Nevada

histoire originale incomplète, 9 chapitres


- Nevada revient ! Tout de suite ! Si tu me reviens pas, je jettes toutes t'es affaires au feu !

J'ignore ses cris et continue mon chemin en mettant mes écouteurs dans mes oreilles. J'allume la musique et commence à courir. Pourquoi est-ce que je lui obéirais ? Il n'est rien pour moi, même pas mon ami ! Quand j'arrive à la lisière de la forêt, je m'arrête. Je me retourne, personne.

Cet idiot est tellement flemmard qu'il n'a même pas eu le courage de me courir après. Je m'assois sur une pierre et regarde si il y a tout de ce que j'ai mis dans mon sac. Il y a mes chargeurs, ma tablette, mon carnet de croquis un jeans, un pull chaud, une deuxième paire d'écouteurs, des chaussettes, des sous-vêtements, toutes mes économies et un paquet de biscuits. Avec ça, j'aurais assez pour arriver jusqu'à la frontière du Colorado. Après, j'irais jusqu'à Denver en stop, je prendrais le train jusqu'à Emeryville et enfin j'arriverais à San Francisco. Une fois là bas, je retrouverais peut être celle qui m'as lâchement abandonnée, ma mère.


Je connais cette forêt comme le fond de ma poche. J'y allais tout les jours promener ma chienne mais Gary l'a faite piquée. Depuis, je n'y sors plus. J'avance dans la pénombre. La nuit est tombée et le vent s'est levé, il fait plus froid mais je ne sens rien. Dans quelques heures je serais à la frontière et enfin, je serais presque à la moitié de mon voyage, je crois..

J'avais prévu de partir le jour de mes dix-neufs ans mais ce matin, Gary a fait quelque chose d'impardonnable. Il a emporté tout mes livres.

Tout ce qui rattachait à mon père, il les a brûlés car nous manquions de bois. Mon seul héritage paternel réduit en cendres. L'automne n'est pas une saison si froide au Kansas, surtout que nous ne sommes qu'en novembre. Malgré tout, il a brûlé mes livres en osant prétendre que je n'y avais pas droit et que Halstead possède une très bonne bibliothèque. Heureusement, je gardais toutes les photos et les cartes de papa dans mon carnet de croquis qui ne me quitte jamais. Ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Alors, après cet incident, j'ai fais semblant d'aller en cours, j'ai attendu qu'il parte se saouler au bar du coin et je suis remontée dans ma chambre par le toit. Une fois dans ma chambre, j'ai préparé mon sac et je suis partie avant qu'il me revienne, sur les coups de dix heures. Je ne regrette jamais mes actes car ils sont tous plus ou moins prémédités.

Je marche, encore, ça fait des heures mais j'ai l'impression que ça fait des jours. Je suis enfin arrivée à la frontière, je me suis cachée dans un camion de livraison de salami et j'ai passé la frontière avec treize compagnons mexicains. Les gardes devraient plus faire attention à ce qui se trouve dans les camions de salami. Après ça, le chauffeur, un mexicain lui aussi, nous a aider à sortir en nous offrant du salami et il a accepté de me conduire jusqu'à Denver.

Maintenant, j'écoute des vieilles chansons d'Elvis Presley en mangeant du salami. Edward ou El Eduardo, comme il préfère qu'on l'appelle, est très gentil. Il raconte des blagues vraiment nulles et je ne comprend rien à cause de son accent canadien mélangé au mexicain surtout que son anglais est exécrable car il est avant tout Français mais il est très gentil.

Quand nous arrivons à Denver, je vois une petite larme couler mais je ne peux pas me laisser attendrir. Je dois retrouver ma mère et aller à San Francisco.

- Petite ?

- Oui Eduardo ?

- Si tu ne trouves pas ta mère, ne rentre pas chez toi. Rend toi dans le nord ! C'est bien mieux que tout ces sudiste pleins-au-as !

- Merci pour le conseil Eduardo ! Je lui lance un sourire puis entre dans la gare de Denver.

Je vais enfin acheter mon billet.

- Bonjour mademoiselle, que voulez-vous ?

- Savez vous si il y a un train pour San Francisco ? Car je me suis renseignée pour Emeryville mais ça ne m'arrange pas tellement...

- Hum... Oui, il y en a un. Il part dans une heure. Vous voulez le prendre ?

- Oui, s'il vous plaît.

- Voilà, votre billet plus le reçu. Au revoir et passez une bonne fin de journée. Je ne lui répond pas mais lui lance un sourire et je me rend au petit market de la gare. J'y achète une bouteille d'eau, des gâteaux et des magasines. Je m'assois sur un banc et commence mon paquet de cookies en ouvrant un magasine people quand un nom attire mon attention.

« La célèbre mannequin Carolina Davis sera-t-elle invitée sur le tournage du prochain film de Kate Winslet, sa nouvelle meilleure amie ? Plus de détails page 14 »

Je regarde son visage. C'est elle, c'est ma mère, ma génitrice. Celle pour qui j'étais tout il y a de ce là des années. Carolina Davis, ma mère, mannequin de renommée mondiale. Gary ne cessait de me répéter que je ne lui ressemblait pas et pourtant, j'ai les mêmes yeux noisettes, cette peau crémeuse et ses cheveux bruns. Je suis elle, elle est moi.

"Le train à destination de San Francisco va entrer en gare. Première classe secteur A, deuxième classe secteur B, C et D. Wagon restaurant secteur C."

Je pénètre dans le train et prend place en face d'une jeune femme accompagnée d'une petite fille d'environ trois ans. Elle lit paisiblement un livre d'image avec sa mère et elle rit.

Je n'ai jamais eu cette relation avec ma mère. Elle est partie en pleine nuit en me laissant une lettre. Elle m'a aussi laissée une grande somme d'argent qui s'est écoulée peu à peu mais dont j'ai réussi à garder assez pour vivre. Peu avant le départ du train, un garçon d'environ mon âge s'assoit à côté de moi. Il est à bout de souffle. Il ne nous regarde pas. Ni la jeune femme avec sa fille, ni moi. Il est plutôt grand, blond avec des yeux verts je crois ou bien gris. Même assis, il est bien plus grand que moi. Je me ratatine un peu sur mon siège et sors mon paquet de cookies. Je remarque que la petite fille les regarde avidement.

- Tu en veux un ?

- Oui...

- Comment tu dis Amelia ?

- S'il vous plaît madame ? Je rigole et lui tend le paquet, elle en prend quatre et commence à les grignoter en continuant sa lecture. La femme parle avec un fort accent britannique. Elle n'est sûrement pas américaine comparer à la petite fille qui, elle, a un anglais impeccablement américain. Je sors le magasine et commence à lire la page quatorze.

- Cette Carolina Davis, c'est fou comme elle vous ressemble !

- Oh, euh... C'est sûrement une coïncidence. Je ne la connais pas.

- Dommage, ça aurait été génial d'être assise en face de sa fille dans le train... Mais oui, je vais lui dire que je suis la fille de Carolina Davis comme ça ! Ça fait six ans que je ne l'ai plus vue. Alors je ne vais pas me proclamer "fille de" tout de suite.

D'ailleurs, la seule chose que sa lâcheté mais apportée c'est que je sais mentir à la perfection.

Ça fait bientôt trois heures qu'on roule, de nuit. Amelia et sa mère se sont assoupies et les autres passagers du train aussi apparemment. J'ai pris mon carnet de croquis et essaye tant bien que mal de dessiner la petite fille. Elle a de longues bouclettes noires qui lui descendent jusqu'aux côtes, des yeux verts sombres et un sourire adorable, une vraie petite fille. Alors que j'essaye de dessiner son petit nez, le garçon se tourne vers moi. Il me regarde, pensif et fronce les sourcils.

- Tu as vu ?

- Vu quoi ?

- Le train. Il s'est arrêté et nous sommes en pleine forêt.

- Pourquoi aurait-il fait ça ?

- Soit il y a eu un suicide, soit il y a des gens armés dans ce train ou alors une panne ou quelque chose dans ce genre... Sa deuxième hypothèse se confirme quand un coup de feu se fait entendre dans le wagon suivant. Je le regarde, affolée et il me fait signe de me taire et de réveiller Amelia et sa mère.

- Petite, mademoiselle. Dépêchez vous il faut partir. Taisez vous surtout et emportez vite vos sac à dos !

- D'accord... La mère d'Amelia paraît un peu déboussolée et remplis le sac de sa fille et le sien en un temps record.

Mais des ombres arrivent vers nous depuis le fond du wagon. Mon cœur rate un battement et je pâlis. Le garçon est déjà de l'autre côté, près des valises et se dirige silencieusement vers la porte.

Il n'a pas remarqué les ombres alors je fais un léger claquement de langue au palais. Il se retourne, s'apprêtant à me reprocher mon bruit quand il se fige. Il a lui aussi remarqué les ombres. Elles s'arrêtent et rebroussent chemin. On le suit en faisant le moins de bruit possible. Je fais passer Amelia et sa mère et m'attarde sur l'allée.

Au bout, une masse sombre bouge. Ce ne sont plus les ombres, elles sont parties dans le wagon d'à côté je crois. Mais j'ai tors. Deux hommes s'apprêtent à se jeter sur moi. Je les esquivent mais je me frappe la tête contre un siège. Je n'y fais pas attention et saute le plus vite du train. Les hommes ont abandonné leur course et je suis seule dans les bois. Soudain, un bruit se fait entendre derrière moi. Et la même masse noire avec. Il y a un animal. J'essaye de l'attirer en faisant des bruits avec ma bouche et ça marche. Il se lève et me toise. C'est un chien, un golden retriever. Il vient vers moi, sa laisse est encore accrochée à son collier. Tant qu'à faire, je le tire avec moi et je rejoins les trois autres qui me regardent un peu étonnés mais continuent de marcher. On s'éloigne le plus possible du train et de l'attentat qui s'y prépare, dans la pénombre de la nuit.

Cela fait au moins deux heures qu'on marche quand on débouche près d'une petite ville.

- Au fait, comment tu t'appelles ?

- Moi ?

- Non, le chien... Bien sûr toi !

- Euh, Nevada et toi ?

- Original ! Moi c'est Joshua mais appelle moi Josh ! Son assurance me prend de court et il doit s'en rendre compte car il me sourit et je me rend compte que ses yeux sont gris verts et magnifiques.

Nous entrons dans un motel piteux et je décide de payer.

- Comment une fillette de seize ans pourrait payer pour quatre ?

- Bon, d'abord, Josh, j'ai dix sept ans et j'ai assez d'argent. Gardez le votre et aller cherchez les chambres que le monsieur vous donnera.

- Malheureusement mademoiselle, il n'y a plus que deux chambres de libres. Ça ira ?

- Ça ira bien. Merci monsieur. Je paye et nous allons dans nos chambre. Amelia et sa mère, Joshua et moi. Je garde le chien avec moi bien sur.

Pourquoi est-ce qu'il nous a prévenues ? Pour nous sauver ? Pour se sauver ? Pourquoi ne pas avoir prévenu plus de personnes ?

- Tu pense à quoi Nevada ?

- Pourquoi est-ce que tu nous a averties ?

- Parce que tu étais réveillée, tu m'aurais vu m'enfuir et ça aurait fait de moi un lâche. En plus, tu dessines bien et je ne pouvais pas laisser Amy et sa mère. Voilà pourquoi je nous ai prévenues.

- Mais toutes les personnes de ce train sont sûrement mortes maintenant ! On aurait pus les sauver... Nous sommes des lâches !

- La lâcheté aurait été d'avoir eu au moins une fraction de second l'idée de vouloir les sauver mais nous ne l'avons pas fait. Tu aurais eu le choix de rester et mourir ou partir et vivre. Nous ne sommes pas des lâches, nous sommes vivants.

- Je ne trouve pas ça juste malgré tout... Il se tourna en ricanant et partit prendre sa douche. J'en profita pour charger mon téléphone et ma tablette et remettre de l'ordre dans mon sac.

- Et sinon, tu viens d'où ?

- Halstead dans le Kansas. Et toi ?

- Brooklyn. Mais tu sais sûrement ou ça se trouve.

- Tu viens de loin ! Pourquoi es-tu partit ?

- Est-ce que je te le demande moi ? Il me répond d'un ton sec et se jette sur son lit. J'en profite pour aller dans la salle de bain. Je prend une douche bien chaude et change de vêtements. Je prend du savon et décide de laver un peu mes habits alors je m'agenouille et commence le travail.

Deux heures plus tard, j'ai enfin fini. Il est aux environ de deux heures du matin alors je m'affale dans mon lit, morte de fatigue et tremblante.

Quand je me réveille, le lit est plein de sang et j'ai la tête qui tourne. J'essaye de me lever mais je tombe du lit dans un bruit sourd.

- Eh ça va ? Oh, t'as tes règles ? Je secoue la tête, négativement. Ce sang la vient de ma tête. Sûrement la blessure que je me suis faite dans le train. J'ai affreusement mal.

- Putain ! Y'a du sang partout ! Je vais chercher les deux autres et j'appelle une ambulance ! Reste là ! Il ne paraît pas paniqué. Il a parler vivement mais ce n'était pas de la panique. Le chien tourne autour de moi puis se couche à côté de moi en posant sa tête sur ma poitrine. Quelques minutes plus tard, la jeune femme arrive, secondée par Joshua et Amelia. Elle déchire un pan du drap et le compresse contre ma plaie, ensuite elle attache un autre pan et l'enroule autour de ma tête.

- Ne t'inquiète pas. Tout va bien aller, surtout ne dors pas. Viens on va discuter. Elle me parle doucement et m'a relevée contre le lit.

- Comment tu t'appelles ?

- Nev... Nevada.

- Enchantée Nevada, moi c'est Marina. Tu as quel âge ?

- J'ai... Dix sept ans.

- C'est un bon âge ça ! Moi j'ai vingt vingt-et-un ans. Je suis une vielle !

- Non, tu n'es pas vieille... J'ai la tête qui tourne lentement comme dans une essoreuse. Je lutte contre mon envie tentatrice de fermer les yeux et de me reposer en continuant de répondre à Marina. Amelia n'est pas sa fille mais sa petite sœur.

L'ambulance est venue me chercher et m'a emmenée à l'hôpital. Je suis allée en urgence et j'ai été recousue. Maintenant, je suis dans une des ces innombrables chambres blanches et dénuée de vie. Le chien est là, il dort dans un coin de la chambre en remuant quelques fois. Je ne sais pas comment il s'appelle mais il est chou.

J'allume la télé et tombe sur un flash d'informations.

«Il y a trois jours, un attentat a eu lieu près de San Francisco. Le train partait de Denver et devait arriver à San Francisco trois heures après. Plus de deux cents personnes sont mortes ou gravement blessées. La police continue toujours l'enquête. Nous avons interrogé l'officier Jack Bawn qui nous en dit plus sur l'enquête.

- Bonjour, monsieur Bawn. Alors que pouvez-vous nous dire ?

- Nous sommes toujours à la recherche des coupables. Nous avons établis les liens entre les personnes ayant...» J'éteins la télé quand Joshua arrive.

- Hey !

- Joshua ? Qu'est-ce que tu fais là ?

- Les médecins veulent savoir ton nom, pour la fiche de sortie. Et ils m'ont envoyé.

- Mais qu'est-ce que tu fais encore là ? Pourquoi n'es-tu pas partit ?

- Parce que je ne pouvais pas abandonner une fille qui vient du Kansas et qui n'a aucune famille à San Francisco.

- On est à San Francisco ?!

- Bah oui.. Bref, ton nom ?

- Euh... Nevada.

- Je sais mais j'ai besoin de ton nom de famille !

- Davis...

- Nevada Davis ? Il va encore me parler de ma mère...

- Joli ! Ça sonne bien ! Bon je reviens te voir plus tard ! Il me fait un sourire et s'en va.

Il revient dix minutes plus tard et m'aide à me lever.

- C'est drôle, les médecins m'ont demander si c'était une blague ton nom ! Ils sont bizarres ici...

- Tu es sérieux ?

- Quoi ?

- Tu n'as pas remarquer ?

- Non, quoi ?

- Nevada Davis, Carolina Davis...

- Carolina Davis ? Ce n'est pas cette mannequin qui a jouer dans un film ?

- Oui... Je soupire. Soit il le fait exprès, soit il est vraiment bête.

- Carolina Davis, c'est ma mère... J'articule bien le dernier mot pour qu'il comprenne.

- Ah.. Et alors ?

- Et alors quoi ?

- Bah qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?

- Rien, oublie.

J'ai tout expliqué à Joshua et il a dit qu'il m'accompagnerait voir ma mère. Amelia et Marina sont parties mais Marina m'a donné son numéro pour qu'on puisse s'appeler. Il est gentil mais toujours autant bizarre, il ne veut rien me dire sur lui. Mais au moins je ne suis pas seule dans cette grande ville que je ne connais pas... On sort dans la rue et on se promène avec le chien jusqu'au centre ville.

- Bon, on va te trouver des nouveau vêtements Nevada parce que là on dirait une clocharde !

- Je vais le prendre comme un compliment... Bon, on a qu'à entrer dans ce magasin.

- Okay !

On en ressort trois heures plus tard, avec des tonnes de sacs. Ensuite, on va dans un grand hôtel près du centre de la ville et on prend une chambre.

- Va te changer, je vais m'occuper de savoir où sera ta mère ce soir.

- Attend, je préfère aller la voir de jour. Trouve moi juste son adresse...

- Okay ! C'est comme si c'était fait !

Le chien tourne autour de moi, je m'accroupis et prends son collier entre les mains. Il est orné de tournesols, c'est pour ça que je décide de l'appeler Sunflower (: tournesol). Il n'y a aucune informations sur sa médaille.

Je décide de me mettre en pyjama. Un short en toile rose et un débardeur gris avec un gilet bleu. Je sors le cadeau que j'ai acheter pour Joshua. Ce sont des habits, des chaussures, des casquettes et une planche de skate. Il y a aussi un sac à dos.

- Joshua ? Viens voir !

- Quoi ?

- Ferme les yeux !

- Si tu veux m'embrasser tu peux le faire sans me demander hein !

- Tu peux toujours rêver ! Bref, regarde ! Je lui tend le sac et il le prend. Il se pose sur le lit et commence à l'ouvrir. Il sort le tout et regarde en souriant.

- Merci ! C'est trop gentil ! Mais je ne veux pas que tu m'achètes autres choses ! Déjà que ça a du te coûter vraiment cher...

- C'est rien ! Bon, je suis crevée ! Je vais dormir. Bonne nuit !

- Bonne nuit ! On se tchek et je vais me coucher avec Sunflower qui se couche à côté de moi.

Je me réveille aux alentours de neufs heures. Je me lève et me dirige dans la salle de bain. Je me douche, sort, et me prépare. Je met un jean gris, un pull en laine bleu nuit et une paire de baskettes basse blanches. Je me sèche les cheveux, me maquille et pars rejoindre Joshua dans le petit salon de notre suite.

- Hey ! Bien dormi ?

- Ouais et toi ?

- Tranquille. J'ai trouvé l'adresse de ta mère...

- C'est vrai ?

- Oui, elle habite à trois rues d'ici.

- Sérieusement ?

- Ouais ! Donc prépare toi, prend ton sac avec ta carte d'identité parce que ce sera pas facile d'entrer...

- Okay ! J'ai mal au ventre tout d'un coup mais je ne me laisserais pas abattre même si il m'a fallu échapper à un attentat et passer trois jours à l'hôpital... Enfaite, je viens de me rendre compte que j'ai vraiment eu beaucoup de chance ces derniers temps...

- Ça va Nev' ?

- Hein ? Oui, oui.


Me voilà devant cet immeuble. Il y a quelques fans qui traînent devant.

Avec Joshua, on les dépasse et on se plante devant un garde du corps.

- Qu'est-ce que vous voulez ?!

- Bonjour, je m'appelle Nevada Davis. Je suis la fille de Carolina Davis et je voudrais la voir.

- Mais bien sur ! Et moi je suis la reine d'Angleterre !

- Au moins, aller lui dire que Nevada Davis la demande. S'il vous plaît !

- Attends deux secondes ! Il appelle son collègue qui nous regarde en ricanant et nous fait signe de le suivre.

- Restez là, je vais aller voir Miss Davis et lui dire que sa "fille" veut la voir.

- D'accord...

Joshua me souris et me prend la main. Je me sens gênée. Je n'ai jamais eu de vrai petit ami. Je retire ma main doucement en faisant mine de chercher quelque chose dans mon sac. Au bout d'un moment, le garde du corps revient et nous fait signe de le suivre. On entre dans un grand ascenseur doré. On dirait une cage et je commence à paniquer. Joshua doit s'en rendre compte car il reprend ma main dans la sienne. Cette fois je ne la lâche pas, elle me rassure. Il s'approche de ma tête et me chuchote doucement dans l'oreille.

- Même si tu doutes ou que tu te sens perdue, sache que je serais toujours à tes côtés.

- Merci...

On s'arrête au dernier étage et le garde du corps nous pousse à l'extérieur. Il n'y a qu'une porte dans le grand couloir. Le garde du corps toque trois fois et une voix cristalline nous dit d'entrer. Nous entrons, moi en dernière. D'abord, il n'y a personne. Puis des claquements de talons se font entendre et une grande silhouette arrive. Elle est grande, fine et belle.

- Merci Grey ! Tu peux disposer.

- D'accord Miss Davis. Elle lui fait un sourire radieux puis pose ses yeux bleus sur moi. Ils sont profonds et clairs en même temps. Elle se rapproche de moi.

- Nevada... Elle souffle presque mon prénom, comme si elle souffrait.

- Maman...

- Où est passé Gary ?

- Je n'en sais rien. Et je m'en fiche.

- Mais... Bref, que fais-tu ici ?

- Je me promenais dans la rue et je me suis dis "Tien, et si j'allais voir ma mère, celle qui m'as lâchement abandonnée pour sa carrière ?"...

- Oh ma chérie !

- Ne m'appelles pas comme ça.

- Euhm... Et où loges-tu ? Tu comptes retourner à la maison ?

- Qu'elle maison ? Gary a sûrement déjà vendu mes affaires et louer ma chambre ! Je n'ai plus de maison ! Les larmes me montent aux yeux et la main de Joshua se resserrent dans ma paume. Il caresse le dos de ma main, ce qui me fait frémir.

- Et bien... Je te proposerais de rester ici mais je ne suis jamais là...

- Tu n'as pas été là pendant plus de dix ans donc ça ne me dérangera sûrement pas tant que ça...

- Je ne t'ai pas abandonnée ! Je t'ai laissée avec Gary !

- Oh Gary... Il ne faisait rien ! J'ai du apprendre à payer les factures à douze ans ! J'ai travailler à quatorze ans dans un Starbuck's et je ne vais plus à l'école depuis que j'ai treize ans donc non, Gary est encore moins doué que toi en tant que tuteur !

- Nev'... Calme toi...

- Je... Je suis désolée... Si tu ne veux pas rester ici avec moi, je suis d'accord de t'acheter le meilleur appartement de San Francisco et tu pourras venir ici tout les jours. Je m'assures que tu aie toujours l'argent donc tu as besoin !

- Je n'ai pas besoin d'argent... J'ai besoin d'une mère !

- Tu pourrais venir avec moi à New-York. J'ai eu plus de travail là bas... Je ne sais pas quoi répondre...

- Je ne sais pas... Je peux réfléchir ?

- Je dois sortir ce soir, tu n'as qu'à rester ici avec ton ami et y réfléchir... Je dirais à Grey de vous donnez les clés si vous voulez aller en ville !

- Okay...

Ça fait deux heures qu'elle est sortie à son gala. Et ça fait aussi deux heures qu'on tourne en rond dans son appartement. Entre temps, on est allés à l'hôtel pour prendre nos affaires, Sunflower et payer la suite.

- Bon, tu as réfléchis ?

- À quoi ?

- Bah à ce que tu va faire...

-Ah... Si je pars à New-York, j'aurais tout ce que je voudrais, je serais riche et populaire. Je serais seule mais je ferais la couverture des magasines et tout le tralala... Si je reste à San Francisco, j'aurais tout ce que je voudrais, je serais riche et seule. Et si je retourne à la "maison"...

- Pars à New-York !

- Et quand je serais partie... Tu feras quoi toi ? D'ailleurs pourquoi es-tu venu à San Francisco ?

- Quand tu seras partie, je continuerais ma vie. Sans toi.

- Tu ne m'as pas dit que tu habitais à Brooklyn ?

- Euh ouais...

- Bah viens avec moi... Je serais seule là bas et tu es presque mon seul ami...

- Mais Nev'... Tu ne comprends pas ? Je suis venu avec toi pour t'accompagner voir ta mère. On est pas amis, on est juste dans la même galère ! Je ne le regarde pas. Il m'a blessée. J'attrape la laisse de Sunflower, met mes chaussures, ma veste et sort.

Alors que je marche près de la baie de San Francisco, Sunflower commence à aboyer. Elle me tire et on arrive dans une petite ruelle genre film d'horreur. Elle renifle une poubelle puis grogne et se retourne.

Je me retourne aussi, prête à partir quand deux ombres foncent contre moi.

- Où est Joshua ?!

- Qui ?

- Joshua Cahill ! On l'a vu avec toi dans le train !

- Je... Je ne sais pas de qui vous parlez...

- Il est grand, blond et as des yeux gris ! Il était à côté de toi dans me train !

- Oui, mais je ne le connais pas. Il est sortit deux arrêts plus loin...

- C'est vrai ?

- Oui, je vous le jure. Je ne suis qu'une honnête fille du Kansas...

- Je te jure que si tu nous as mentit on va te réduire en poussière !

- D'acc... D'accord... Ils me relâchent brusquement et partent en courant. J'ai mal au bras et Sunflower continue d'aboyer. Je la calme puis rentre le plus vite possible à l'appartement. Quand j'y arrive il est aux alentours de vingt deux heures. Joshua est posé devant l'écran plat avec un paquet de chips.

- J'ignorais que tu avais un nom de famille...

- Quoi ?

- Cahill... Ça sonne bien...

- Comment tu le sais ?!

- Comment je le sais ?! Je le sais parce que deux hommes m'ont accostées dans la rue et m'ont demandée si je te connaissais. Ils ont dit aussi que si je leur avait mentit, ils me réduiraient en cendres...

- Ils ressemblaient à quoi ?

- Euh... Un des deux était super grand et costaud, avec des cheveux bruns et des yeux... Je ne sais pas et le deuxième il était dans mon dos donc je ne sais pas.

- Je t'accompagne à New-York !

- Pourquoi ce changement soudain ?

- Je t'expliquerai plus tard mais là on est pas en sécurité !

Je ne sais pas pourquoi mais je le crois. Quand ma mère rentre, on lui annonce qu'on vient avec elle à New-York puis on va se coucher.

Je me réveille vers dix heures et me lève. Sunflower me suis dans la salle de bain et pendant que je prend ma douche je l'entends jouer avec un chiffon. Je sors et me prépare.

Aujourd'hui, nous partons à New-York donc je dois bien m'habiller. Je met un jean noir, un débardeur bordeaux et un pull gris en laine. Je me maquille et me fais un chignon. Quand je suis prête, je vais dans le salon avec Sunflower.

- Ah tu es levée ma chérie ?

- Ouais...

- Ça va ? Tu as bien dormi ?

- Ouais tranquille. Où est Josh ?

- Ici !

- Salut... Ça va ?

- Ouais et toi ?

- Ouais. Ma mère nous apporte des grosses valises et on y charge le plus de truc possible. Le reste, on le met dans nos sacs à dos.

- Josh ?

- Oui ?

- Tu peux m'expliquer ?

- T'expliquer quoi ?

- Je sais que l'attentat du train et ces hommes sont liés. Et ils te cherchent donc explique moi pourquoi ?

- Ce n'est pas lié ! Il me hurle presque dessus et s'en va en claquant la porte.

J'en ai marre ! Je ne peux jamais lui en parler sans qu'il ne se mette à hurler... J'ai besoin de savoir pourquoi... Pourquoi est-ce que nous nous en sommes sortis et pas eux !

- Putain Nevada !

- Quoi encore ?!

- Viens voir !

«Flash info: Les corps d'une jeune femme et de sa petite sœur on été retrouvés dans une ruelle de San Francisco. Il semblerait, d'après la police, que ces deux jeunes filles étaient présentes lors de l'attentat.»

Marina... Amelia... Non... Pas elles !

- On est dans la même galère je te dis ! Il faut qu'on parte de San Francisco le plus vite possible !

- Maman ! Elle arrive deux minutes plus tard toute souriante.

- Oui ?

- Il faut qu'on aille à New-York. Ce soir !

- Si ça te plait ! J'appelle Frank pour qu'il prépare le jet et la limousine. Finissez vos affaires et on y va. Je ne m'attendais pas ça mais ça me va ! Je ne veux pas mourir à cause de fous qui veulent je ne sais quoi à Joshua...

On est dans le jet privé de ma mère. On arrive à New-York dans un quart d'heure. Sunflower dort au pieds de Josh qui écoute de la musique et ma mère lit un magasine de mode. Et moi, je m'ennuie. Pas d'un ennui... Ennuyeux mais plus d'un ennui rongeant. Et si ils nous retrouvaient et décidaient de nous tuer aussi. Comme Marina et Amelia ? Amelia... Si jeune... Après avoir vu les infos, j'ai fini son dessin. Elle était tellement belle et si chou. Elles auraient du venir avec nous...

On arrive enfin.

Après une demie heure de route on arrive enfin. L'appartement de ma mère est sur trois étages. Au premier il y a le salon, la cuisine, la salle à manger et un bureau. Au deuxième, deux chambres avec deux salles de bains adjacentes et une salle de jeux. Et au troisième, une "salle de gym", une bibliothèque et une pièce genre studio photo et de danse. Ma mère nous attribue les deux chambres du deuxième étage et nous laisse nous installer. Il y a aussi un majordome, une bonne et une cuisinière.

- On mange dans dix minutes !

- D'accord !

- Okay ! J'ai fini de mettre mes affaires dans l'immense penderie et lit un magasine sur mon lit. Sunflower est roulée en boule et s'amuse avec une vieille chaussure.

- Toc Toc ?

- Qui est là ?

- Mo !

- Mo qui ?

- Moka !

- Pfoua ! C'était pourri ! Joshua mon pote, tu va devoir t'améliorer !

- Mouais... Bref, on va manger ! Je le suis et on descend.

Sur la table, il n'y a que deux assiettes remplies de poulet à la crème et de riz.

- Bon bah, bon appétit !

- Bon ap' Nevada ! On mange en silence puis on prend des biscuits et on va dans ma chambre. Je donne deux trois biscuits à Sunflower et la caresse.

- Bon...

- Quoi ?

- Je vais t'expliquer...

- Enfin !

- Mais c'est juste pour ta protection... Ne t'imagine pas quoi que ce soit !

- Pourqu...

- Chut ! Bon... Okay... Je ne viens pas de Brooklyn mais de Topeka, au Kansas. J'ai toujours eu une belle vie. Des parents gentils et compréhensifs, des amis géniaux... Mais, mon père travaillait pour le F.B.I... Un jour, je cherchais un papier dans son bureau et je suis tombé sur une feuille pleine de noms. Parmi eux, il y avait le mien, le tien, ceux de Marina et d'Amelia et des deux cents autres passagers du train.

- La liste de l'attentat... Mais...

- Comment ça se fait que mon père l'avait ? Je n'en sais rien. Deux jours plus tard, il avait disparu. Et la liste aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais je devais prendre ce train alors j'y suis allé pour savoir pourquoi tout les noms de ces gens et cette correspondance étaient gardés dans le bureau de mon père. La suite tu la connais...

- Mais alors ?

- Mon père n'a pas simplement disparu, il a été enlevé et les ravisseurs ne sont pas juste des ravisseurs. C'est un groupe de terroriste d'une constitution de l'ancienne U.R.S.S....

- Attend... Tu es sur de ce que tu dis ? L'ancienne U.R.S.S. ? Pourquoi ?

- Je ne sais pas vraiment mais il faut que tu me crois. Ils en savent plus sur nous que ce que nous croyons...

- Mais... Pourquoi faire ?!

- Le fils d'un membre du F.B.I, la fille d'une grande mannequin, Marina et Amelia étaient les deux descendantes d'une grosse fortune à San Francisco et j'ai consulté les noms des autres passagers. Ils sont dans le même cas. Riches, connus ou fils/fille de...

- Tout ça pour s'enrichir ?

- Non, pour affaiblir l'état...

- Mais ça n'a aucun sens !

- Justement si... Si l'état s'affaiblit, c'est l'économie qui s'effondre et tout le reste avec. On blâme le président et les dirigeants.

- Une révolution ?

- Mieux que ça ! Une révolution à échelle mondiale...

- Une troisième guerre mondiale ?

- C'est possible...

- Mais il faut avertir les autorités, le président !

- Non, ils ne nous croiraient pas. J'ai déjà essayé. Maintenant, c'est nous contre le reste du monde. Tu ne dois te fier à personne !

- C'est n'importe quoi ! On se dirait dans un de ces films d'action ou deux personnes se rencontre "par hasard" et après ils vivent une folle aventure et à la fin ils tombent amoureux ! Pfeuh...

- Mais on est pas dans un film Nevada ! On est dans la vraie vie !

- Mais réfléchi un peu ! Qui serait assez tordu pour vouloir déclencher une troisième guerre mondiale ?!

- Un pays en développement qui manque de ressources ! Il m'énerve ! Je me lève et sort brusquement. Je ne suis jamais allée à New-York mais je saurais me retrouver... Enfin, je l'espère... Je marche en direction d'un café quand une main se pose sur mon épaule et me retourne. Je tressaille. Joshua. Quel crétin !

- Arrête de me suivre !

- S'il te plaît, il faut que tu me croie !

- Mais t'es sérieux ? C'est ridicule ! J'allais riposter quand des bras puissant se serrent autour de moi et une main vient se plaquer sur ma bouche. La foule ne semble pas s'en apercevoir et ils me traînent. Je ne vois plus Joshua, mes joues sont moites et "l'étreinte" de cette personne me donne du mal à respirer. Ils me jettent dans une fourgonnette et ma tête heurte violemment le sol.

Je tombe dans les pommes.

Je suis toujours dans cette fourgonnette. Seule. Où est passé Joshua ? Et si, malgré tout ce délire, il avait raison... Mon père est mort à la guerre alors si il advenait une autre guerre et que je perdais quelqu'un à qui je tiens, j'en mourrais ! J'ai mal au crâne, c'est affreux.

On s'arrête enfin, après un bon moment. Un homme, masqué, s'approche, ouvre la porte et pointe un fusille sur moi. Je sors à la hâte. Et là, c'est le choque. Marina, Amelia et Joshua sont là. En rang contre un mur. Elles ne sont pas mortes !

L'homme me pousse violemment et je manque de m'écraser aux pieds de Joshua mais il me rattrape.

- Merci... Il me sourit et m'aide à me relever. Amelia se blotti contre Marina et lui attrape la main.

L'homme nous regarde et se racle la gorge. Puis il prend la parole.

- Vous ne savez sûrement pas pourquoi vous êtes ici mais vous êtes spéciaux !

- Spéci...

- Chut ! Vous avez tous quelque chose que nous voulons. Toi, la petite, tu es tellement innocente que personne ne pourrait se douter que tu as tuer tes parents, avec ta poupée.