L’air du matin était frais malgré qu’on soit déjà presque en été. De rares nuages se baladaient paresseusement dans le ciel et le soleil, tout aussi las, brillait sans véhémence. C’était une journée normale à Ba Sing Se. Les étudiants à l’Université centrale ne se pressaient pas de rejoindre leurs amphithéâtres. Quelques-uns retrouvaient leurs amis et camarades sur les pelouses. D’autres avançaient la tête baissée, de la musique dans les oreilles. Mais au Jasmine Dragon, c’était une bonne journée.
Les clients se pressaient devant les portes du meilleur salon de thé de la capitale pour être sûrs d’avoir leurs boissons avant le début des cours. Et derrière le comptoir, Azula, la nièce du gérant, roulait fortement des yeux. Un idiot venait de passer une commande excessivement compliquée et il ne faisait que la modifier. Elle le connaissait de vue car il leur rendait régulièrement visite mais elle ne retenait jamais son nom. Ça, c’était plutôt le truc de Zuko. Pour un type à la face défigurée, il possédait une mémoire visuelle plutôt hallucinante. De toute manière, elle s’en fichait. Elle devait juste transmettre la commande à son frère. Mais ce dernier pouvait être si lent... Ça la rendait folle. Et, bien évidemment, pour épicer le tout, la queue s’allongeait à vue d’œil. La jeune femme pouvait entendre les râles des clients derrière l’idiot au chignon et aux biceps exagérément gonflés.
- Bon, est-ce que vous vous êtes décidé ? Sinon, je vous propose de vous mettre sur le côté pour laisser les autres passer commande. Elle s’était efforcée à parler poliment et en souriant, comme lui avait appris son oncle, mais avec elle ça sonnait toujours faux et froid. Tant pis, ce type l’agaçait et elle voulait qu’il le sache.
Baissant son regard bleu dans sa direction et l’éblouissant avec un sourire tout en dents, le client secoua la tête avant de s’exclamer plus que joyeusement :
- Mettez-moi la même que d’habitude !
C’était une blague. Il fallait que ce soit une blague. Il ne prenait jamais la même chose. Jamais. Azula s’apprêtait à répliquer quelque chose de cinglant quand une main vint se poser sur son épaule. Son frère la tira légèrement en arrière et lui fit signe de finir la boisson dont il s’occupait. Avec un roulement exagéré des yeux elle s’exécuta tandis qu’il prenait sa place derrière le comptoir.
- Hey. Salut, Sokka. Il offrit un sourire au client qui se tenait devant lui. Il venait chaque jour et pourtant, chaque jour Zuko avait l’impression qu’il était plus beau que le précédent. C’était légèrement déconcertant.
- Hello Zuko ! Dieu merci, tu es là ! J’ai bien cru que ta sœur allait me tuer ! Le barista rit doucement à la remarque et secoua la tête, faisant voler légèrement sa queue-de-cheval basse sur sa nuque. Ce geste fit glisser quelques mèches de cheveux noirs sur son front et il les repoussa du dos de la main avant de reprendre le gobelet qu’Azula avait abandonné sur le comptoir.
- Alors, qu’est-ce que tu veux ? Demanda-t-il, retirant le capuchon de son stylo. Sokka se pencha dans sa direction, toujours le même sourire charmeur plaqué sur son visage. Cela faisait une semaine qu’il ne s’était pas rasé et un petit duvet se trouvait sur son menton.
- Ton numéro ?