bon nombre de notifications et plus trop de batterie.

– Je... Je dois vraiment rentrer chez moi. C'est pas que ma famille est sur le point de déclencher l'alerte enlèvement mais c'est tout comme ! elle se gratta le crâne et récupéra son sac à dos qui jonchait sur le sol.

– Prune ! Attends ! s'exclama Andrew alors qu'elle passait la porte. La jeune fille se retourna, étonnée.

– Quoi ?

– Je... Je suis content que tu m'aies sauvé la vie. Et que tu aies veillé sur moi. Vraiment. il lui adressa alors un énorme sourire franc.

– Et moi je suis vraiment contente que tu ailles bien, Andrew. répondit-elle en sortant de la pièce.

– Je ne suis pas vraiment sûre que ce sont une bonne idée... marmonna la jeune fille, ne lâchant pas son ami du regard.

– Dit-elle... répondit sarcastiquement le garçon, marchant sur les mains perché sur un rocher à cinq mètres du sol. L'adolescente le foudroya du regard quand il fit semblant de tomber et elle soupira de soulagement quand il descendit de son perchoir.

– Allez, amuse-toi un peu !

– Je ne sais pas faire ça...

– Alors... Fais quelque chose que tu sais bien faire !

– Comme quoi par exemple ?

– Raconte-moi une histoire ! les yeux verts du garçon se mirent à pétiller et la fille acquiesça avant de sourire:

« C'est l'histoire d'une fille et d'un garçon destinés à s'aimer. Elle était une adolescente tout sauf ordinaire, de son prénom à sa façon de vivre et de penser. Il était un garçon un peu étrange mais très aimant, se baladant souvent avec un lézard sur l'épaule. Ils ont été séparés durant deux ans par le destin mais se sont retrouvés à la suite du mauvais sort. Sauf que la fille avait trouvé d'autres bras que les siens pour la consoler. Et lui, était seul. Bien évidemment, il l'aimait toujours et décida de se battre pour cet amour mais la jeune fille n'en voulait pas. Elle pensait qu'il l'avait abandonnée et le détestait pour cela. Après maintes aventures, il lui ouvrit enfin pleinement son cœur et la fille comprit qu'il n'avait jamais voulu la faire souffrir en la quittant. Alors, elle lui pardonna. »

«Mais le petit-ami de la fille n'était pas du même avis et frappa le pauvre garçon. La fille quitta alors son petit-ami pour mieux veilleur sur ce garçon avec qui elle s'entendait si bien. Après ça, ils décidèrent de réapprendre à se connaître et se rendirent compte qu'aucun des deux n'avait vraiment changé et ils tombèrent de nouveau dans les bras l'un de l'autre, liés par cet amour inconditionnel. Quelques années après avoir fini leurs études, policier pour lui et historienne pour elle, ils décidèrent de fonder une famille et se marièrent. Ils eurent trois enfants: Pomme, Bruce et Arnold et vivent maintenant heureux dans leur charmante villa dans la forêt. Ces deux personnes, ce sont mes parents et ils devaient finir ensemble. "Elle" l'avait décidé. »

– Waw, j'ai toujours aimé tes parents mais je savait pas qu'ils étaient autant bizarres à l'époque que maintenant ! s'exclama le garçon.

– Rho, arrête avec ça !

– D'accord d'accord... Mais j'ai une dernière question !

– Oui ?

– C'est qui "Elle" ?

– Ah, c'est un secret !

– Pomme, t'es pas marrante !

– Parle pour toi ! elle rit et le tapa gentiment dans l'épaule. Le garçon la taquina encore un peu avant de l'embrasser puis de retourner faire ses équilibres dangereux sous le regard électrique de sa petite-amie.