Hors d'atteinte

one shot Haikyuu!! incomplet


Tout le monde connaissait le nom Akaashi. Famille prospère et réputée pour leur perfection. Il y avait Keiki, le fils prodigieux, le miracle. Et il y avait Keiji, le second, celui qui faisait tout ce qu’il fallait mais qui n’était jamais à la hauteur.

Beau sous toutes les coutures, jamais aucun un pli sur son uniforme, jamais aucune boucle noire ne dépassant de sa coiffure, jamais un pas de travers, un mot de trop. Akaashi Keiji était parfait. Idéal. Il aurait pu facilement faire la fierté de ses parents. Toujours le premier en tout, sauf à la naissance ; toujours le meilleur partout, sauf à la maison. Quand on a un enfant parfait, on estime mériter d’en avoir deux. Son frère aîné était comme lui mais mieux encore. Parce qu’il avait l’avantage de l’âge et l’expérience des enfants glorifiés. Keiki n’avait que trois ans de plus que son cadet mais il ne perdait jamais l’occasion d’agir comme si la différence était supérieure. Et leurs parents ne manquaient pas de le leur rappeler.

Akaashi. Keiji. Il avait à peine quinze ans quand il comprit que ce à quoi l’avaient destiné ses parents n’était pas ce dont il rêvait. Malgré les prix, les médailles et les trophées, il n’était pas heureux. Parce qu’il était toujours seul. Son frère avait quitté le nid familial pour rejoindre une université d’élite et ses parents, travailleurs, ne rentraient que rarement à la maison. Et quand ils étaient là, ils renvoyaient ses erreurs à leur fils cadet. Violents en mots, violents en gestes. Mais Akaashi n’avait aucune porte de sortie. Allant de collège privé en lycée privé en université privée comme son frère, il traversait les épreuves seul, sa peau couverte de traces indélébiles.

Le jour de ses vingt-deux ans, son frère mourut. Accident tragique de la route. Drame terrible. C’était injuste, inattendu, incompréhensible. Oh comme Keiki était bon et honnête et comme il lui restait encore tant de choses à accomplir ! Sa famille était en deuil et lui ne parvenait pas à verser une seule larme. Durant la veillée funéraire, il entendit deux de ses tantes souffler qu’il aurait dû mourir à la place de Keiki. Et tant de regards étaient fixés sur lui. Ils scrutaient ses moindres faits et gestes, attendant qu’il s’effondre pour se jeter sur lui. Meute de loups affamés.

Mais Keiji avait appris à être parfait en toutes circonstances. Et ce jour-là, sa seule erreur fût de ne pas remarquer la bande d’inconnus qui avaient rejoint les obsèques de son frère aîné.