In the middle

histoire originale incomplète, 2 chapitres


Valeria Stoesser avait toujours eu le sentiment de savoir où elle allait, ce qu'elle faisait. Tout lui semblait facile. Que ce soit dans la vie de tous les jours, en cours ou avec sa famille elle réussissait toujours à obtenir un résultat satisfaisant, quelque chose d'un peu plus haut que la moyenne pour que ses proches soient assez fiers mais pas trop. Souvent, elle entendait les gens lui demander comment elle faisait pour être toujours si sûre d'elle, comment elle s'en sortait pour tout réussir de la sorte. Valeria ne leur donnait qu'une réponse vague, parce que c'était tout ce qu'elle pouvait leur offrir. Elle-même n'était pas sûre de bien savoir ce qui la sauvait de la moyenne à chaque fois. Pourtant, elle ne faisait pas tant d'efforts que ça.

Elle vivait au Pensionnat de Jeunes Filles de Madame Lagardière depuis ses dix ans et n'avait jamais causé aucun soucis, ni au corps enseignant, ni à ses parents, ni même à ses amies. C'était un établissement coûteux et côté qui promettait une éducation exemplaire aux jeunes filles de bonnes familles.

Tout le monde l'appréciait, la trouvant plutôt charmante et toujours aimable. Elle possédait de la facilité dans la plupart des domaines mais n'en faisait jamais trop. Elle préférait rester discrète, en retrait. C'était une jeune fille humble et gentille, toujours prête à aider les autres. Mais comme toutes les personnes étant trop dans la moyenne, trop gentilles, Valeria avait forcément un secret. Quelque chose de grave qu'elle se devait de cacher aux yeux du monde au risque de se faire traîner sur la place publique et brûler vive sans avoir droit à aucune forme de procès.

Mais Valeria ne considérait pas son premier secret comme cela. Ni même le second. Elle les gardait enfouis en elle parce qu'elle savait que son entourage ne pourrait pas comprendre. Mais jamais dans sa vie elle ne s'était sentie différente des autres à cause de ces choses qu'eux considéraient comme insensées. Elle jugeait que ses goûts ne regardaient qu'elle. Et que les gens ne devraient pas avoir le droit de la juger par rapport à ça. Mais elle savait que dans un environnement comme le sien, quand traînait avec des garçons de mauvaise réputation et qu'on aimait les filles, on était jamais vraiment bien vue. Surtout dans ce pensionnat. Surtout dans cette vie. Surtout dans cette famille.

Alors Valeria avait toujours fait en sorte que ce qui était personnel, le reste. Néanmoins, elle n'avait su résister à l'appel de la musique. Et c'est ainsi qu'elle s'était retrouvée bassiste dans le groupe de rock de Tommy et Wallace, deux garçons de l'école de Redressement pour Garçons Récalcitrants qui se trouvait en face du pensionnat. Leur rencontre était inattendue, un peu gênante mais ils avaient fini par monter un groupe à eux trois. Par la suite, Philip les avait rejoint, puis Edouard et désormais ils étaient cinq. Chaque soir, après le repas et la prière, Valeria s'éclipsait de sa chambre pour rejoindre ces quatre garçons. Les seuls qu'elle considérait comme ses vrais amis. C'est pour ça qu'elle leur avait avoué pour son deuxième secret. Parce qu'elle leur faisait confiance. Et ils n'avaient rien dit. Parce qu'ils avaient déjà tous deviné. C'était normal. Après tout, Valeria pouvait bien aimer qui elle voulait, tant que ça ne perturbait pas sa manière de jouer.

La routine s'était installée entre eux. Elle n'était plus la jeune fille coincée du pensionnat. Ils n'étaient plus les mauvais garçons de l'école de redressement. Ils formaient un groupe. Un groupe qui n'avait pas encore de nom malgré le fait qu'ils se retrouvaient presque tous les soirs depuis trois ans. Un groupe qui n'avait pas énormément de chansons à son répertoire. Un groupe qui était soudé. Un groupe où elle se sentait bien. Enfin à sa place. Elle troquait son uniforme pour une paire de jeans et un t-shirt. Enlevait les rubans de ses cheveux, se maquillait et devenait une nouvelle Valeria, juste pour la nuit.

Mais cette année, sa dernière en tant que pensionnaire, quelque chose risquait de tout chambouler. Ses amis, ses secret, tout ça à cause d'une seule fille aux yeux noirs comme l'ébène et aux lèvres au goût de pêche. Mais d'abord, Valeria devait reprendre ses habitudes et retrouver ses amies. Après un été passé chez ses parents, la jeune fille était de retour au Pensionnat. Et elle allait bien se rendre compte que la nouvelle élève n'était pas la seule chose qui avait changé au cours des vacances. C'est là tout le principe de l'adolescence ; il se passe beaucoup de choses pendant l'été.

À chaque fois que l'été touchait à sa fin, Valeria remettait les pieds au pensionnat en souriant. La plupart des gens ne seraient pas enjoués, voire même se feraient passer malades pour éviter de venir le jour de la rentrée. Ça c'était souvent vu auparavant. Mais Valeria n'était pas comme ça. Elle aimait porter le polo jaune pâle sur lequel était cousu l'insigne de l'école et la jolie jupe bleue nuit qui faisait partie de leur uniforme. Valeria était de ces filles qui apprécient les couleurs sobres et pastelles et les rubans dans les cheveux. Elle nouait toujours ses boucles brunes avec une bande de tissus jaune, allant ainsi de paire avec la couleur de son polo. Parfois, le ruban était bleu ou blanc. Tout dépendait de son humeur. Ses camarades auraient pu dire que tous ces efforts pour être jolie étaient vains, vu qu'il n'y avait aucun garçon digne de ce nom aux alentours. Que Valeria ne faisait cela que pour attirer l'attention des autres. Parce qu'elle était la seule à porter des rubans, la seule à rentrer son polo dans sa jupe, la seule dont les chaussettes n'étaient pas blanches. Mais toutes savaient que ce n'était pas son genre. Et qu'elle faisait ça juste parce qu'elle aimait cela. Parce qu'elle était douce et serviable et qu'elle voulait juste pouvoir être elle-même. Et c'était compréhensible.

Personne ne critiquait jamais Valeria, parce que tout le monde savait qu'elle ne ferait jamais rien de mal. Même si la définition de ce qui peut être mal ou bien au sein d'un pensionnat stricte et catholique comme Sainte Bathilde est souvent assez floue. Dans tous les cas, Valeria Stoesser était souvent pointée du doigt pour son goût et sa classe plutôt que pour des choses négatives. Elle était l'archétype parfait de la jeune fille de bonne famille qui fait de son mieux pour être aimée de tous. Quand elle marchait dans les couloirs en souriant, tout le monde comprenait pourquoi elle était tant aimée des autres. Personne ne l'aurait jamais soupçonnée de mentir ou de tricher. Ce n'était pas elle. Valeria était honnête et intègre. Et même ce jour de rentrée, où elle arriva au pensionnat, arborant fièrement sa jupe la plus repassée et son polo le plus neuf, personne n'aurait pu imaginer qu'ils faisaient face au plus grand mensonge qu'ils avaient jamais rencontré.

Mais alors que chacune retrouvait ses amies dans la cour, les élèves du pensionnat furent surprises de voir arriver cette nouvelle fille qui, elle aussi, rentrait son polo dans sa jupe et ajoutait une touche de gaieté dans sa tenue avec des chaussettes roses. Elles trouvèrent, pour la plupart, cela enfantin et ridicule. Mais le problème avec Heather Choi ne résidait pas dans sa tenue, c'était sa peau de porcelaine et ses airs de poupée qui la faisaient sortir du lot. Pas à la manière de Valeria avec ses bons airs et ses sourires. C'était quelque chose de plus... Déplacé. Dans les couloirs, certaines sifflèrent qu'elle était vulgaire. Ce qui n'était pas vraiment le cas. Sa jupe avait été livrée une taille en dessous de la commande et elle ignorait que le rouge à lèvres était interdit au sein de l'établissement. Tout cela n'était en rien de sa faute. Et son visage était beau. Beau comme une peinture ou une de ces statuts de marbre que l'on pourrait passer des heures à contempler. Et la jalousie était presque toujours omniprésente à Sainte Bathilde.

Et Heather était nouvelle. Et personne n'est censé aider les nouvelles lors de leur premier jour. C'est la règle ici. Parce que ce sont des filles et que les filles aiment le bizutage et voir le visage des autres noyé de larmes et de honte. Elles se délectent de voir celles qui pensent être arrivées au paradis comprendre qu'il en est tout autre.

Sauf qu'à la surprise générale de ces jeunes vipères à en devenir, Heather avait l'habitude des pensionnats. Et de la méchanceté des autres. Elle traversa donc les couloirs jusqu'au bureau de madame Lagardière avec le menton vers le haut et les lèvres rouges. Sa jupe sautillait à chaque pas et ses cheveux noirs l'imitaient. Il y avait dans sa démarche quelque chose de léger, trop léger. Presque comme si, au lieu de simplement poser les pieds sur le sol, elle se déplaçait sur des nuages. Ce n'était pas la première asiatique qui venait à Sainte Bathilde. Mais c'était la première fois que les filles en voyaient une qui sortait totalement des clichés. Elles ne comprenaient pas. Elle se demandait où était son attirail de touriste, sa tenue de prude, ses grosses lunettes. Elles préféraient se terrer dans leur zone de confort, se satisfaisant de leur racisme. Valeria avait aussi vécu ça, au début. Avec sa peau caramel et ses cheveux frisés, les filles ne s'étaient pas gênées de rire d'elle. N'étant pas comme la nouvelle, la jeune fille avait pleuré pendant des semaines et supplié ses parents de lui envoyer un liseur. Les cheveux lisses n'avaient pas fait cessé les remarques et Valeria avait compris que le problème ne venait pas d'elle mais de ses camarades. Désormais, elle ne se souciait plus de celles qu'elle qualifiait d'idiotes ingérables.

Mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait se proposer à aider Heather. Elle avait d'autres choses à faire. Comme préparer son sac et reprendre possession de sa chambre, par exemple. Alors elle avait seulement envoyé un dernier regard dans la direction de la nouvelle avant de tourner les talons pour retrouver sa colocataire.

Cela pourrait paraître hypocrite de sa part. Valeria l'avait aussi pensé, au départ. Puis elle avait compris comment les choses fonctionnaient. Et vu la manière dont cette nouvelle fille avait traversé le couloir, elle ne s'inquiétait pas pour elle. Elle saurait se faire rapidement accepter. Elle était belle, gracieuse, élégante. Elle semblait aussi intelligente. Ça suffisait pour entrer dans un groupe qui l'inclurait dans la vie de l'école. Non, il n'y avait vraiment aucun soucis à se faire pour elle.

La journée se déroula comme chaque samedi d'avant-rentrée devait se dérouler. C'est à dire que Valeria retrouvait sa chambre, vidait sa valise, replaçait les quelques décorations sur son côté de la chambre qu'elle partageait avec Bettina, sa colocataire, et allait se promener dans le parc. Mais ce n'était qu'un prétexte. Le parc du pensionnat était immense et ses camarades avaient pris l'habitude de la voir disparaître durant des heures dans ce qu'elles pensaient être de longues balades solitaires. Elle profitait alors de cet alibi parfait pour s'éclipser en escaladant le mur arrière du parc, celui donnant sur la route inutilisée qui mène à l'école de redressement pour mauvais garçons de Saint John. Là, il lui suffisait alors d'appeler Thornon, plus connu en tant que Tommy, et Wallace. En général, ils étaient dehors en moins de cinq minutes et tous les trois se rendaient chez Edouard et Philip, les jumeaux qui vivaient à une centaine de mètres à peine de là dans un manoir énorme. Ils utilisaient leur cave comme studio et y passaient le plus clair de leur temps.

C'était leur routine, leur groupe, leur secret à eux. À la fin de l'année, ils pourraient enfin dévoiler leurs projets au monde entier ! Valeria ne serait plus une élève du pensionnat le plus stricte du pays, elle obtiendrait une bourse dans une belle université et accepterait tout en continuant à jouer dans le groupe. Tommy reprendrait l'affaire de son père, Wallace irait lui aussi à l'université et les jumeaux resteraient là, parce qu'ils n'avaient pas d'autres plans. Ils avaient tous prévus de devenir célèbres grâce à leur musique, de se faire un nom. Ils savaient qu'ils en étaient capables. Tommy possédait une voix rauque mais agréable qui faisait craquer quiconque l'entendait chanter. La technique de Wallace à la batterie était presque irréelle. La dextérité et la souplesse des doigts de Lip sur son clavier était incroyable. Quant à Eddie et sa guitare, leurs solos ne passaient jamais inaperçus à l'oreille de leurs rares auditeurs. Valeria était donc seule qui semblait un peu à la traîne. En même temps, elle n'avait jamais eu droit à une éducation musicale comme ses quatre amis qui baignaient dedans depuis leur plus jeune âge. Tommy, en plus de savoir chanter, maniait la plupart des instruments à corde. Et quand il était petit, Wallace avait étudié la contrebasse. C'étaient eux qui lui avait tout appris. Et comme à chaque fois, Valeria avait retenu à une vitesse hallucinante.

Wallace et Tommy étudiaient à Saint John parce que leurs parents, du type riches et strictes, trouvaient que les choix de vie de leurs fils ne collaient pas avec les leurs. C'était une école encore plus sévères que Sainte Bathilde où l'on priait trois fois par jour au lieu d'une pour les filles et où les sanctions s'élevaient jusqu'aux coups de ceinture pour les élèves les plus indisciplinés. Thornton Morton, dix-huit ans, était l'héritier d'une fortune colossale dans l'industrie des textiles. Son nom sonnait comme une blague et c'est pour cela qu'il préférait qu'on l'appelle Tommy. Quant à son meilleur ami, Wallace O'Connor, ses deux parents étaient des artistes peintres renommés. Ils auraient voulu que leur fils hérite lui aussi de ce don mais ses mains étaient plus habiles quand elles tenaient les baguettes d'une batterie plutôt qu'un pinceau.

Puis il restait les jumeaux, Philip et Edouard ou Lip et Eddie, ils avaient deux ans de moins que le reste du groupe et étudiaient chez eux avec un précepteur. Valeria n'était même pas sûre d'avoir retenu leur nom de famille. Cela sonnait trop aristocrate, pas assez réel. Avec leurs grands yeux bleus identiques, leurs cheveux tellement roux qu'ils en étaient presque orange et leurs innombrables taches de rousseur, la jeune fille s'était souvent laissée penser qu'ils ressemblaient plus à des princes de film d'animation qu'à des vrais humains. Néanmoins, ils étaient doués pour la musique et elle appréciait leur légère naïveté.

Pour eux, elle était Valeria Stoesser, la fille qui apprenait vite et faisait des blagues aux moments les moins opportuns. Elle n'avait pas vraiment de tact et parlait franchement. Ça leur plaisait. Eddie aimait sa voix quand elle chantait les cœurs. Lip aurait pu passer des heures à caresser ses boucles. Tommy ne se lassait jamais de sa manière de jouer. Et Wallace était simplement tombé amoureux d'elle. C'était avant qu'elle leur avoue son secret. Qu'il comprenne que ce soit impossible entre eux. Mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Quand elle avait su, elle lui avait dit que si elle n'était pas elle-même, si elle n'avait pas toujours aimé les autres filles alors ce serait sûrement de lui qu'elle se serait éprise. Wallace aimait quand elle prononçait ce mot. Valeria ne tombait pas amoureuse. Elle s'éprenait d'une personne.

- Si j'étais une fille comme les autres, j'aurais sûrement aimé le fait que tes épaules soient larges et que ton dos soit musclé. Ton sourire aussi, tu as un sourire craquant. Et des yeux qui brillent. Les filles aiment les yeux qui brillent.

- Qu'est-ce que tu aimes chez les filles ? lui avait-il demandé en souriant, parce que ses mots lui avaient fait plaisir.

- J'aime celles qui ont de l'esprit. Qui peuvent parler de littérature, d'art et de comics. Pourquoi pas de sport aussi. J'aime les filles qui m'apprennent des choses. Et qui n'ont pas besoin d'être différentes pour se faire remarquer. Les filles qui ont une beauté pure. Celles qui sont belles sans l'être vraiment. Tu vois ?

- Je vois totalement. il l'avait prise dans ses bras et elle lui avait rendu son étreinte.

Mais Wallace n'était pas celui dont elle était le plus proche. Parfois, il suffit d'un regard pour savoir que l'on va s'entendre avec quelqu'un. Que cette personne nous complétera. Juste un échange de coup d'œil avait suffit à Thorton Morton et Valeria Stoesser pour savoir qu'ils avaient attendu l'autre pendant toute leur vie. C'était un coup de foudre. Pas amoureux mais amical. Wallace avait souvent été jaloux de ce lien qu'il n'arrivait pas vraiment à comprendre. Mais il ne pouvait pas leur en vouloir. De toute manière, dès que Valeria accompagnait la voix de Tommy avec sa basse, le monde entier comprenait; ils étaient uniques ensemble. C'était étrange. Peut-être un peu dérangeant. Mais c'était eux.

Quand les rires cessaient et que Valeria avait disparu pendant un trop long moment, chacun retournait de son côté, attendant la prochaine répétition. La jeune fille remettait alors sa tenue en place, faisait de l'ordre dans sa coiffure et revêtait sa posture d'élève brillante de Sainte Bathilde. Elle retournait dans sa chambre et Bettina ne demandait rien. C'était comme cela depuis des années. Mais ce soir-là, quand elle revint dans sa chambre, le côté gauche de la chambre, qui appartenait à sa colocataire, était complètement vide. Pourtant elle l'avait vue, quelques heures auparavant. La jeune fille se mit en tête d'aller chercher son amie mais sur le chemin elle tomba sur quelque chose de plus intéressant. La nouvelle était là, une jupe à sa taille et démaquillée, entourée par les autres élèves. Normalement, de tels rassemblements étaient interdits mais techniquement l'année scolaire n'avait pas encore débuté et les surveillantes n'étaient pas toutes arrivées. Alors personne ne viendrait les déranger.

Valeria rejoignit Julie, une fille de sa classe, et lui demanda ce qu'il se passait.

- Piper a posé une question à la nouvelle et elle l'a snobée. Tu connais Piper. Elle veut absolument des excuses.

- Ah. Piper est têtue. Je ne vois pas à quoi ça lui sert d'embêter la nouvelle avant même que les cours aient commencé.

- Elle veut asseoir son autorité, j'imagine. Qu'est-ce que tu fais là au fait? Ça te ressemble pas de sortir avant le repas.

- J'avais prévu de raconter mes vacances en Italie à Bettina. Sauf qu'elle n'est plus là. Il ne reste plus aucune de ses affaires. Par hasard, tu ne saurais pas où elle peut être passée ? la jolie blonde qui lui faisait face secoua la tête mais ajouta tout de même.

- Tu devrais aller voir Suzy, elle n'a pas bougé de l'après-midi, elle aura bien entendu quelque chose !

Valeria acquiesça, remercia Julie et partie retrouver Suzanne. Mesurant à peine un mètre cinquante, dotée de lourdes boucles de jais et d'un regard perçant, Suzy était une sorte d'oracle. Pas qu'elle soit dotée de pouvoirs surnaturels ou quoi que ce soit dans ce genre, loin de là. Non Suzy avait juste une ouïe fine et une excellente vue. Elle avait toujours vent de toutes les rumeurs avant même qu'elles ne naissent. Et, pour le plus grand malheur de Valeria, ce talkie-walkie humain était sa voisine.

Au départ, quand le groupe de musique venait de se fonder, cela avait été très compliqué pour Valeria d'échapper au radar de Suzanne. Elle l'avait donc caressée dans le sens du poil tout en lui racontant quelques petits mensonges sans conséquences pour expliquer ses longues absences. Suzy était douée pour repérer les choses mais pas forcément pour les comprendre. L'histoire de Valeria n'avait alors laissé aucun soupçon naître chez la jeune fille qui l'avait exclue de ses rumeurs et compagnies.