Light a candle

fanfiction Haikyuu!! incomplète, 1 chapitre


Si on lui avait posé la question, Tsukishima Kei ne se serait probablement pas gêné pour exprimer son mépris envers le commerce de son père. Il aurait développé sa pensée en plusieurs parties, pointant du doigt tout ce qui faisait du travail familial une mauvaise idée. Il aurait sûrement utilisé un PowerPoint, des fiches colorées et des animations osées pour appuyer ses arguments. Mais personne ne lui demandait jamais son avis. Et il se retrouvait donc à ruminer dans la réserve parce que, de tout le magasin, c’était l’unique endroit où il pouvait trouver calme et sérénité. Le fait que ses trois collègues soient pénibles n’aidait en rien à attiser la flamme d’ennui qui brûlait en lui dès qu’il mettait les pieds dans la boutique.

Son père s’était lancé dans la fabrication de bougies artisanales à l’âge de huit ans à peine. Rien d’exceptionnel. Un membre éloigné de la famille, ne sachant pas quoi lui offrir pour son anniversaire, lui avait acheté un kit pour faire des bougies maisons. Nombreux sont les enfants qui, durant leur jeunesse, reçoivent des cadeaux dans ce genre. Peu sont ceux qui y prennent tant de plaisir qu’ils décident d’en faire leur carrière. Le père de Tsukishima faisait donc partie de la deuxième catégorie. Et il était doué. Incroyablement doué. Les gens du milieu l’admiraient et venaient de loin pour acheter ses œuvres comme il aimait les appeler bien que son fils cadet trouve cela présomptueux. Après des années passées à créer les plus belles bougies, il avait décidé de monter un commerce. Une simple affaire au premier abord mais qui regorgeait de ses trésors. Bougies de toutes tailles, de toutes formes, de toutes senteurs regroupées en un même sein. Le musée ultime pour le travail de toute une vie. Et puis la taille de la bicoque s’était agrandie, passant d’une unique pièce à une jolie boutique sur deux étages dans une rue timide mais fréquentée et accueillante.

Occupé à confectionner des nouvelles bougies pour être sûr de ne jamais en être à court, monsieur Tsukishima avait d’abord engagé son fils aîné pour tenir l’affaire familiale. Mais celui-ci vieillissant avait fait comprendre à son père qu’il ne pourrait pas continuer à s’en occuper. Suite à cela, le paternel eût une idée merveilleuse : engager des étudiants ! S’ils travaillaient à temps partiel il pourrait en engager plus pour moins de coûts. Kei, qui était parvenu à rester éloigné de cette histoire pendant très longtemps avait finalement fini par se faire piéger, un tablier autour de la taille et la mine agacée, à devoir instruire les premiers employés de son père.

D’abord, il y avait eu Kuroo Tetsurou. Il était tombé sur l’annonce par pur hasard et, amusé ainsi qu’appâté par le salaire alléchant, il s’était retrouvé engagé dans la minute. Commençant par travailler les lundis et jeudis pour jongler avec l’université, il avait augmenté son pourcentage petit à petit jusqu’à devenir employé à temps plein et manager du magasin après avoir fini ses études. Kei se demandait souvent s’il n’était pas un toqué des bougies comme son père ou simplement un pyromane.

Le second employé s’appelait Akaashi Keiji. Différent en tous points du premier, celui-ci partageait tout de même une histoire semblable. Annonce découverte par hasard, embauché immédiatement et à temps partiel, il était désormais en dernière année d’université et travaillait trois jours sur cinq, ceux-ci changeant de temps en temps pour coller à ses horaires.

Et puis, le dernier petit nouveau mais le deuxième plus âgé, Bokuto Kotarou, une connaissance de Kuroo qui cherchait désespérément un emploi pour subvenir à son rythme de vie erratique. Il cumulait plusieurs petites activités qui lui assuraient un revenu pécuniaire mais pas assez pour vivre convenablement. Hélas pour lui, monsieur Tsukishima, ne pouvant pas se permettre d’engager trois employés, lui avait proposé une place de stagiaire. Il recevait un salaire moins conséquent que Kei et Akaashi pour la même charge de travail. N’importe qui sain d’esprit aurait refusé une telle entourloupe. Mais Kei avait vite compris que Bokuto n’était pas une personne très nette.

Si on lui avait posé la question, Tsukishima Kei ne se serait probablement pas gêné pour critiquer ses collègues. Parce que c’était une teigne et qu’il détestait ce travail et ne comprenait pas comment quelqu’un pouvait se lever du bon pied le matin en sachant qu’il le mènerait jusque-là.

Adossé contre le comptoir du rez-de-chaussée, Kei laissa échapper un lourd soupir. Directement, la main de Tetsuro vint claquer sa nuque et quand il se retourna pour lui lancer un regard indigné, le manager lui offrit son plus large sourire sadique. C’était un jeudi soir et la boutique était vide. Pas que la clientèle soit beaucoup plus présente en journée mais à ce moment-là, elle était particulièrement absente.

- Sois plus souriant, Tsukki ! Ne t’étonnes pas que les clients n’osent pas rentrer s’ils te voient avec cette tête ! Le blond ne prit même pas la peine de répliquer quelque chose et reprit sa position initiale, avachi sur le comptoir, les bras croisés et la tête posée dessus en direction de la caisse enregistreuse. Comme ça, il tournait le dos à Kuroo mais aussi à la plus grande partie du magasin. Il détestait ce travail. Mais il avait besoin d’argent et son père étant le gérant cela lui permettait aisément d’arranger ses horaires avec ses cours à l’université si besoin.

Depuis toujours, il baignait dans le milieu des bougies. Son père ayant développé sa passion pour la bougie artisanale au plus jeune âge et en ayant fait sa passion en plus de son métier, il avait naïvement rêvé de construire une grande industrie pour ensuite la transmettre à ses fils. Mais ni Kei ni Akiteru n’étaient mordus de bougies. Kei avait même fini par développer une aversion totale pour elles, quelle que soit leur forme ou leur odeur, la simple idée d’une bougie l’agaçait au plus haut point. Mais quand son frère avait été contraint d’arrêté de travailler à temps plein dans la boutique pour faire quelque chose de concret avec sa vie, Kei avait finalement accepté d’aider son père. Ce dernier, en plus d’engager son fils cadet à temps partiel, avait aussi fait passer une annonce dans le journal local pour un deuxième poste. C’est ainsi que Kuroo s’était retrouvé engagé sur le champ sans même n’avoir aucune expérience dans le milieu de la vente ou des bougies. Mais il était charismatique et disponible et à la fin de ses études s’était vu proposer le rôle de manager. Si monsieur Tsukishima avait mené ne serait-ce qu’une petite enquête sur lui il aurait sûrement découvert bien rapidement que Kuroo portait un passé de pyromane…

A la suite d’une nouvelle annonce, deux ans plus tard, c’est Akaashi qui rejoignit l’équipe. Très différent de Kuroo en terme de caractère, il fit quand même preuve de beaucoup de qualités que Kei se ferait un plaisir d’énoncer à quiconque le lui demanderait. Bon travailleur et sérieux, il était la pierre angulaire de leur petit trio. Et se montrait toujours très compréhensif avec Bokuto, leur stagiaire et dernier venu dans la boutique. Ami de Kuroo, c’est ce dernier qui réussit à convaincre le père de Kei de l’engager, au moins pour une petite durée. Celui-ci, au goût de Kei, était le pire des trois. Il semblait toujours être de bonne humeur et sa voix portante ainsi que son énergie débordante avaient le chic pour irriter le blondinet.

- Aller, Tsukki, offre-moi un sourire ou je vais être malheureux jusqu’à la fin de mes jours ! Tetsuro fit semblant de pleurnicher avant de se pencher par-dessus lui, le coinçant entre son torse et le comptoir. Le noiraud glissa ses bras autour du corps de Kei et vint coller sa tête à côté de la sienne.

- Tsukki, Tsukki ! Un petit sourire pour moi !

- Va-t’en. Grogna le blondinet en tentant de se débarrasser de lui. Mais le manager était doté de bras musclés et d’une détermination à l’agacer à toute épreuve.

- Laisse-le, Kuroo-san, il pourrait se plaindre à Tsukishima-san que tu le harcèles sur le lieu de travail et tu te retrouverais au chômage. Même sans le voir, Kei reconnut la voix sereine de Keiji. Il entendit ses pas se rapprocher à mesure que Kuroo se détachait de lui.

- A quoi bon travailler avec mes petits amis si je ne peux pas les câliner ? Le blond lança un regard noir à Tetsurou qui faisait mine de pleurer à chaudes larmes. Akaashi sourit doucement et lui pinça affectueusement la joue avant de se tourner vers Kei et de se glisser contre son corps machinalement, le poussant un peu contre le comptoir.

- J’ai vérifié tous les stocks, Kuroo-san, il ne manque rien. Je dîne avec grand-mère ce soir, est-ce que je peux vous laisser fermer le magasin ou vous avez encore besoin de moi ?

- Oui, ô Akaashi-san, tu peux aller manger avec ta fantastique grand-mère ! Et dis-lui bonjour de ma part !

- Merci, Tetsu. Toujours souriant, le plus petit des trois glissa ses lèvres sur celle du manager pour un baiser chaste et reparti à l’arrière du magasin où se trouvaient les vestiaires et la salle des stocks. Une fois que la porte fut refermée derrière lui, Kuroo braqua à nouveau son attention sur Kei et vint prendre la place de Keiji, contre son torse.

- Tsukki ! Câline-moi ! S’il te plaît !