Evasion

one shot Alice au Pays des Merveilles/Peter Pan incomplet


« – Alice, cesse donc de rêvasser et viens m'aider à préparer le dîner ! » alors que j'observais le ciel par la fenêtre, Maman me tire de mes pensées. Je me lève de la couchette et la rejoins dans la cuisine. Je n'aime pas m'occuper des tâches ménagères. Je préfère lire à l'ombre du chêne dans le jardin en compagnie de Dinah ou jouer aux pirates avec Jean et Michel... Mais je suis une fille et, d'après Papa et Maman, les filles ne font pas ce genre de choses. C'est dommage, j'aurais tant voulu naître dans un autre monde... Ou d'une façon différente. Si j'avais été un garçon, je ne serais pas en train de mettre la table mais plutôt en train de courir dans le jardin ou de jouer avec mon épée de bois.

« – Alice ! » je tourne la tête vers Maman avant de me rendre compte que je reposais en boucle la même assiette à la même place.

« – Désolée... » elle me sourie puis me caresse le crâne.

« – Allons, je pense que je pourrai me débrouiller seule pour finir de préparer le dîner. Va donc voir si tes frères vont bien dehors ! » son clin d'œil me réconforte et je me hâte de sortir dans le jardin où Michel et Jean jouent aux pirates.

« – Les garçons ! Je peux jouer avec vous ? » ils me jettent un regard comme si j'étais complètement aliénée.

« – Bah non ! Les pirates c'est pour les garçons, Alice ! » sérieusement ? Mais... J'aurais pu être une fée ou une sirène ! J'en ai ras-le-bol de ne jamais pouvoir faire ce que je désire...

Je m'installe sur une couverture au pied du chêne et ouvre un de mes livres favoris. Il raconte l'histoire d'un garçon s'appelant Peter Pan et vivant au pays imaginaire. C'est une histoire que j'affectionne beaucoup car c'est la seule qui me permet de m'évader de cette vie fade et sans goût... Alors que je termine le chapitre 2, Dinah, qui dormait jusque-là sur mes genoux, saute et se met à courir vivement. Mais que fait-elle donc ? C'est alors que je repère sa proie: un énorme lapin blanc muni d'un blouson et d'une montre à gousset ! Mais, que se passe-t-il ? Oh, ce doit sûrement être une mauvaise blague de mes frères ! D'ailleurs, eux aussi s'y sont mit; le pauvre lapin se débat dans les bras de Michel et, par pur miracle, parvient à s'en échapper et saute dans un large trou au bord des buissons. Michel pleurniche et tente de le rattraper. Sauf qu'il tombe la tête la première dans le terrier. Jean pousse un cri et essaie de le rattraper mais tombe à sa suite. Toute affolée, je me jette alors à l'intérieur pour essayer de les retrouver.

Ce face à quoi je me retrouve m'empêche de respirer l'espace de quelques secondes. Moi qui m'attendait à finir dans un terrier de lièvre, j'ai atterrit dans une énorme galerie. Elle doit bien faire trois mètres de diamètre et je n'en vois pas la fin. Je suis en train de tomber. Mais pas une chute brutale, rapide, non; ça a quelque chose de reposant. Je file doucement vers le bas de cette galerie, entourée d'objets les plus farfelus. Il y a plusieurs chaises très jolies, des théières ébréchées, des tasses dans le même état et des tas et des tas de chapeaux tous très différents. Il n'y en a pas deux semblables ! Je m'en saisi d'un au vol et le regarde de plus près; c'est un haut-de-forme recouvert de pleins d'objets qui n'ont rien à faire sur un chapeau. Il y a des cartes de jeu, des clés, quelques plumes, des petites banderoles et même un hameçon ! Mais je n'ai pas le temps de m'extasier plus car soudainement, la vitesse augmente et la tranquille balade se transforme en chute vertigineuse. Je me sens happée par le sol et le voit se rapprocher à une vitesse affolante; je crois que j'ai peur.